Chapitre 5

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PDV Juliette

Installée dans le bureau qu'occupe Caroline pour la direction de l'école, je me débats avec les carnets de suivi des apprentissages pour nos petites sections qui viennent de commencer. Le carnet sera donné à leurs parents seulement dans trois ans, à la fin de leur année de grande section, mais Caroline le complète au fur et à mesure avec leurs progrès et leurs évolutions.

J'ai réussi à imprimer les nouveaux sans problème mais l'agrafeuse est récalcitrante. Je suis obligée de la démonter après avoir agrafé deux documents d'affilée !

Je râle toute seule dans le bureau quand une fois de plus je dois ouvrir l'appareil et me battre pour sortir le petit bout de métal bloqué :

-C'est pas possible ça ! Pourquoi y a qu'avec moi que tu veux pas marcher ! Allez ! Bouge de là !

Mes nerfs lâchent petit à petit quand cette fois l'agrafe ne bouge pas d'un pouce. Je tape dessus dans l'espoir de la faire tomber, mais je n'arrive qu'à me faire mal à la main :

-Saleté de machin à la con !

-Juliette ? Ça va ?

Je sursaute et laisse tomber l'agrafeuse sur le bureau :

-Oui, oui, désolée Caro'. C'est juste cette espèce de truc à la noix qui veut pas marcher ! Ça va faire une demi-heure et j'ai terminé que trois carnets !

-Je l'ai utilisée hier, elle fonctionnait très bien pourtant, t'es sûre de bien t'y prendre ?

Laissant les enfants seuls dans la classe juste à côté, elle approche et attrape l'objet sur son bureau.

-Je sais quand même utiliser une agrafeuse, même un enfant de trois ans saurait le faire ! C'est ton truc qui est pourri !

-Je suis toujours étonnée de voir à quel point un simple objet peut t'agacer, alors que tu restes parfaitement calme entourée de plus de vingt enfants qui te demandent tout un tas de choses plus ou moins réalisables !

En quelques instants elle débloque l'agrafe qui m'a tant fait râler et me tend l'agrafeuse que je fixe d'un mauvais œil. Elle rit et insiste pour que je la prenne :

-Fais pas cette tête, elle va pas te sauter dessus pour t'attaquer, t'as déjà bien assez de métal dans la peau comme ça !

-Ça va, j'ai fait que deux nouveaux piercings cet été, et ils sont aux oreilles en plus on les voit presque pas.

-Je sais, je te taquine, tu sais bien que ça ne dérange personne ici. En plus les enfants adorent la grande flèche qui te traverse l'oreille. Allez, courage, je te laisse continuer, j'ai promis un concours de sculpture en pâte à modeler aux moyennes sections !

Elle repart aussitôt, me laissant de nouveau seule avec ma pile de papiers à agrafer.

-J'te jure que si tu recommences, je te jette par la fenêtre et laisse Tahys et Lola te rouler dessus avec leurs vélos à la récré !

Ma menace semble fonctionner, je m'apprête à crier victoire quand j'attrape le dernier livret, mais l'appareil refuse de marcher de nouveau !

-Non, non, non... Pas maintenant ! Il m'en reste plus qu'un, s'il te plaît...

Je secoue, agite et frappe mais rien ne fonctionne. Même avec un ciseau tout ce que j'obtiens c'est un petit déplacement de l'agrafe et la lame qui frôle mon pouce.

-Merde !

La peau légèrement entaillée de mon pouce dans ma bouche, je referme l'agrafeuse et l'ouvre plusieurs fois sans nouveau résultat. Je laisse le ciseau et la tape aussi fort que je peux dans ma main dans un dernier espoir avant d'abandonner.

Juste une étincelle, tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant