La renaissance des Lancelot

Chapitre 9

Je m'étais installée tout au bout de la table des Serpentards pour le petit-déjeuner. Il y avait peu d'élèves déjà levés à cette heure-ci, mais j'aperçus Marie et Miyo qui venaient d'arriver. Elles me saluèrent et se dirigèrent vers ma table.

- Tu as une sale tête, ma sœur, me lança Marie.

- Ne m'en parle pas, j'ai passé une nuit chaotique.

Je passai mes mains sur mon visage, comme pour en retirer la fatigue.

- Je ferais n'importe quoi pour un mug de café, dis-je d'une voix fatiguée.

Aussitôt dit, un mug de café chaud apparut juste à ma droite. Nous nous regardâmes interloquées, puis Miyo nous lança d'un air amusé :

- Les elfes de maison, un vrai bonheur. Ils sont toujours aux petits soins dans les cuisines.

Marie se tourna alors vers moi, pendant que je buvais le breuvage chaud.

- Bon, comment tu te sens, depuis hier ?

- Oh s'il te plaît, est-ce qu'on peut ne plus jamais parler de ça ? J'ai envie de profiter, aujourd'hui.

- En plus, il fait super beau. Il y a des magasins en particulier que vous voulez visiter ? Nous demanda Miyo, la bouche pleine d'œuf brouillé.

- Il faut que je passe chez Scribenpenne, mais sinon je vous suis. Un petit tour aux Trois Balais ne serait pas de refus.

- On en profitera pour aller chez HoneyDukes avec Miyo, j'ai vu qu'ils avaient reçu de nouveaux parfums de Nougat. On pourrait en envoyer à tante Agathe, pour Noël.

Noël. J'avais presque oublié qu'on le passerait ici. Ça serait le premier Noël que nous fêterions sans nos parents.

La plupart des élèves rentraient chez eux, mais notre tante était infirmière en chef à l'hôpital Sainte Mangouste ; il était impossible pour elle d'être présente durant nos vacances. J'approuvai donc la proposition de ma soeur. Elle tenait ça de notre père, cette manie de toujours penser aux autres avant elle.

Nous nous étions donné rendez-vous pour manger ensemble ce midi, ce qui me laissait suffisamment de temps pour aller m'entraîner sur le terrain de Quidditch. Il était hors de question que je régresse parce que je n'avais pas pu intégrer l'équipe des Serpentards.

J'avais enfilé le pull de Quidditch bleu et blanc de ma mère, et je me dirigeai vers le terrain, mon éclair de feu et mon souafle d'entraînement à la main. En passant dans le couloir des tribunes pour accéder au terrain, un flash de la veille me revint à l'esprit. Maudit rouquin, maugréai-je.

Je déposai le souafle près des buts et, posant un pied sur une des cales de mon balai, je m'élevai à la verticale. Voilà plusieurs mois que je n'avais pas pratiqué, et cette sensation de liberté était particulièrement exaltante. Je fis quelques tours de terrain, accélérant de plus en plus. La vitesse m'avait manqué. Je m'arrêtai en son centre et me mis debout sur mon balai. Après quelques flexions en équilibre, je me lançai et fis un salto arrière sur mon balai, puis un deuxième et un troisième, avant d'atterrir accroupie sur le manche. Je repris mon souffle, assise, une jambe dans le vide, l'autre pliée devant moi.

- Alors c'est ça qu'on vous apprend à Beauxbâtons ? À danser sur un balai ?

Fred avait comme toujours cet air taquin. Apparemment, pour lui rien n'avait changé. Je fis mine de l'ignorer et me remis à califourchon sur mon balai. Il se mit alors face à moi, son regard planté dans le mien.

- Je pense que tu devrais partir, Fred.

- Certainement pas. On doit discuter, tous les deux.

- C'est quoi, cette manie que vous avez tous de vouloir discuter ? Je n'ai rien à dire, pour ma part. On ne s'est rien promis, à ce que je sache ; tu peux bien faire ce que tu veux.