Chapitre 1

457 14 6
                                    


Marie et moi nous étions réfugiées dans une cabine, dans l'espoir que personne ne vienne nous embêter. Les élèves semblaient bien différents de ceux que nous avions l'habitude de fréquenter à Beauxbâtons ; peut-être que le règlement de l'école l'était tout autant. Ma petite sœur regardait par la fenêtre du train, tout en se tordant les doigts, anxieuse.

- Ça va bien se passer, ne t'en fais pas. Et puis les gens ont l'air gentils ici.

- Espérons que je me fasse autant d'amis qu'en France. Et s'ils n'aimaient pas les étrangers ?

- Ce sont des Anglais, ma sœur, ils vont t'adorer, c'est certain.

- Tu n'as pas du tout l'air inquiète, je t'envie.

- Je crois que tu l'es bien suffisamment pour nous deux !

Une petite dame dodue frappa à la porte de la cabine, poussa un énorme chariot de confiseries.

- Vous voulez quelque chose, mesdemoiselles ?

- Je vais vous prendre deux boîtes de chocogrenouilles, s'il vous plaît, madame, lui dis-je tout en lui tendant les quelques mornilles que j'avais en poche.

- Eh bien, en voilà un bel accent. D'où venez-vous, jeunes filles ?

- De France, madame. De France...

Ma gorge se serrait, et j'eus du mal à articuler ces quelques mots.

- Vous allez vous plaire ici, vous verrez.

La petite dame potelée me tendit mes confiseries, et me fit un clin d'œil avant de refermer la porte de la cabine et de continuer son petit trajet. Je tendis un des chocolats à ma sœur qui rêvassait, toujours aussi anxieuse.

- Tu vois, il n'y a aucune raison de stresser, tout va bien se passer.

Elle acquiesça, pas plus convaincue qu'auparavant, et mangea petit bout par petit bout, le chocolat que je lui avais acheté. Le trajet continua dans le calme, Marie lisant un ouvrage sur Poudlard, tandis que je regardais les paysages défiler par la fenêtre.

D'un coup, le train s'arrêta brusquement ; les rames remuaient comme si quelqu'un était monté à bord. Les lumières s'éteignirent et un froid glacial s'empara du wagon. Cette sensation, nous la connaissions toutes les deux. Marie écarquilla les yeux, totalement apeurée.

- Ils viennent pour nous, Pandore.

- Ne dis pas de sottises. Je n'ai pas été condamnée en France, pourquoi serais-je ici ? Et puis, ils ne s'embêteraient pas à envoyer des détraqueurs. Nous aurions reçu la visite d'une brigade de police magique, et ce, dès notre arrivée en Angleterre.

Je pris place à côté d'elle et la serrai contre moi. Elle tremblait comme une feuille. Je lui tendis mon chocolat, l'incitant à manger.

- Arrête ! Tu crois sincèrement que j'ai envie de manger dans un moment pareil ?

- Tu devrais, ça te ferait du bien. Je te promets qu'il ne nous arrivera rien.

- Tu promets ça à chaque fois...

- Et tu es encore là, il me semble.

Elle ne répondit pas. Elle avait raison, et je le savais. Je me donnais une certaine contenance, mais j'étais tout aussi mortifiée qu'elle.

Une ombre gigantesque s'arrêta près de notre cabine. Marie enfonça sa tête dans mon uniforme, se bouchant les oreilles. Je sortis ma baguette, la pointant sur la porte de notre cabine, jusqu'à ce que l'ombre continue son chemin. Après de longues minutes, tout revint à la normale ; les lumières se rallumèrent, le train redémarra, et ma sœur releva enfin la tête, les yeux humides.

- Tu vois ? Rien à craindre. Bien plus de peur que de mal.

- Tu as conscience qu'avoir réponse à tout, tout le temps, fait de toi une personne particulièrement agaçante ?

Je lui envoyai un coup de coude dans les côtes, en rigolant. « Petite merdeuse va ! ». Nous nous mîmes à rigoler de plus belle, comme si la joie de vivre avait enfin fini par regagner notre cabine.

Notre vie avait irrémédiablement changé ces derniers mois, et j'espérais sincèrement que nous nous ferions à notre nouvelle vie ici. Je prenais sur moi, me promettant de tout faire pour que ma sœur se sente à nouveau chez elle quelque part.

La renaissance des LancelotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant