Chapitre 23

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À peine avais-je passé le seuil de la porte, que la réaction d'Andrew ne se fit pas attendre. Il m'attrapa par le bras et m'attira dans le salon, fou de rage.

- Je peux savoir où tu étais ? Tu ne peux pas partir comme ça, toute seule sans escorte ! Et s'il t'était arrivé quelque chose ?

- Ne te fous pas de moi, Andrew. Et arrête deux secondes de faire comme si tu en avais quelque chose à faire de ce qu'il pourrait nous arriver. C'est en partie de ta faute si nous en sommes arrivés là !

Je le fis relâcher son emprise, tandis que son visage se décomposait. Je le laissai là, sur place, me dirigeant vers ma chambre. Marie était allongée sur le lit, en train d'écouter de la musique tout en dessinant sur son carnet de croquis.

- Alors, tu es allée te balader où ? Je commençais à m'inquiéter, me dit-elle.

- Je ne sais pas si c'était fait exprès mais l'hôtel se situe juste à côté du cimetière où sont enterrés Papa et Maman. Tu devrais demander à Andrew de vous y escorter Agathe et toi. Il n'y avait personne, mais on ne sait jamais. De toute façon, je vais être coincée ici à rédiger ce maudit discours, alors autant que vous en profitiez pour vous occuper à l'extérieur.

Elle se leva, m'embrassa sur la joue, et se dirigea vers le petit salon en refermant la porte de la chambre derrière elle. Andrew ne se laisserait pas faire et je me doutais d'avance qu'elle aurait du mal à le convaincre. Tandis que je vidais mon sac sur le lit, j'entendis des pas se diriger vers moi.

- Alors, c'est là que tu es allée ? Tu n'aurais pas pu choisir pire endroit ! Tu n'imagines même pas combien de fanatiques arpentent les allées de ce cimetière.

- Oui, j'ai cru comprendre. Mais je me demande bien qui est le gros crétin qui a pu révéler l'emplacement du caveau de ma famille. Et puis, j'ai encore le droit de rendre visite à mes parents si l'envie m'en prend. C'est fou ce que tu as pu devenir très con et insensible en quelques mois.

- Et toi, tu es devenue si bête et désinvolte. Je vais accompagner ta sœur et ta tante au cimetière, mais je t'interdis de bouger d'ici. Sinon, je te promets que je te tuerai de mes propres mains.

- Bien, tu n'as qu'à faire ça. Maintenant tu permets, l'idiote de service a un laïus à rédiger.

Je lui claquai la porte au nez avant de la fermer à clé. Je l'entendis ruminer, avant de la frapper de son poing. Comment avait-il pu changer à ce point et accepter de travailler pour un homme qui n'avait aucun scrupule à m'utiliser pour arriver à ses fins ?

Nous qui avions été si proches, il y avait encore à peine un an... Il venait tout juste d'intégrer la brigade spéciale en tant que nouvelle recrue, mais il avait su m'épauler et être là pour ma famille durant cette période difficile. À l'époque, il m'avait avoué qu'il était un grand fan de ma mère, et qu'il avait été profondément touché par le décès de mes parents. J'avais été assez naïve pour le croire. Peut-être était-ce vrai après tout, mais aujourd'hui, je n'étais plus certaine de rien.

Je m'installai sur le lit, plaçant mes écouteurs sur mes oreilles ; j'avais du travail à présent, et très peu de temps pour concocter un discours suffisamment convaincant que le premier ministre me laisserait lire. En y repensant, je n'étais pas obligée de tout rédiger ; après tout, c'était une allocution, pas la lecture d'un texte. Il me suffirait simplement d'improviser entre deux phrases. Il ne pourrait pas me couper en plein discours devant tous ces gens sans éveiller les soupçons. Enfin motivée, je débutai l'écriture en faisant le vide dans ma tête pour ne pas repenser à la dispute que je venais d'avoir avec celui qui, il y avait encore quelques mois, se disait être mon ami.

La renaissance des LancelotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant