𝑭𝒂𝒄̧𝒂𝒅𝒆 | 𝑖𝑤𝑎𝑜𝑖

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐬𝐞𝐢𝐳𝐞

Cinq jours plus tard, Hajime est devant l'un des cafés du centre-ville, planté face à l'entrée en cherchant un brin de courage pour oser passer la porte. Il s'est habillé de façon plutôt formelle suite à la demande incessante de son petit-ami, un pantalon noir et un col roulé de la même couleur. Le haut cache les marques autour de son cou et la fine couche de fond de teint atténue les bleus présents sur son visage. Hormis les coupures, on ne pourrait pas forcément penser qu'Hajime a été hospitalisé pour coups et blessures quelques jours auparavant. C'est ce qu'il a voulu pour éviter d'attirer la pitié des personnes qu'il croise, en particulier son paternel qui se trouve à l'intérieur du bâtiment, installé à une table située à côté de la fenêtre.

Pour être honnête, cette rencontre ne lui provoque pas forcément un bonheur intense mais une grande appréhension. Lorsqu'il est finalement sorti de l'hôpital, c'est la famille de son copain qui l'a accueilli, veillant à ses soins et son bien-être, le chouchoutant comme il ne l'a jamais été depuis des années. Et puis, la question de son avenir s'est posée et ce sujet est tombé. Il a d'abord hésité à refuser lorsque le père de Tooru lui a annoncé qu'il avait le numéro de téléphone de son géniteur et qu'il pouvait donc le contacter. Les arguments de son petit-ami à ce sujet en plus de sa ténacité ont néanmoins fini par le convaincre d'accepter une rencontre. Quelques messages échangés – ce qui fait toujours bizarre au brun – et le rendez-vous a été fixé. Dans un lien public en journée, avec la possibilité d'appeler Tooru en cas de problème. Cependant, maintenant qu'il est devant la situation, son envie soudaine de tout arrêter et d'annuler au dernier moment refait surface. Et puis Hajime entend – ou plutôt imagine – la voix de son copain qui le gronde et il grimace. Vas-y, t'as déjà cinq minutes de retard.

Une grande inspiration et le voilà qui entre enfin dans le café. Le lycéen salue poliment les employés puis il se dirige vers le fond de la salle où il aperçoit un homme lui offrir un signe de la main. Son cœur bat à toute vitesse, sa gorge se noue de stress mais il avance, rompant les mètres qui le séparent avec son père. Quand il s'arrête, près de la table, Hajime ne sait pas trop comment réagir. Cela fait plus d'un an qu'il n'a pas vu cet homme et il ne peut s'empêcher de trouver qu'il a énormément changé. Déjà, il a pris en âge avec ses quelques mèches grisonnantes, les rides aux coins de ses yeux. Mais surtout, le plus jeune croit ne jamais l'avoir vu aussi rayonnant. L'air fatigué qu'il avait les mois avant son départ a été remplacé par un sourire éclatant, ses vêtements auparavant vieillots sont désormais plus classes. Avoir quitté sa mère a-t-il été si libérateur pour lui ?

« Bonjour Hajime. » Déclare-t-il en se levant.

L'homme s'approche et sans que l'adolescent n'ait pu prévoir, il se retrouve serré dans ses bras. Il ne répond cependant pas à son étreinte, bien trop mal à l'aise. Son géniteur n'en tient visiblement pas rigueur puisqu'il se rassoit avec un immense sourire, l'invitant à faire de même.

« Je suis heureux de voir que tu m'as contacté.

- Pour être honnête, j'ai failli ne pas le faire. Hajime mordille nerveusement sa lèvre inférieure.

- Je me doute. Hayato attend quelques secondes avant de demander. Tu veux boire quelque chose ?

- Un chocolat chaud », répond-il après un temps de réflexion. Il pourra faire mine de siroter la boisson si c'est trop gênant.

Son paternel interpelle rapidement un serveur et donne la commande. Hajime est impressionné à agir comme si de rien n'était malgré cette situation plus que nouvelle. Ses pupilles remarquent néanmoins quelques tremblements aux doigts, signe que l'homme en face de lui est tout de même stressé. Bien fait. C'est peut-être un peu – voire beaucoup – gamin de sa part mais le brun ne peut s'en empêcher. Autant mettre son vis-à-vis à l'épreuve. Alors il n'engage pas la conversation et attend que le concerné se lance, bras croisés sur son torse.