PDV Juliette
Je suis la course de la lune dans le ciel depuis de longues heures maintenant, les étoiles scintillent de mille feux alors que Christelle dort à poing fermés. Sa tête dans le creux de mon cou, son souffle me chatouille agréablement et sa main posée sur mon ventre se lève au rythme de mes respirations.
Je quitte le firmament des yeux pour les poser sur son visage paisible et souriant éclairé par la lueur de la pleine lune. Ce sourire ne l'a pas quitté depuis l'annonce du médecin en fin de journée, je ne comprends pas comment elle peut être aussi sereine.
Ces mots raisonnent encore et encore dans ma tête, comme si les rebords de mon crâne étaient en plein match de ping-pong.
Des jumeaux, deux bébés, en même temps.
Je n'ai aucune foutue idée de comment on va réussir à gérer, tout ça c'est nouveau autant pour Chris' que pour moi, et nous n'avons clairement pas le matériel adapté pour deux enfants.
Le regard de nouveau perdu dans les étoiles, j'essaye de me convaincre qu'on peut y arriver, mais à chaque fois que je suis sur le point d'y parvenir un autre problème s'ajoute. Nos journées et nos nuits ne vont être qu'une succession de biberons et de couches, et à côté de ça il faut qu'on soit toujours aussi présentes pour Mathias, Julie et Timaé. Un simple pique-nique en famille va devenir un véritable parcours du combattant, entre les poussettes et les glacières il n'y aura jamais assez de place dans le coffre de la voiture.
La voiture, je soupire, même le nombre de places n'est pas suffisant, en plus de devoir faire des travaux dans la maison pour aménager une nouvelle chambre, il faudra acheter un nouveau véhicule. En plus, bien évidemment, d'un deuxième berceau, d'une autre poussette, ou d'un second siège auto, et bien d'autres choses encore.
Et si seulement il y avait que des problèmes matériels... Avec un enfant, je sais qu'on aurait pu être à cent pour cent avec lui, répondre au moindre de ses besoins et l'aider à s'épanouir au mieux. Mais deux, on ne pourra pas toujours être là immédiatement, si l'une fait le bain, l'autre aide les grands pour leurs devoirs, le dernier se retrouvera tout seul.
Plus j'y pense, et plus je réalise que ma plus grande peur ce n'est pas le manque de matériel, mais plutôt le manque de temps et d'attention qu'on va pouvoir leurs consacrer. Avec bientôt cinq enfants dont deux nourrissons, j'ai peur que l'on ne puisse pas être suffisamment présentes pour tous et qu'inévitablement on ne remarquent pas immédiatement que l'un d'entre eux a un problème.
Je sais qu'on a assez d'amour pour tous, mais est ce qu'on aura assez de temps pour leurs en apporter suffisamment ?.
Je ronge l'ongle de mon pouce alors qu'une autre série de questions vient me torturer l'esprit. Et si je n'arrive pas à les différencier, après tout le médecin nous a dit que c'était de vrais jumeaux. Est-ce qu'il vaut mieux qu'ils aient chacun leurs propres vêtements ou peuvent-ils se partager les mêmes, faut-il qu'ils aient une chambre chacun, ou s'ils partagent la même est ce qu'il est mieux pour eux de dormir dans le même lit ?
Je souffle en posant une nouvelle fois mes yeux sur le visage endormi de Christelle, je tends le bras de l'autre côté et attrape mon téléphone. Si je n'arrive pas à dormir cette nuit, autant que je mette ce temps à profit.
Je me redresse légèrement et m'appuie contre la tête de lit, Christelle bouge un peu quand je retire mon bras qui l'enlaçait mais elle se repositionne contre moi. Je commence à pianoter rapidement sur mon téléphone, je passe d'un forum à un autre à la recherche de toutes les informations utiles que je peux trouver parmi les témoignages de différentes personnes.
Christelle bouge contre moi, je pense qu'elle va juste changer de position, mais sa voix endormie me fait décrocher mon regard de mon portable :
-T'es déjà réveillée ?
VOUS LISEZ
Juste une étincelle, tome 2
General Fiction-Julie ! Descends, immédiatement ! La porte d'entrée claque dans mon dos et fait sursauter Juliette et Timaé installés au salon. Elle me lance un regard surpris et me demande silencieusement si tout va bien. Je hausse seulement les épaules et pars r...