Chapitre final

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Plus tôt dans la journée, trois jours après le mariage de Momo et la révélation inattendu de Katsuki, Izuku avait retrouvé Ochako dans un énième rendez-vous.

Ils discutaient le matin-même par texto, Ochako encore en pyjama, à dévorer un bol de céréales au chocolat lorsqu'il lui a proposer de se voir. Le sourire aux lèvres, elle n'a pas perdu une seule seconde. Elle s'est changée à la vitesse de l'éclair, s'est chaussée avec un enthousiaste bien différent de deux mois auparavant. Pourtant, il faisait toujours aussi froid dehors, si ce n'était un peu plus. Les rues avaient seulement perdu de leurs couleurs, les arbres se mettant à nus, perdant leur feuilles de feu. Les troncs marron, les pavés gris, et les façades des immeubles ternes. Rien n'avaient changé, c'était ainsi qu'était fait l'automne après tout.

Sauf que parmi ses défilés saisonniers, Ochako avait les joues plus rosées. Le sourire un peu plus grand et l'envie de se balader plus présent. Peut-être parce qu'aujourd'hui, ce n'était ni l'ennui, ni le froid qui rythmaient sa vie ?

Si peu de temps, se disait-elle. Comme si cela allait changer quoi que ce soit.

Cette fois-ci, lorsqu'elle retrouva Izuku assis bien au chaud dans sa vieille automobile, l'attendant depuis un moment.

Trop pressé pour partir dans les temps, il avait prit de l'avance sur le planning. Et lorsqu'il l'avoua à Ochako, avec un léger air de culpabilité, elle secoua la tête, lui répliquant qu'il aurait dû la prévenir, elle serait venue plus tôt elle aussi !

Onze heures avait à peine sonné. Ils avaient fait un tour en ville, s'éloignant un peu du centre pour s'approcher des grands complexe commerciaux. Izuku avait eu l'idée de l'inviter manger à ce fameux restaurant dont il avait parlé une fois. Celui qui avait été grandement inspiré de ce super-héros de comics. Il s'était dit que puisqu'elle lui avait fait découvrir ce superbe café aux pâtisseries divines, il allait à son tour lui faire explorer son monde.

À l'intérieur de la bâtisse, une grande pièce tout en longueur, il y avait des tables qui se collaient au mur, simplement séparées par de moelleuse banquettes de mousse rouges.

Un peu partout en guise de décoration, il y avait des rappels de la série. Sur un mur, s'étalant bien partout, s'y trouvait un drapeau américain, pays d'origine d'All Might, le personnage principal. Protégés par une vitre comme des trophées ou expositions, des figurines de différents personnages de la série.

Bien qu'il était déjà venu nombres de fois, Izuku avait toujours cette envie de tourner la tête partout pour observer les détails. Ochako, qui pour sa part, découvrait les lieux, s'étonna plus sur ce qui se trouva par la suite dans son assiette.

Un peu plus tard, lorsqu'ils marchaient tout les deux, leur doigts emmêlés les uns aux autres, repus, ils ne disaient rien. Ils avançaient vers le parc qu'ils visitaient chaque fois. Par chance, le kiosque qui habillait le principal carrefour de ces sentiers était vide de monde. Profitant alors de cette occasion qui leur était offert sur un plateau d'argent, Izuku et Ochako échangèrent un regard, puis un sourire complice. Et d'un commun accord, ils se mirent à courir dans sa direction, avant que quelqu'un d'autre ne vienne leur chiper la place.

Riant aux éclats, ils s'abritèrent à temps pour échapper à une nouvelle averse. Depuis quelques jours, le temps ne cessait ses caprices.

Comme si leurs esprits s'étaient connectés, ils s'assirent à même le sol, Ochako prenant appui de tout son être sur Izuku. Ce dernier sourit, déposant sa joue sur le haut du crâne de la jeune femme, s'y sentant à l'aise comme si c'était la place qui lui était réservée.

Autour d'eux, les froufrous des arbres soufflaient les chants des merles et des pics-verts qui grattaient les écorces des troncs. Le sons des gouttes de pluie qui s'écrasaient sur le toit du kiosque, rebondissant sur les graviers des sentiers, les bancs teints en beige le long des arbres. À part un autre couple de passant qui pressait le pas, emmitouflé sous un parapluie cassé, il n'y avait qu'eux.

Ochako inspira et expira longuement, attirant l'attention d'Izuku. Celui-ci jeta un œil vers elle, un sourcil relevé dans une question muette.

- Je me sens bien avec toi, expliqua la jeune femme dans un murmure qui pouvait couvrir à lui seul tout les bruits de la ville. J'ai l'impression que ces deux derniers mois se sont écoulés extrêmement vite. Mais aussi super lentement. Un peu comme un échantillon d'éternité.

Il sourit, serra ses doigts un peu plus rosis par le froid.

- Si ces deux mois sont une éternité, qu'est-ce que l'éternité à tes côtés ? répondit-il

- Le bonheur.

Son sourire s'agrandit un peu plus. Du bout de l'index, il se frotta l'arrête du nez, pensant pouvoir dissimuler ses joues colorées. En vain. Relevant le sien de son écharpe, Ochako étira ses lèvres, bougeant seulement pour les déposer sur les tâches de rousseur de son petit-ami.

- Et, reprit-il sur un ton plus bas encore, si c'était vraiment sérieux ? Là, comme cela, tu t'imagines vivre avec moi ?

Ses prunelles plongées dans celles d'Ochako, guettant la phrase qui saurait lui compléter sa question. Il attendit et n'eut comme réponse, qu'un haussement d'épaules.

- J'en sais rien, expliqua-t-elle. On ne peut pas vraiment dire que notre relation est pareille au même à celles des autres. Avec toi, je ne sais pas si je roule comme il le faut ou si je fonce droit dans un ravin. Ce que je sais, c'est que j'aime le trajet. J'aime le conducteur et j'aime me laisser guider. Contrairement à mon ex, je ne me prends pas la tête ; tu pourrais me proposer des plans fous que je les suivrais avec grand plaisir et avec les yeux fermés. Le reste, les conséquences, je verrai plus tard.

Le dos d'Izuku se sentit plus léger face à cet aveux qui le rassurait en tout point. Savoir qu'elle partageait le même sentiment, la même impression, qu'ils étaient sur la même longueur d'onde lui donnait envie de se lever en furie pour la prendre dans ses bras, l'embrasser à pleine bouche. Une fois, deux fois, dix fois, tout le temps. Les ailes des papillons au creux de son ventre qui en effleuraient les parois, n'arrangeaient pas son cas.

Lorsqu'il s'était penché vers elle, sous le porche de l'immeuble qui les abritait de la pluie comme encore aujourd'hui ; lorsqu'il pensait d'abord qu'il avait sauté seul dans cet océan de sentiments pour une presque inconnue rencontrée un matin, par pur hasard ; il croyait qu'il s'était fait un film. Comme un livre ouvert depuis plusieurs semaines et qui lui racontait une vie qu'il ne pouvait vivre. Il ne se rendait compte que maintenant, avec cette confidence de la jeune femme, qu'elle lui tenait la main et sautait avec lui depuis leur premier baiser, si ce n'était pas plus tôt.

Dès qu'elle eût posé les yeux sur lui, son bégaiement gêné et ses pensées quittant son esprit au milieu d'un instant critique. Une semaine plus tard, sept jours tout ronds, attirés l'un à l'autre comme deux morceaux de métal et aimant, capables de s'aimer autant que deux amants, ils s'étaient revus et rien de cette sensation, de toute cette magie d'étincelles qui flânait au dessus de leur tête demeurait inchangée.

Que c'était niais. Trop beau pour être vrai et pourtant, elle se tenait à ses côtés, lui prenait la main lorsqu'ils marchaient et se promettaient plus que ce qu'ils pouvaient s'offrir.

Lorsqu'il en avait parlé, tout comme elle, leur entourage leur avait dit : "C'est trop tôt." "Tu es sûr de toi ?" "Tu vas tomber dans un piège ma chérie, fait attention".

Ils n'en avaient cure. Ils se permettaient en ces tons grisonnant de s'accorder une bulle de plaisir, de légèreté et quelle importance si cette bulle s'étalait sur seulement deux semaines de plus ? Quatre mois ? Six ans ? Trente ans ?

Elle existait. C'était déjà bien assez pour ces deux jeunes amoureux qui échangeaient un énième baiser sous l'élégante chute d'une feuille d'automne.

Fin.

Feuille d'automne [IzuOcha]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant