Chapitre 11

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Ce jour-là, Amandine décida de ne pas aller en cours. Elle ne se sentait pas la force de voir Sophie. Elle savait qu'elle resterait avec ses amis et elle n'avait aucune envie de se rappeler qu'elle n'était rien pour elle. Quand sa sœur rentra à la maison durant l'après-midi, Amandine était toujours dans son lit à ruminer des pensées noires.

-Oh, ma chérie, que se passe-t-il ? s'inquiéta Ophélia en la découvrant dans cet état.

-Rien, laisse-moi tranquille, bougonna Amandine.

Sa sœur s'assit sur son lit à côté d'elle.

-C'est à cause de Sophie, n'est-ce pas ? devina-t-elle.

Amandine acquiesça, éclatant en sanglots. Elle raconta tout à sa sœur, lui expliquant sa journée de la veille et le rendez-vous au restaurant, puis l'épisode du baiser que Sophie ne lui avait pas donné. Quand elle eut enfin fini, Ophélia réfléchit un moment avant de déclarer :

-Ma chérie, voyons, tu te torture pour rien. C'est évident qu'elle a envie de sortir avec toi. Elle a juste peur que ce soit toi qui ne veuilles pas.

Amandine fronça les sourcils :

-Comment ça ?

Sa sœur reprit :

-Déjà, elle n'a aucune idée de ton orientation sexuelle. Alors, comment veux-tu qu'elle sache que tu veux sortir avec elle ? De plus, ce n'est pas quelque chose qui se demande comme ça. Tu sais ce que tu aurais dû faire ? C'était de l'embrasser, au moment où elle a hésité à le faire. Si ça se trouve, c'était ce qu'elle attendait. Elle t'a donné une occasion unique, et toi tu passes à côté !

C'est alors que la sonnette de la porte d'entrée retentit soudainement. Amandine se précipita à la fenêtre pour voir de qui il s'agissait.

-Oh, mince ! C'est Sophie ! s'exclama-t-elle. Il faut que je me change, elle ne peut pas me voir comme ça.

-Pas de problème, je vais ouvrir, intervint Ophélia.

Amandine se dépêcha de s'apprêter avant de descendre.

-Coucou, je venais voir comment tu allais, lui dit Sophie en la voyant. Tu n'étais pas à l'école aujourd'hui.

-Oui, je n'étais pas très bien ce matin, avoua Amandine. Mais ça va mieux, maintenant.

Elle attendit d'être sûre que sa sœur soit partie pour ajouter :

-Tu veux entrer quelques minutes ?

Sophie hésita :

-J'aimerais vraiment rester un peu avec toi. Mais ça ne te dérange pas si on passe un peu de temps autre part ?

-Absolument pas ! Tu préfères peut-être qu'on aille chez toi ? demanda vivement Amandine.

-C'est ce que j'allais te proposer, justement, répondit Sophie.

-Pas de soucis, sourit la petite blonde.

Quand les deux filles furent arrivées chez Sophie, Amandine remarqua que la maison était vide.

-Tes parents ne sont pas encore rentrés ? s'enquit-elle.

-Oh non, ils ne sont pas souvent là, tu sais, dit Sophie en lui prenant sa veste pour la débarrasser. Si tu voulais les voir, c'est un peu raté, désolée de te décevoir.

Elles entrèrent dans le salon, où il régnait une ambiance chaleureuse et parfumée. Elles s'assirent dans un canapé installé au milieu de la pièce, devant une petite table basse. Plusieurs fauteuils entouraient également celle-ci.

-Tu veux boire quelque chose ? demanda Sophie à son invitée.

Elle alla ouvrir un petit placard dans un coin de la pièce.

-Si tu veux, il y a du vin ou de l'alcool fort, ici. Nous n'avons pas de bière, par contre.

-Ah, je comprend mieux pourquoi tu aimes autant le vin, dit Amandine en riant.

-Oui, en effet, rit Sophie. Mais j'aime bien l'alcool fort aussi. Mon père en boit beaucoup et il m'a toujours laissée goûter. Du coup, la seule chose que je ne supporte pas, c'est la bière. Pourtant, c'est ce que tous les jeunes boivent. Je ne comprend pas comment ils peuvent aimer ça.

Amandine ne put s'empêcher de rire à nouveau à ses mots.

-Qu'est-ce qui te fait rire ? s'enquit Sophie en déposant une bouteille de vin et deux verres sur la table basse.

-Je ne sais pas. J'aime bien la façon dont tu as dit ça, c'était mignon.

Sophie sourit en rougissant. Elle se rassit à côté d'Amandine et lui tendit un des verres qu'elle venait de remplir.

-Et comment se fait-il que tes parents ne soient pas souvent là ? interrogea Amandine au bout d'un moment.

Sophie soupira.

-Il y a leur travail, évidemment, expliqua-t-elle en fixant ses mains. Et puis, quand ils ne travaillent pas, ils sortent ou ils font le ménage. En fait, je crois que je n'ai plus fait quoi que ce soit avec eux depuis que j'ai... neuf ans, peut-être. C'est comme si je n'avais plus de parents.

Amandine vit les larmes lui monter aux yeux. Elle posa sa main sur celle de Sophie.

-Des fois, je crois que ça me manque, confia celle-ci. Et ça me fait mal.

Les larmes commencèrent à rouler sur ses joues.

-C'est fou comme parfois, on a tant besoin qu'on s'occupe de nous. Comme on a tant besoin d'amour et d'affection.

Sans réfléchir, Amandine prit son amie dans ses bras. Celle-ci enfouit son visage dans son cou et éclata en sanglots. La soirée ne se passa pas comme la petite blonde l'avait espéré. Cependant, Sophie avait besoin d'extérioriser sa douleur, de la confier à quelqu'un. Et Amandine souhaitait plus que tout être là pour elle. Elle voulait que Sophie se sente mieux et elle aurait tout fait pour ça.

Une Histoire de FillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant