Chapitre 12 : Les Mots en "A"

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            Je me réveillai avec l'horrible image de Trivari tombant de l'aeromoto. Le cœur battant la chamade, je regardai autour de moi, désorientée. Où me trouvais-je ? Qu’est- ce que…

            Rien. Il n'y avait rien autour de moi.

            Uniquement une pièce grise, délabrée, avec une porte en bois. Sur mes pieds d'un bond, j'ignorai la douleur qui me vrilla les tempes. Ma main sur les pans rugueux du battant, je découvris du sang séché sur mes phalanges. Ha, oui. Je m'étais réveillée, à un moment donné du transfert. Il avait fallu cinq hommes et des tranquillisants pour me mettre à terre.

            Mon poing se ferma, mes mâchoires se serrèrent au point de me faire mal. Diaz avait fini par me mettre la main dessus. Avec une profonde inspiration, je repris mon inspection de la porte. Du bois, de plusieurs centimètres de profondeur. Des gonds en une matière ne conduisant pas l’électricité. Des murs en bétons. Un sol délabré. Pas de fenêtres, uniquement la lueur de néons industriels. Et... Le corps d'un homme à moitié dénudé, allongé face contre terre.

            Je n'eus pas besoin de voir les spartiates à ses pieds pour reconnaître Darius. Avec un juron je me jetai à genoux à ses côtés. Son dos était en bon état, mais je distinguai des blessures sur ses mollets, ses cuisses, ses bras... En le retournant, -il était lourd, le bougre!- je découvris son visage aux multiples coupures. Mais ce n'était pas ce qui m’intéressait. Ce que je savoir c'était s’il respirait toujours ! Penchée sur lui, mon visage à un cheveu du sien, je fixai son torse. Allez… Allez, Darius !

            Son buste se souleva, son souffle effleura mon oreille. Le soulagement m'envahit, la pression écrasante sur mon cœur se relâcha d'un coup. Vivant. Il était vivant ! Par tous les saints... J’avais cru que... Vraiment...

            -Mmpff...  grogna-t-il, ses paupières papillonnant pour faire le point. Ha, Alix... Tu es réveillée...

            -Ne fais pas celui qui m’attendait, râlai-je, en frappant doucement son torse.

            -J'étais conscient quand ils nous ont jeté ici. Ils m'ont quelque peu... Assommé.

            Il désigna le coté de son visage. Une ecchymose s'y épanouissait, signe que nous étions enfermés depuis un moment déjà. Néanmoins, il me sourit de toutes ses dents, intactes. Torse nu, uniquement vêtu de sa jupette de général romain, il ne paressait pas le moins du monde inquiété par la situation.

            -Je suis contente que tu sois entier, murmurai-je en effleurant sa joue. Mais bon sang, pourquoi les avoir attaqué !?

            -Une crise de rage irrationnelle. J'en ai assez de voir des malades mentaux s'en prendre à toi.

            -C'est naze, comme explication.

            -Oh, tais-toi ! Je t'aime, c'est une raison suffisante pour te coller aux fesses, rétorqua-t-il en se remettant sur pieds.

            Mon cerveau fut court-circuité par le mot en « a ». A tel point que je restai figée dans ma position, à genoux, les mains prêtent à le secouer comme un prunier pour son inconscience. Lui ne parut pas s'en apercevoir.

            -De plus, je n'allais pas te laisser être torturée toute seule. C'est tellement distrayant, comme activité, mieux vaut être deux pour le vivre...

            Son ironie m'atteignit à peine. Pourtant, le voir faire le tour de la pièce, tranquillement, suffit à me tirer de ma surprise. D'accord. J'allais laisser ça de côté pour le moment. Car ce n'était pas le moment, justement, de parler de choses en « a » !

2. Un Agent en Tenue CollanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant