Chapitre 30

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Point de vue de Kilel : 

J'ai vu mon fils battre à plat de couture tous les gardes d'Ametysia sans aucun problème pour enchaîner directement avec un combat contre la fiancée d'Eylan. Ce sont tous les deux de grand combattants, j'ai du mal à croire que ce soit lui. 

Il est devenu si grand, si fort, j'étais tellement dévasté quand j'ai apprit qu'il n'avait aucune capacité. Nous avions peur du jour du test car nous avions peur qu'ils nous l'enlèvent. Ça a été le cas malheureusement. 

Combien de foi je me suis répété que c'était pour son bien qu'on l'emmenait ?! Qu'il reviendrait une fois que Dieu l'aurait accepté parmi-nous ?! Puis l'information est sortie comme quoi nos enfants ne reviendraient jamais. Ma femme a été dévastée une fois de plus et Radel ne l'a pas supporté. Il a essayé de se convaincre que c'était mieux comme ça, que si son petit-frère était mort, aucun enfant de la rédemption ne méritait de survivre mais je sais qu'au fond il s'en voulait de ne pas être allé le chercher ce jour-là, de ne pas avoir couru pour le rattraper. 

Au final je n'ai pas été mieux que lui. Je n'ai même pas pu les regarder l'emmener alors qu'il nous suppliait de le laisser rester avec nous. C'était trop dur. 

Aujourd'hui les marques de mes erreurs sont sur son corps et c'est immonde. Quel père abandonnerait son propre fils, si fragile et si faible, aux mains d'un monstre tel que le père Yohan ? Pas des bons père en tout cas. 

J'aimerai pouvoir remonter le temps et l'empêcher de vivre ça, le retenir alors que les prêtres l'emmènent à l'abattoir. Lui éviter ses hurlements pendant qu'il dort. Le soir de la fête du Prime, je suis resté devant la porte du bureau toute la nuit et je l'ai entendu. Ça m'a brisé le coeur, mon petit garçon qui hurlait de douleur plongé dans un souvenir qu'aucun enfant sur cette terre ne devrait vivre. 

Je le vois se lever avec la jeune femme pour se diriger vers les murs. Je sais qu'il ne souhaite pas me voir pour le moment, mais je ne peux pas m'empêcher de le suivre. 

Quand j'arrive à la muraille Ouest et que je monte les escaliers jusqu'au chemin de ronde, je le vois redescendre à toute vitesse. Je continue mon ascension et tombe sur Xila.

Je m'approche du bord pour voir un groupe de monstre foncer sur mon fils. Je commence à activer ma capacité quand la voix de la jeune-femme à côté de moi me rappelle à l'ordre : 

- Si j'étais vous je ne ferais pas ça. 

- Ces monstres sont en train d'attaquer mon fils ! 

- Lamiel est parfaitement capable de juger si un monstre est hostile avec lui ou non. De plus vous ignorez presque tout de lui, vous ne savez pas comment il a grandit et comment il voit se qui lui est arrivé. N'intervenez pas dans sa vie sans savoir ou vous risquez de le regretter par la suite. 

- Mais il n'est pas aussi fort qu'un mage il est...

- Si vous dites "faible", je vous jure que vous recevrez un magnifique poing dans la gueule de ma part. Il est tout sauf quelqu'un de faible, vous êtes juste incapable de le voir. Me coupe-t-elle.

- C'est un non-mage ! Il a un fort désavantage de par sa naissance !

- Et alors ? Ça n'empêche pas d'être fort ! Vous semblez confondre capacité et force Kilel, et ce sont deux choses parfaitement différentes. Ce n'est pas ma capacité qui m'a permis de rester en vie même si elle a participé, c'est ma volonté de vivre. Lamiel est pareil. 

- Que voulez-vous dire ?

- Vous pensez que ce sont des capacités qui l'ont aidé à sortir de cette fosse alors qu'il agonisait ? Il est sortis tout seul à la force de ses bras alors qu'il souffrait le martyr. Il a rampé jusqu'à la forêt tout seul avec pour unique but celui de survivre. Ces montres que vous voyez-là l'ont secouru, mais tous les médecins s'accordent à dire qu'avec le peu de soin qu'il a reçu il aurait dû mourir. Il est resté en vie par la seule force de sa volonté, c'est ça que j'appelle de la force. 

La rampanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant