Chapitre 13

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Allongée sur mon lit, je révisais mes cours d'arithmétique. On me transférait régulièrement mes devoirs afin que je ne cumule pas trop de retard. Alors que je butais depuis de longues minutes sur un problème qui me semblait insoluble, quelqu'un frappa à la porte de ma chambre. Celle-ci s'ouvrit sur le professeur Dumbledore. Surprise, je me levai immédiatement, laissant tomber mon ouvrage sur le lit.

- Professeur ? Que faites-vous ici ?

- Je viens m'enquérir de ta santé, Pandore. Comment te sens-tu à présent ?

- Bien, tant que vous ne m'annoncez pas vouloir à nouveau fouiller dans ma mémoire, je suppose que tout va bien.

Quelques semaines auparavant, le directeur était venu pratiquer un sort de légilimancie sur moi, afin de fouiller dans mes souvenirs. Cette expérience avait été particulièrement difficile à vivre. Revoir mes parents de cette façon, c'était comme assister une nouvelle fois à leur meurtre. Mais tante Agathe et lui-même m'avaient assuré que c'était pour le bon fonctionnement de ma thérapie. J'avais donc pris sur moi.

- Rien de tel, ne t'inquiète pas. Je discutais avec ta tante, et nous pensions que tu pourrais retourner à l'école pour les fêtes. Enfin, si tu te sens suffisamment en forme pour ça, bien évidemment.

La perspective de pouvoir retourner en cours et revoir mes amis m'enchantait tout particulièrement.

- Bien entendu Professeur ! Je n'attends que ça !

- Bien, bien. Dans ce cas, nous organiserons ta sortie. En attendant, repose-toi bien, et reprends des forces.

Il me salua et referma la porte derrière lui. J'étais si heureuse que je me mis à sauter partout dans ma chambre. Durant ces dernières semaines, j'avais reçu des lettres de mes amis, et de ma sœur qui, bien entendu, ne m'avait absolument pas tenu rigueur de ma méchanceté. Le criminel Sirius Black avait été aperçu dans le château, et les étudiants avaient dû dormir durant plusieurs nuits dans la Grande Salle, pour être certains que l'école était bien sûre. Finalement, il devait s'agir d'une fausse alerte, car les étudiants avaient pu regagner leurs dortoirs respectifs.

Pour Halloween, j'avais eu droit à des paniers de friandises, et une photo de notre groupe pour mon anniversaire. Fred, Georges, Lee, et Gaston se trouvaient au fond, tout sourire, en train de faire les idiots. Et devant, le petit groupe de Marie, Miyo, Luna et Ginny, toutes pimpantes. Ils avaient tous l'air si fusionnels. Je ressentis un pincement au cœur lorsque mon regard s'arrêta sur Fred et ses petites fossettes. J'avais été tellement injuste avec lui, et j'espérais sincèrement qu'il me pardonnerait.

Évidemment, je n'avais reçu aucune visite. Le professeur Dumbledore n'avait pas voulu ébruiter mon hospitalisation, et mon absence fut expliquée par un voyage en France pour une question d'héritage. J'avais posé la photo sur ma table de chevet pour les avoir toujours à mes côtés, leur joie de vivre comblant ce vide qui commençait à me peser.

À l'hôpital, je participais à des activités de groupes, comme de la danse, de la musique, et parfois même des jeux de société. Tous les après-midi, durant plusieurs heures, nous nous retrouvions dans des salles communes pour partager avec les autres patients. Je n'aimais pas particulièrement parler, aussi je m'isolais pour écouter et jouer de la musique.

C'est à cet endroit même que j'avais rencontré Alice pour la toute première fois. Ma tante m'avait expliqué qu'elle et son mari avaient été torturés quand ils étaient bien plus jeunes. Depuis lors, ils avaient intégré l'hôpital et y vivaient de façon permanente. Alice était très douce et joviale.

La première fois que j'étais entrée dans la salle de musique, mon regard s'était posé sur un des rares instruments moldus : un violon. Cela faisait bien deux ans que je n'en avais pas touché un. Il me semblait que cet endroit était particulièrement propice pour s'y remettre. La reprise fut quelque peu difficile, mais après quelques jours d'entraînement, j'avais retrouvé mon agilité et mon jeu d'autrefois. Alice assistait à toutes mes sessions, sans même que nous ayons à discuter. Nos échanges ne se faisaient que par le regard. Il lui arrivait de parler, mais les phrases qu'elle prononçait n'avaient de sens que pour elle.

Cet après-midi là, après l'annonce du directeur, je me sentais d'humeur plus joyeuse. Alice m'avait rejointe comme d'habitude dans la salle de musique. J'allumai le phonographe, et proposai à ma nouvelle amie de la coiffer. Elle me souriait, sans même me répondre et je lus alors la joie dans son regard. Marie aussi adorait quand je la coiffais, c'était un moment important que nous partagions souvent à l'époque où nous vivions en France.

Après avoir fait deux jolies tresses de ses cheveux châtains et blancs, je les rassemblai autour de sa tête pour former une couronne. Elle paraissait si jeune, malgré ses quelques cheveux grisonnants. Lorsqu'elle se vit dans le miroir, elle exprima ses remerciements en m'offrant une grue en papier qu'elle avait pliée elle-même. Je regardai l'origami dans le creux de mes mains, et ma vue se brouilla. Par un petit enchantement, je fis s'envoler l'oiseau de papier dans la pièce, et le regard d'Alice s'illumina. Je me reconnus en elle, à l'époque où mon père s'amusait à nous faire ces petites grues enchantées. Il en faisait des dizaines qu'il faisait toutes voler en même temps.

Ma mère adorait ça, ce côté enfantin chez mon père, d'habitude si sérieux. Alors que j'essuyais les larmes qui bordaient mes yeux, j'entendis une des aides soignantes appeler Alice. Cette dernière, trop occupée à admirer son petit oiseau magique, n'entendait pas qu'on l'appelait. L'infirmière fit alors entrer un jeune garçon et une vieille dame dans la salle de musique. Je le reconnus immédiatement, et lui aussi, vu le regard étonné qu'il me jeta.

- Bonjour Neville.

- Pandore ? Bonjour ! Que fais-tu ici ? Je croyais que tu... étais en France.


Je n'étais pas particulièrement amie avec le jeune Gryffondor, mais nous avions beaucoup de cours en commun, et c'était un garçon assez attachant malgré sa maladresse particulièrement prononcée. J'étais étonnée qu'il soit au courant pour mon prétendu voyage en France.

- Je prends un peu de repos, mais s'il te plaît, n'en parle à personne. Je voudrais que tout ceci reste entre nous.

- Je ne dirai rien, c'est promis.

Il se tourna alors vers Alice et posa sa main sur son épaule. Je ne comprenais pas tout de suite d'où le jeune étudiant pouvait la connaître. Puis, en voyant sa grand-mère, je finis enfin par comprendre ; Neville était le fils d'Alice et Frank. En les regardant, mon cœur fut empli de tristesse. La vie n'avait pas été tendre avec lui, et je compris alors que je pouvais tout à fait lui faire confiance. Il savait parfaitement ce que cela faisait de vivre en ayant perdu ses parents...

La renaissance des LancelotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant