Academy - Recueil OS

Partie II - VHope [T]

-newborn love, atypical, art, photograph

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Taehyung était transcendant, dans sa définition la plus littérale.
Une beauté éthérée, divine et lumineuse.

Cependant, si une lumière brille, elle brûle aussi.

Taehyung était capricieux, tel un enfant gâté.
Et il l'était, par la nature, par ses dispositions.

Pourtant, autant qu'elle nous brille et nous brûle, la lumière est solitaire et lointaine. Dans son monde, dans sa bulle, Taehyung était aussi tangible et réel qu'insaisissable et inatteignable. 

Le noiraud était doué, incroyablement doué, en musique, en lettres, à parler toujours plus pour en dire toujours moins... Qui était-il réellement, le jeune Kim Taehyung ? 
On ne le savait pas, et on ne voulait pas le savoir, car le mystère nourrissait le mythe, renforçait ce pseudo-univers parallèle que tout à chacun nourrissait et entretenait.

Tout le monde connaissait Kim Taehyung, mais personne ne le connaissait vraiment. Tout le monde le côtoyait sans le côtoyer, lui parlait sans réellement échanger, le comprendre. Il s'agissait de Kim Taehyung, ni vraiment méchant, ni vraiment gentil.

Une divinité capricieuse, déconnectée de la réalité, bien éloignée du commun des mortels.

***

-On dit qu'il vient d'une famille de paysans...

-Non ! Impossible, il est bien trop...

-Je t'assure que si !

Ses doigts voyageant sur les nombreuses reliures des livres de la bibliothèque, il murmurait pour lui-même une mélodie sur laquelle il travaillait depuis quelques jours. Cherchant, en vain, un éclair de génie, une illumination artistique comme il en avait parfois sept dans l'heure, il errait là sans but précis.

Son index s'échoua sur un livre au hasard, et il s'en saisit avant de regarder la première de couverture. Vie à vendre, Yukio Mishima, 1968.

Il s'agissait de la version originale, donc en japonais, et probablement datant de la première série de publication vu l'état du bouquin. Il lisait habituellement de la poésie, en japonais, pourtant il fut intrigué par ce Yamada Hanio, las de la vie au point d'en vendre la sienne.
Lui était loin de cette lassitude, l'Homme le lassait plus que la vie en elle-même qui, malheureusement, n'y pouvait rien. Elle n'était pas responsable de ces enfants-là, surtout alors que d'autres se développaient et s'épanouissaient bien plus remarquablement.

Pourtant, l'Homme n'a pas tout raté, en réalité. Il y a l'Art, après tout, et Taehyung ne vit que pour celui-ci.

-Moi, j'ai entendu dire qu'il était orphelin...

-Oh, toi aussi ! On m'a aussi dit qu'il avait fait plusieurs séjours en clinique psychiatrique, si tu vois ce que je veux dire...

-Sérieux ? Je me disais bien qu'il semblait trop parfait...

Quittant la bibliothèque d'un pas léger, il croisa Jungkook dans les couloirs et l'entraîna avec lui dans la forêt.

-Je... Non, j'ai du travail... Je suis censé rejoindre Dongmin et Yugyeom en 17 dans cinq minutes...

-Jungkook, je t'en prie ! Tes sciences peuvent bien attendre, elles t'attendront, ne sont ni changeantes ni aléatoires ! L'Art l'est, et j'ai besoin de toi, maintenant.

Son camarade était incapable de lui refuser quoique ce soit. Ils n'étaient pas particulièrement amis, mais le plus jeune savait que son labadens était incroyablement seul.
Enfin, le croyait-il.