Chapitre 6 : Kidnappé par un Alien

5.8K 577 13
                                    

            Il n'y avait qu'un seul sous-sol. Par contre, il couvrait toute la superficie du Negresco. Ce qui impliquait, encore une fois, de chercher une aiguille dans une botte de foin.

            Mon pistolet au poing, j'avisais les longs couloirs blancs. Ils se ressemblaient tous. Les portes métalliques donnaient sur des chambres froides, d'autres sur les caves à vins, les gardes mangers, les réserves de draps et de linges de maison. Mais surtout, au fin fond des sous-sols, une porte était surveillée par deux hommes à la mine patibulaire.

            D'un calme propre à toutes mes missions, je pris le temps de réfléchir, plaquée contre l'un des murs. Je n'avais plus droit à l'erreur. Aussi silencieuse qu'une ombre, je me glissai dans l'une des pièces, dans le couloir parallèle à celui des gardes. Des piles de draps y étaient stockées, dans une ambiance chaude et sèche. Au milieu, des robots bas de gamme, sans visage humain, repassaient le linge propre.

            Les lunettes baissées sur mes yeux, j'effleurai une zone tactile, dissimulée sur l'épaisseur du verre. Aussitôt, des lignes clignotèrent, venant se superposer sur ma vision de la pièce. Les bords des murs étaient soulignés, mais surtout, ce qui se trouvait dans le plafond, dans le sol était exposé à ma vue. Connectée directement aux fichiers du service d'intervention, j'avais ainsi accès à toutes les cartes des lieux où je me trouvais. En l’occurrence, le Negresco n'avait plus aucun secret pour moi.

            Parfait. Un conduit d’aération passait au-dessus de moi, se ramifiant certainement dans tout le sous-sol. Il devait empêcher l’humidité de s’accumuler dans les pièces.

            -Vous n'avez rien à faire ici.

            Le robot repasseur me considéra, attendant une réponse. Son visage fait des fils et de barres de métal attestaient les économies faites sur le petit personnel. Je lui fourrai mon badge sous le nez ; attendant qu'il le scanne. Vu l’âge du modèle, cela prit quelques secondes. Quand ce fut fait, il se détourna, comme si j'avais été effacé de sa mémoire.

            Je grimpai sur les étagères, au milieu de la pièce. Aucun robot ne tenta de me stopper, même lorsque je saisis la grille dans le plafond. Scellée. Le courant se répandit le long de mes doigts, faisant fondre les barreaux. Je me poussais, afin d'éviter les vilaines brûlures pouvant être causées par le métal en fusion. Ma peau était modifiée, mais pas dans son intégralité, il y avait des limites !

            Me hissant à la seule force de mes bras, je me glissais dans le conduit d'aération. Les ténèbres étaient totales, néanmoins mes lunettes me permirent de me guider. Veillant à ne faire aucun bruit, je rampais, horriblement lentement. Viktor se trouvait cinq mètres après le virage. J'avais tout juste la place pour me déplacer, aussi fus-je ravie d'avoir perdu du poids. La remarque de Darius au sujet de feu mon bonnet D me revint. A sa tête de toute à l'heure, la vue devait toujours être satisfaisante. Mais j'étais vexée. Il n'avait aucun tact, le cuistre !

            Quand, enfin, j'atteignis la grille donnant sur la pièce de Viktor, je ruminais encore ma vengeance sur Darius. Les paupières plissées, je remis mes lunettes sur mon front. Là, je voyais bien mieux ce qui se passait en dessous.

            Un garde allait et venait, visiblement inquiet. Il ne cessait de regarder un brassard à son bras, sur lequel défilaient des informations, à toute vitesse. Des informations de ses comparses, peut-être. A première vue, rien d'autre. A cause de la grille, je ne pouvais pas distinguer les angles, là où Vik se tenait certainement.

            Je réitérais la manœuvre électrique sur les barreaux, prenant garde à ne pas le faire lorsque le Spirit passait en dessous. Puis je la fis glisser dans le conduit d’aération. A l'instant où le rebelle repassait, je me laissai tomber dans la pièce. Sans lui laisser l'occasion de se tourner, je lui tranchai la gorge. Consciente de l’absence d'autres adversaires, j'accompagnai le corps dans sa chute.

2. Un Agent en Tenue CollanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant