Chapitre 18

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Passer le seuil de l'appartement, la tête aussi lourde d'une massue, lui fut difficile.

Il n'y avait personne. Ni dans l'entrée, prêt à l'accueillir, ni dans le salon ou une autre pièce quelconque. Il n'y avait personne.

Mina rentrait de l'hôpital, dans lequel son opération s'était déroulée. Elle avait prit les cachets, l'un puis l'autre, et a la prise de ce dernier, la douleur l'avait attrapé de plein fouet. Sa main serrée dans celle de l'infirmière qui avait été appelée à la dernière minute et qui par chance avait accepté de venir. Mina avait eu le loisir, bien trop peu plaisant, de se voir se vider de son sang.

Éliminant de ses entrailles cet œuf qui aurait pu lui gâcher la vie. Elle n'avait pas pu le voir, trop de désordre, trop de rouge, trop de peine. Mais elle était sûre, qu'il était sorti, son utérus se sentait déjà plus léger et la douleur ressentie pendant cette épreuve ne trompait personne. Du moins, c'était ce qu'elle se disait.

Et puis les choses avaient repris leur cours. Enfin, pour ceux qui travaillaient à l'hôpital.

Elle, elle était restée allongée sur son lit, les deux mains à plat sur une bouillotte chaude coincée entre ses paumes et le bas de son ventre. Les jambes repliées vers sa poitrine, à sentir avec horreur ses règles s'écouler hors de son corps. Elle avait toujours autant de nausée, mais les vomissements, qui perduraient encore avant l'intervention diminuaient plus à peu.

Pendant de longues minutes, qu'elle pensait des heures, Mina ne bougea pas. Le regard vide, l'esprit aussi. Ce fut son téléphone qui la sortit de sa rêverie.

Allumant l'écran de verrouillage, elle eut la surprise d'y découvrir un message d'Ochako, qui lui annonçait simplement qu'elle sortait avec Izuku pour la journée. Elle lui avait également envoyé un long texte rempli de petits smiley et de petits coeurs, s'excusant de n'être là pour son retour et qu'elle lui envoyait toutes les bonnes ondes du monde.

Une autre notification, d'un autre destinataire qui était quant à lui, plus difficile à avaler. Hanta lui demandait si elle était chez elle et s'il pouvait passer. Ce à quoi elle répondit par un oui.

Mais à peine son message envoyé qu'une boule de forma au fond de sa gorge. Une boule si brûlante qu'elle n'aurait pu la laisser parler si Mina avait essayé de prononcer un mot. De nombreuses questions lui montèrent en tête à la vitesse de l'éclair.

S'il le découvrait, qu'est-ce qu'elle dirait ? La vérité ? Lui avouer qu'elle avait détruit une partie de son rêve, en pensant à elle est uniquement elle, en toute connaissance de cause ? Et s'il partait ?

Et puis d'autres interrogations se mêlaient à la ronde, comme si les premières n'étaient pas suffisantes.

Et si, même les taux de réussite élevés, elle était toujours enceinte ? Et si l'œuf était toujours là en réalité, sournois à attendre de grossir, à se divisé toujours plus ? Et si elle oubliait ne serait-ce qu'un jour de prendre la pillule ? Qu'est-ce qu'elle ferait ? Pourrait-elle retenter de le retirer ? Par opération ? Radicale cette fois ? En aurait-elle la force ? Et Hanta ? Il devrait être mis au courant, elle ne pouvait pas laisser sa sœur s'inquiéter pour elle alors qu'elle était en train de vivre la plus belle romance de sa vie !

Son compagnon ne mit pas longtemps à arriver et ses coups portés à la porte sont trop vite là.

Elle se leva au mieux pour aller lui ouvrir. Le voir en face d'elle, un sourire ravi au visage ; cela lui donna envie de pleurer. La boule dans sa gorge qui enfle davantage.

Le poids de la culpabilité qui s'enfonce de plus en plus sur ses épaules. Les pensées qui néfastes qui se retournaient contre elle. Les idées noires qui lui hurlaient qu'à la place d'avoir porté l'enfant de celui qui partageait sa vie, elle avait porté la mort pendant de longues heures, bien encrée dans la douleur, ses peurs.

Elle trouva une excuse à l'inquiétude d'Hanta. Une maladie, juste une vilaine grippe, rien de grave. Et puis elle joue sur le mauvais timing. Lui dit qu'elle avait ses règles, ne l'ayant jamais caché ; quel intérêt ?

Habitué à cette situation, Hanta embrassa son front et se dirigea vers la cuisine pour lui préparer un thé. Mina quant à elle, retourna sur le canapé, retenant au mieux ses larmes de culpabilité. 

Lorsqu'Hanta revint vers elle, elle fait au mieux pour ne paraître dévastée. Il lui tendit sa tasse bien chaude et s'installa à ses côtés. Mina se colle à lui, comme elle le ferait à une bouée de sauvetage en plein naufrage. Et puis alors que le silence s'étalait dans la pièce, assourdissant, elle lui demanda dans un presque murmure : 

- Pourquoi tu veux des enfants ? 

Hanta haussa les épaules. 

- J'ai grandi dans une famille nombreuse, tu sais ? Peut-être que cela vient de là. 

- Et... commença Mina avec plus d'hésitation cette fois comme si elle avait peur d'en dire trop, si tu n'en avais pas... parce que je n'en veux pas, cela te blesserait ? 

Il tourna la tête vers elle, qui la gardait baissée, le regard trop fort pour qu'elle puisse l'affronter. De ce fait, elle ne remarqua pas le léger éclat qui passa dans les yeux du jeune homme, si même son froncement de sourcils. Les multiples interrogations sur surgissaient à leur tour au creux de sa tête. Seul son silence fut présent. Et quelques minutes plus tard, alors qu'elle pensait qu'il ne répondrait jamais, il finit par dire :

- On a encore du temps devant nous, et si on en aura pas, aujourd'hui ou plus tard, ce n'est pas cela qui va m'empêcher de me sentir bien avec toi. C'est avant tout toi qui vivra en premier temps tout cela, même si je suis là pour t'aider. Un gamin, il est fait à deux, et ce n'est pas parce que j'aimerai en avoir un que tu dois me suivre obligatoirement. 

Là, elle leva les yeux, mais ceux d'Hanta s'étaient détournés vers l'écran noir de la télévision. S'il avait deviné quelque chose, il ne l'évoqua pas. 

••••••••• 

Bonjour ! Comment va en ce début d'après-midi ?

Aujourd'hui, c'est un chapitre que je trouve nécessaire. Quand j'ai écrit et fait mes petites recherches, je me suis concentrée sur l'aspect mécanique de l'avortement, avec ses méthodes et autres. Et pas plus que ça sur les conséquences psychologiques que ça peut engendré. 

Quand j'ai commencé à écrire ce chapitre hier, et que j'ai terminé ce matin (je sais, je suis irrécupérable), je suis tombée sur la chanson de Barbara Pravi, "Chair". C'est la chanson que j'ai mise en média. Je l'ai découverte en pleine écriture de ce chapitre et sachez que j'en ai pleuré. Et j'espère avoir réussi à retransmettre un peu de cette émotion dans le chapitre. 

Je remets le numéro de téléphone, que j'avais mis dans un autre chapitre : 
0 800 08 11 11 

Mieux vaut trop que pas assez comme on dit. 

J'espère que le chapitre vous a plu et je vous souhaite une très bonne journée ! ^^

Des bisous, Koala. 

Feuille d'automne [IzuOcha]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant