𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐞𝐮𝐱

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Lorsque Hajime entend son réveil sonner ce matin, il sent déjà que sa journée va être catastrophique. Entre la nuit absolument désastreuse qu'il vient de passer – se coucher à pas d'heure pour finir son chapitre est une très mauvaise idée qu'il ne refera pas de sitôt –, la sonnerie criarde qui a résonné durant dix minutes avant qu'il ne daigne enfin à sortir de son lit, la froideur installée dans sa chambre le prenant en dix secondes à peine ainsi que l'interrogation d'anglais qui se profile à l'horizon, l'adolescent ne sait plus où donner de la tête.

Hésitation. Retourner se coucher serait une très bonne idée, très agréable. Pourtant, il peut très bien imaginer sa mère lui hurler dessus parce qu'il aurait sécher les cours. Un soupir. En une quinzaine de minutes, le voilà préparé qui descend rapidement les marches tout en restant absolument silencieux. Ne pas réveiller sa génitrice est toujours l'objectif numéro un. Rester silencieux, ne pas être brusque, ne pas montrer ses émotions devant elle. Tant de règles qu'il a désormais ingéré et qu'il connaît par cœur, si bien que les gestes qu'il effectue sont teintés d'une grande fluidité.

Petit-déjeuner englouti, la cuisine rangée comme si personne ne l'a utilisée, la porte d'entrée se referme derrière lui et le basané soupire encore. Qu'il fait froid, encore. C'est tellement désagréable de sentir les picotements de sa peau glacée. Peut-être aurait-t-il dû prendre une écharpe et des gants mais encore faudrait-il en avoir. Tant pis. Ses mains s'enfoncent dans les poches de son manteau d'hiver et ses jambes accélèrent. Le lycée n'est qu'à une dizaine de minutes de chez-lui alors il se dépêche de rejoindre le portail de fer. Quelques élèves sont déjà présents mais aucun de ceux qui l'intéressent. Soupir, comme à son habitude. Une légère buée lui échappe au passage.

Une quinzaine de minutes plus tard, Hajime est assis sur sa chaise, un livre entre ses doigts rougeâtres et rongés. La première fois que Hanamaki a remarqué l'état de ses mains, il y a de ça plusieurs mois, les questions ont fusé au même rythme que l'inquiétude de ce dernier s'est agrandie. Le concerné l'a simplement envoyé paître un peu plus loin, affirmant qu'il y a des travaux chez lui et qu'il aide donc régulièrement dans la semaine. Et même si son camarade aurait aimé aller plus loin, il n'avait pas insisté, sachant au combien Iwaizumi détestait qu'on s'occupe de ses affaires. Pourtant, le lycéen n'a jamais arrêté de garder un œil sur lui, prêt à intervenir si jamais. Mais le brun se comporte comme un véritable mur, ne laissant quasiment rien paraître sur son faciès. Du moins, hormis lorsqu'il se sent dépassé par les événements, comme lors de la discussion au self il y a deux semaines.

Oui, déjà une semaine qu'Oikawa a intégré l'établissement et il faut dire que la présence de ce dernier a quelque peu modifié les habitudes des lycéens. La première impression qu'a eu Hajime à son égard s'est légèrement confirmée suite aux nombreuses rencontres avec son groupe d'amis. Mais jamais il n'aurait imaginé avoir une personne si confiante, si expressive en public. A cette pensée, l'ombre d'un sourire s'affiche sur ses lippes. Le nouveau est plus que surprenant, son entrain naturel ainsi que sa langue bien pendue ayant littéralement ébranlé sa classe dès son quatrième jour en ces lieux. En effet, alors que l'un des garçons populaires de sa classe, Ito Yoichi, a lâché d'une voix forte que les personnes n'appartenant à aucun club sont des cas sociaux – une petite pique destinée indirectement à Iwaizumi, le châtain n'a même pas laissé le temps au concerné de réagir, répondant que, contrairement à ce qu'il désigne comme des cas sociaux, lui voit plutôt l'absence de club comme la volonté de se concentrer sur les études, choses qu'Ito devrait faire vu le vide habitant sa boîte crânienne, le tout accompagné d'un ton moqueur et d'un regard menaçant. Un silence pesant a régné dans la salle et Hajime s'est contenté de soupirer discrètement, quoique surpris par la scène. Cela n'a pourtant pas empêché le châtain de rencontrer et d'échanger avec ses camarades de classe, bien au contraire, mais ce dernier se tourne toujours finalement vers son voisin de table pour discuter avec lui.

𝑭𝒂𝒄̧𝒂𝒅𝒆 | 𝑖𝑤𝑎𝑜𝑖Où les histoires vivent. Découvrez maintenant