Chapitre 7 : Menaces Publiques

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            Organiser une conférence de presse en dix minutes était l'un des privilèges du pouvoir. Lavé du bleu de son déguisement, les bras croisés sur sa chemise noire, Darius avisa la foule de journaliste, derrière l’écran de lumière. Cela lui permettait de voir de l'autre côté tandis que les invités, eux, ne distinguaient uniquement des briques rouges.

            Son chargé de communication tressautait autour de lui, inquiet au possible. Avec ses cheveux rose et ses lentilles de chat, il paressait déplacé dans ce monde guindé. Car ici, nulle place pour les paillettes et les plumes de ses fêtes. Il était rare qu'il fasse une apparition en étant vêtu d'une chemise et d'un pantalon de costume tout simple. Mais pour lors, il n'avait pas vraiment le choix.

            Cela faisait, quoi ? Trente minutes qu'ils avaient récupéré Viktor ? Quarante depuis l'incident dans la suite du Negresco. Darius se frotta la tempe, le cerveau en ébullition. S'il ne se trompait pas, Vik n'était qu'un prétexte pour atteindre Alix. Elle avait passé les dernières années à enfermer les Spirits défaillants, or, Diaz était le plus fêlé du lot. Il lui vouait une haine farouche, qui pouvait bien le conduire à monter un complot aussi sordide. Mais pourquoi Viktor ? Pourquoi mettre ce gosse en plein milieu ? Et comment aurait-il pu connaître les liens entre Ronny Velvet et Alix ?

            Une seule pensée s’imposait à lui : il y avait une fuite dans son camp à elle.

            -Monsieur Trivari ? Vous êtes prêt ?

            -Bien entendu.

           Dès son entrée en scène, les caméras entrèrent en action. Tous les murmures cessèrent, pour laisser place à un silence surpris. Certains firent une drôle de mine en le découvrant en une tenue sommaire. Les femmes le lorgnèrent sans vergogne. Elles n’étaient pas les seules, d’ailleurs. Mais une fois au milieu de l'estrade, sans micro ni pupitre pour se dissimuler, il avait capté l'attention de toute la foule.

            -Mesdames et messieurs, bonjour.

            Ils lui répondirent à l'unisson, ce qui lui arracha un sourire.

            -Comme vous pouvez le voir, je ne fais pas l'objet d'un kidnapping par une quelconque femme peinturlurée en rouge. Néanmoins, je suis dans le regret de vous annoncer que je suis actuellement la cible de tentatives de meurtres.        

            Des exclamations parcourent les journalistes, des questions fusèrent. Il leva la main, en signe d'apaisement.

            -Je n'ai pas fini. Cette menace est la raison de la présence de cette femme en rouge à mes côtés. Le gouvernement m'a fait l'insigne honneur de m'attribuer l'un de leurs meilleurs éléments pour assurer ma protection. Je vous demanderai donc de cesser toutes rumeurs rocambolesques sur cette personne, tout à fait professionnelle.

            Cette fois-ci, un déluge de paroles se déversa sur lui. Il l'essuya avec l'aisance née de l'habitude, répondant du tac au tac à toutes ces questions. Sa façade de sincérité était inébranlable. Cadwall lui disait souvent que s'ils avaient le temps de jouer au poker, il serait le meilleur. Pour cause. Il était l'un des plus grands menteurs de France.

            -Mensonge.

            Le son, haut et clair, stoppa net la conférence. Un hologramme apparut devant Darius, devant les tables des journalistes. Debout, les mains dans le dos, un homme au regard fou lui adressa une expression belliqueuse, en dépit de sa transparence. Ses vêtements noirs, déchirés et ses dreadlocks lui conféraient le style typique des rebelles des vieux films. Darius avait honte pour lui. Que de clichés.

2. Un Agent en Tenue CollanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant