Chapitre 17 : Les Aveux d'un Fils

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            Il me fallut une heure pour atteindre l'appartement. Heureusement Viktor n’avait pas quitté Toulon-Sur-Air, car je ne pouvais plus employer les unités de transferts. Toutes devaient comporter mon signalement, aussi se bloqueraient-elles à mon entrée, et enverraient-elles ma localisation à la police.

            C'est donc en aeromoto que je m’arrêtais dans la rue. Il était tard, les rares passants me lorgnèrent d’un air louche. Sans même les calculer, je longeais les pâtés de maison, l'odeur de fumée et de sang collés à la peau. En dépit de ma douche au commissariat, cette fragrance envahissait toujours mon odorat. Celle du sang de Darius, répandu sur le sol bétonné de la Terre.

            Les poings serrés, j'ordonnai à mon corps de se calmer. Je ne pouvais pas voir Viktor avec des étincelles dans les mains. Remontant les marches de l'immeuble quatre par quatre, je déplorai une nouvelle fois d'avoir dû faire venir mon fils ici. Il avait l'habitude de l'opulence de la famille Velvet. Pas du foyer minable de sa mère.

            Je toquai à la porte. Trois fois, puis une, puis cinq. Dans un silence absolu, Nerys m'ouvrit, un pistolet à la main, une sucette dans la bouche. Avec ses couettes et sa combinaison de service rose, on aurait pu la prendre pour une actrice de charme. Auquel cas on rencontrait son poings.

            -Tu es...

            -Maman ! Hurla Viktor en se précipitant dans le hall d'entrée, un bonnet rouge et blanc sur la  tête. Joyeux Noël !

            Il me sauta dans les bras, me prenant un peu au dépourvu. Il n'avait jamais fait cela. Jusqu'à présent, nos relations avaient été brèves, même si pleines d'amour. Cela avait toujours été dans le cadre de la maison Velvet, sous la haute surveillance de son père. Surtout, que je ne tisse pas trop de liens avec mon enfant, qui avait découvert mon existence par hasard.

            Je le serrai contre moi, le cœur déchiré. Mon fils. La dernière personne qui comptait pour moi sur cette terre. Frôlant son front de mes lèvres, je jetai un coup d’œil à Nerys. Elle avait mauvaise mine.

            -J'ai entendu les nouvelles ! S'exclama Viktor, en se détachant de moi. Monsieur l'agent secret est mort ! Et ils disent que c'est toi l’assassin, maman !

            Il sauta jusqu'au salon, où un petit sapin illuminait la pièce. Pas de cadeaux à son pied. Je n'avais pas vraiment eu l'occasion de me pencher sur la question, à vrai dire. A côté, une vieille télévision holographique tournait, avec les photos de « Constance » Trivari, sobre et en costume. En sourdine, les présentateurs évoquaient la découverte du corps, leur incompréhension face à un tel acte de barbarie que, pourtant, il avait bien cherché avec toutes ses frasques... Je préférais ignorer ces bas commentaires. Viktor me tira par la manche, l'air inquiet.

            -Mais c'est faux ! Ce n'est pas toi qui l’as fait.

            -Non, mon chéri.

            -Vik, laisse le temps à ta mère d'arriver, fit Nerys en glissant son pistolet dans son holster de cuisse. Elle est fatiguée.

            Le petit s’arrêta. Nous regarda, tour à tour, les sourcils froncés.

            -C'est papa le responsable.

            Je me figeai, l'image de Darius gisant sur le sol s'imposant à moi.

            -Heu... Je...

            -Justement, je devais t'en parler, intervint Nerys. Ton fils est...

2. Un Agent en Tenue CollanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant