Alerte spoil du livre.
Donc on est au Ministère de l'Amour, quand Winston a été arrêté.
O'Brien le torture, et cherche à lui faire accepter la doctrine du Parti, notamment en l'obligeant à renoncer à sa logique.
Bonne lecture !
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« Combien Winston ?
— Quatre.
— Qui a parlé ?!
— Moi. »
Une jeune fille apparut dans le champ de vision de Winston.
Elle souriait, refaisant sa queue de cheval.Elle ne semblait pas armée, mais son attitude désinvolte était une arme en soi, une arme contre la violence du Parti.
O'Brien avait contracté la mâchoire. Dans les caves du ministère de l'Amour, il se croyait en sécurité.
Mais dans son attitude, la peur se transforma en une rage profonde.« Qui êtes-vous, aboya-t-il, et comment êtes-vous arrivée ici ?
— Je ne suis personne. Ne cherchez pas, ce n'est pas la peine. Je n'existe pas dans les registres. Ni ceux d'Estasie, ni ceux d'Eurasie, ni ceux d'Océanie.
Je viens d'un autre endroit.» Je voulais juste dire que deux et deux font quatre. Et que le passé existe et n'existe pas en même temps. Ça dépend juste du rapport.
— C'est contradictoire, commenta Winston.
— J'avais oublié qu'ici « tous les hommes sont égaux. »
Pas de contradiction, O'Brien, je sais que ce n'est pas le cas.» C'est une formule pour symboliser qu'on tronque une phrase, un raisonnement, aussi fausses soient les prémisses. C'est en référence à la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, dont le premier article est souvent tronqué ainsi, notamment dans les dystopies et autres œuvres de science-fiction.
Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux EN DROITS.— Le rapport avec votre affirmation précédente que le passé existe et n'existe pas ?
— Apprenez à être patient, O'Brien. Vous êtes d'accord que tout ce qui existe existe dans l'esprit ?
— Oui, évidemment.
— Alors ce qui existe dans l'esprit humain existe dans le monde, d'une certaine manière ?
— Oui, approuva Winston.
— Donc, si j'ai des souvenirs d'un passé, il existe dans mon esprit.
— Certainement.
— Sous ce rapport, donc, le passé existe.
Mais si le passé ne laisse pas de témoignages visibles, existe-t-il ? Si je suis la seule à connaître ce passé, existe-t-il ?— Je suppose que oui, murmura Winston.
— Bien sûr que non, protesta O'Brien.
— Donc, si j'ai un souvenir, et que personne ne l'a, personne n'est d'accord, ce passé n'existe pas ?
— Il n'existe pas.
— Bien. Le passé existe dans l'esprit humain, mais demeure dans la mémoire collective.
Il n'existe que si on prend « homme » au sens « humanité ».» Donc le passé existe sous le rapport de l'individualisme, et n'existe pas sous le rapport général, le seul qui compte ici.
— Vous vous êtes cassé la tête combien de temps pour trouver ça, marmotta O'Brien.
— A peine un quart d'heure, mais je ne suis pas adepte du double-penser.
D'ailleurs, vous devriez l'appliquer. Il ne doit pas y avoir de souvenirs de ma venue. Je n'ai pas le droit de changer l'histoire, mais j'aurai au moins expliqué son métier à Winston.» Et je vous aurai parlé.
» Adieu.»
Elle disparût. Et cinq minutes après, il n'y avait plus d'existence pour elle : le roman se déroulait normalement, tortures, repos, peur, trahison, libération.
Mais elle avait fait une escale intérieure, et ne le regrettait pas.
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Plus tard, au Café du Châtaignier.
« Impossible. C'est impossible. Si la guerre finit, le Parti s'effondre.
Il ne peut pas avoir gagné. Il se base sur la guerre permanente.— Mademoiselle ? Que dîtes-vous ? Vous ne croyez pas à la victoire de Big Brother ?
—Vous l'aimez vraiment, répondît-elle pensivement, vous n'êtes plus vous...Deux plus deux, ça fait combien ?
— Cinq.
— Le passé existe-t-il ?
— Non.
— Blanc ou noir ? C'est important, ajouta-t-elle en pointant la partie d'échecs.
— Vous êtes folle. Vos questions n'ont pas de sens.
— C'est vous le fou. Dommage pour votre nom. Big Brother a perdu, à cause de la surproduction.
Ça explique peut-être que le Parti ait disparut quand je naîtrai...— Je vais appeler la police, vous commettez le mentocrime.
— Appelez toujours, Winston, on est en plein devant un télécran, ils sont déjà au courant de ma déviance. Mais ils ne peuvent pas m'attraper.
» Au plaisir de ne jamais vous revoir.»
Elle sortît du café, et sembla exploser dans un nuage de paillettes.
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706 Mots + note de début.
Je signale que cet OS a écrit au moment de mon avancée dans la lecture, il est le résultat de mes réactions immédiates (sauf les trois dernières phrases).
J'ai trouvé ça intéressant de voir que je pouvais écrire une fanfic sur un classique.
Et puis le monde de 1984 est fascinant, le livre est absolument fantastique.
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Pensées Éparpillées
Non-FictionAvant (depuis 2018, nous sommes actuellement en mars 2023), ce livre s'appelait « Je.Suis.Folle!!!!😂 » Je le suis, dans le sens positif du terme, toujours. Mais... D'abord, je n'en ris plus. Ensuite, ce titre rieur et fier ne me correspond plus. Ce...