La renaissance des Lancelot

Chapitre 22

Cela faisait cinq bonnes minutes que j'attendais dans le bureau du directeur. Contre toute attente, Tante Agathe se trouvait à ses côtés, mais ils n'avaient daigné répondre à aucune de mes questions tant que Marie n'était pas là. Ma sœur arriva enfin, à bout de souffle, et se posta face au bureau, juste à côté de moi, le regard étonné lorsqu'elle remarqua la présence de notre tante.

- Mesdemoiselles, je vous remercie de vous être présentées si rapidement. Comme vous avez pu le constater, votre tante est ici. Nous avons beaucoup échangé par courrier ces derniers mois, et miss Visconti m'a fait part de ta lettre, Pandore.

Je regardai ma tante, interloquée. Pourquoi échangeait-elle avec notre directeur, depuis tout ce temps ?

- Suite à ta missive, Pandore, j'ai reçu une lettre officielle de Monsieur De La Fresnaye nous invitant officiellement à la commémoration. Mais je préfère être sincère avec vous et, après avoir échangé avec le professeur Dumbledore, nous sommes d'accord pour en conclure qu'il ne s'agit pas d'une invitation que nous pourrons refuser, nous expliqua tante Agathe.

Marie ne disait rien, mais elle semblait aussi déroutée que moi. Pourquoi le premier ministre français avait-il contacté personnellement notre tante ? Cette invitation, qui vraisemblablement n'en était pas une, m'inquiétait au plus haut point. En quoi notre présence à cette cérémonie pouvait-elle être si importante ?

- J'ai contacté Andrew, tout du moins, je lui ai envoyé une lettre, à laquelle je n'ai jamais eu de réponse, pour lui demander des explications sur les évènements qui ont lieu actuellement en France. Comme il fait partie des brigades spéciales, je m'étais dit qu'il pourrait peut-être répondre à mes questions, leur avouai-je.

Le directeur et tante Agathe échangèrent ensemble comme si ma sœur et moi n'étions pas là. Marie me prit la main, et se pencha vers moi pour me chuchoter quelque chose à l'oreille :

- Je n'ai pas envie d'y aller, ma sœur. Je veux sincèrement passer à autre chose. Mais si tu décides d'y aller, alors je t'accompagnerai.

Je me doutais de la réponse de ma cadette, mais je ne pouvais pas lui imposer cela. Si elle ne voulait pas se rendre en France, elle ne s'y rendrait pas, peu importe ma décision.

- Est-ce que vous souhaitez vous rendre en France ? nous demanda le professeur Dumbledore.

- Ce n'est pas comme si nous avions le choix, répondit Marie.

- Eh bien nous pouvons faire en sorte que vous l'ayez. Votre tante pourrait y aller seule, et nous pourrions vous servir d'alibi afin que vous deux n'ayez pas besoin d'y assister.

- Je ne laisserai pas ma tante se présenter seule à cette cérémonie. Si, comme vous le dites, ils exigent notre présence, le ministère n'acceptera jamais que ma tante, qui réside à Londres depuis toutes ces années, soit la seule représentante de notre famille. Marie ne souhaite pas s'y rendre, mais j'accepte d'y aller.

- Je l'accompagnerai également, ajouta ma sœur.

- N'accepte pas sur un coup de tête, ma puce. Personne ne t'en tiendra rigueur si tu refuses, lui répondit ma tante.

- Je voulais rester loin de tout ça mais, s'il arrive quelque chose, je veux être présente à vos côtés.

- Il vous reste encore deux semaines pour y réfléchir et prendre votre décision. Si je peux vous donner un conseil, ne faites confiance à personne d'autre que vous. Cette invitation n'est pas anodine, et je n'ai pas confiance en ce gouvernement. S'ils souhaitent que vous soyez présentes, ce n'est pas pour rien et il vous faudra découvrir pourquoi.