Chapitre 14 : Le Cri du Goret

3.6K 533 25
                                    

            Le coup de poing fit craquer sa nuque. Néanmoins, Darius s’en fichait un peu. Après tout, il ne ressentait aucune douleur. Oh, ça, il ne l'avait pas indiqué à ses tortionnaires. La veille ils s'étaient contentés de le frapper, de lui mettre un linge sur son visage et de verser des litres d'eaux sur lui. Bien sûr, il y avait eu d'autres divertissements, mais il c'était un peu coupé de la réalité à un moment donné.

            En remettant sa tête dans la bonne position, il regarda l'homme qui venait de le frapper. Nimbé par les lumières du sapin de Noël derrière lui, il ne faisait pas très sérieux. Ses cheveux étaient verts, son visage juvénile. Il savait les Spirits un brin... Altérés génétiquement, notamment sur le processus de vieillissement. Ce type aux allures de gosse pouvait très bien avoir soixante ans. Et puis, l’éclairage était glauque. Franchement, entre l'aeromoto rouillée et ça, les murs moisit, la lampe qui vacillait... Ils n'avaient pas de moyens, ou quoi ?

            -Vas-tu répondre à mes questions, Trivari ? Gronda Diaz, assit sur le bureau non loin.

            Darius le regarda. Ce n'était pas simple en étant attaché au plafond par les poignets. Ces derniers supportaient tout le poids de son corps, chose certainement douloureuse. Toujours vêtu de sa petite jupette de général romain, il adressa un grand sourire au psychopathe en chef.

            -Nan.

            Une heure plus tard, on l’avait décroché du plafond, pour lui arracher les ongles des mains. Même ceux de la prothèse. Ne sentant strictement rien, il mit un point d'honneur à hurler comme un goret, tout en réfléchissant au meilleur moyen d'agir. Il n'avait pas du tout l'intention de parler à Diaz. Surtout que celui occupé à le torturer n'était autre que Koll, donc le visage pâle était d'un calme souverain. Le pauvre. En acceptant ce travail, il n'avait pas dû prévoir de sévir sur un de ses amis. Tiens, il devrait refaire sa couleur. Il commençait à avoir des racines, et...

            -Vas-tu me répondre !? Rugit Diaz, en fracassant son poing sur la table.

            Darius s’arrêta en plein hurlement.

            -Non.

            Un uppercut au visage. Bizarrement, sa montre choisit se moment pour sonner. Tous les regards se tournèrent vers le petit appareil, attaché à son poignet. Les « bip » étaient sonores, très rapprochés. Mauvais signe. A ce rythme, il pouvait mourir assez rapidement. Cadwall, ton truc ne me sert à rien, là ! Songea-t-il, en roulant des yeux. Quand le risque vital devenait trop important, Aaron était alerté sur son téléphone. Il était normalement équipé d'un système de localisation, mais il l'avait désactivé des années plus tôt, par soucis de respect de sa vie privée.

            -C'est quoi ce truc ? Siffla Koll, jouant à merveille l’ignorant.

            Il arracha la montre, la jeta sur la table. Le bruit mourut, Diaz n'y accorda pas même un regard. Le coup de feu résonna à cet instant. L'oreille droite de Darius siffla un peu, tant c’était proche. Puis, à la tête de l'assistance, il réalisa qu'on lui avait tiré dessus. Dans le biceps, plus exactement.

            -Merde, mais il sent rien, ce mec !? S'exclama l'un des rebelles.

            Leur psychopathe de chef avait désormais les yeux plissés. Darius lui offrit son plus beau sourire, très peu concerné par le sang coulant à flot sur son bras. Là, il risquait vraiment de mourir.

            -Désolé. J'aurai dû vous le dire, peut-être ?

            -Bordel ! Rugit Diaz, au sautant sur ses pieds. Tu m'as fait perdre deux jours !

2. Un Agent en Tenue CollanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant