Chapitre 15 : Au Travers des Mensonges

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            Mon esprit bloqua. Ce n'était pas possible.

            C'était ça, la vérité ? La... Les paroles de Viktor me revinrent. Il avait parlé... D'un agent secret, lui aussi. En mentionnant Trivari. Qu'est-ce que... Comment... C'était impossible…

            Pourtant, pendu au plafond, tout son corps étiré de façon inconfortable, Darius soutint mon regard. La vérité. C'était ce qu'il livrait en cet instant. Alors, je n'eus plus conscience des hommes qui me maintenaient à genoux, des rebelles, des lumières grotesques du sapin de Noël. Je ne voyais plus que lui.

            -Est-ce que tu enquêtes sur moi ? Demanda Diaz.

            Il n'avait pas l'air ravi de cette nouvelle. Rien d'étonnant à cela : qui voulait avoir un agent secret contre lui ? Darius était-il... Enfin...

            -Non, lâcha-t-il. Je travaillais sur l’enlèvement de Viktor Velvet au moment où j'ai croisé le chemin d'Alix Arsor.

            Plus personne n'osait respirer. Tous les rebelles le fixaient, cherchant à démêler les nœuds. Comment Constance Trivari, milliardaire et fêtard de son état, pouvait-il être un agent secret ? Cela n'avait pas de sens.

            -Comment ?

           -J'avais localisé un appartement avec des mouvements suspects. J'ai organisé une fête dans celui du dessous, afin de pouvoir m'approcher sans encombre. J'avais l'intention de m'introduire chez vous dans la nuit, au moment où les festivités battraient leur plein.

            Diaz semblait lui aussi médusé. Darius lui adressa un petit sourire, particulièrement amusé de son effet.

            -Quoi ? Vous ne me croyiez pas ? Vous voulez mes états de service ?

            -Depuis combien de temps travailles-tu ?

            Il prit le temps de réfléchir, nullement incommodé par le fait d’être suspendu par les poignets. Quant à moi, je ne sentais même plus mon corps, tant j’étais à l’écoute.

            -Depuis mes quinze ans. A cet âge, mon tendre père en a eu marre de moi et de mes frasques, aussi m'a-t-il envoyé dans une école militaire. J'ai fait mes classes, j'ai été sur le front. Pendant un moment, j'ai été artificier. Vers mes vingt ans, j'ai fait un coup d'éclat dans une guerre que vous ne connaissez même pas. Les services secrets m'ont approché, je suis devenu l'un de leurs hommes. Cela fait dix ans.

            -Je n'y crois pas, trancha Diaz. Tu n'as rien d'un agent gouvernemental.

            -Parce que je suis un humain normal ? Railla-t-il. Oh, mon petit Spirit... Si on montre à tous à quel point nos frasques sont énormes... Pourquoi iraient-ils chercher ailleurs ? Les tabloïds adorent raconter mes aventures sexuelles, ils n'ont pas besoin de choses de fouiller dans ma vie pour pouvoir parler de moi.

            Être sous la lumière, pour mieux cacher l'ombre qui nous habite.

            Cela me paressait tout à fait logique. Personne n'irait chercher qui il était vraiment, puisqu'il étalait sa vie publiquement, sans la moindre gène. C'était osé, mais tout à fait Trivarien. J'étais... Attendez... Il était militaire depuis quinze ans ? Dix ans dans les services secrets ?

            -Espèce d'enfoiré ! M'exclamai-je, reprenant brusquement pied dans la réalité. Tu étais déjà un soldat quand nous nous sommes rencontrés !

2. Un Agent en Tenue CollanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant