Chapitre 14

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Point de vue de Xila : 

Quand j'ai vu Lamiel, j'ai tout de suite su qu'il venait d'un des camps. J'ai cru me revoir il y a quelques années, hantée par des images et des cauchemars sans pouvoir m'en défaire. Son traumatisme est plus profond encore que le mien, lui il l'a vécu cette maudite cérémonie. 

Après qu'il ait passé son coup de fil, il revient en nous disant que ses tuteurs ont accepté qu'il dorme ici. Quelques minutes plus tard, Chris revient du travail. Nous nous installons tous autour de la table dans un silence glaçant.

Je sens que Edwin et Joris ne sont pas à l'aise depuis que j'ai parlé du père Yohan, ils doivent le connaître sous son jour accueillant et rassurant. Ils se sont fait avoir comme presque tous les enfants des camps. 

Le repas se passe en silence ce qui semble gêner Chris qui essaie plusieurs fois de dire quelque chose sans jamais trouver quoi. Après ça j'installe Lamiel dans ma chambre. S'il fait des cauchemars, et il en fera, je saurais comment le calmer contrairement aux trois-quarts des habitants de cette maison. 

Je comprend pourquoi il a voulu dormir ici. Ma présence en tant que personne qui le comprend doit le rassurer. Ça doit lui faire du bien de se dire qu'il n'est pas tout seul dans cette galère, même si je ne comprendrais jamais tout ce qu'il a pu endurer. 

Nous nous endormons alors que Lamiel sert de toute ses forces une peluche en forme de chien que je lui ait prêté pour qu'il dorme. On me dira que c'est un jeune homme et qu'il n'en a pas besoins, mais on a toujours besoins d'un peu de douceur et de réconfort, particulièrement quand on fait un cauchemar. 

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Je suis cachée derrière la petite cabane au fond de la cour, le père Yohan active sa capacité et forme ses grand fouets de feu, il les abat sur mes camarades et je les entend hurler de douleur. Ils crient, ils supplient, il invoquent la clémence d'un dieu qui n'existe pas. Un dernier cri de douleur et je sors de mon cauchemar avant de me rendre compte que quelqu'un à côté de moi cri vraiment : Lamiel. 

Je descend de mon lit et me précipite à côté de lui alors qu'il gigote dans tous les sens et implore dieu dans son sommeil. Je le redresse et lui donne de petites tapes sur le visage pour le sortie de son rêve. Il ouvre brusquement les yeux et reprend son souffle avant de sangloter dans mes bras. Il répète sans cesse "Il était là, il était là et il me brûlait ! Il était là et il me brûlait !"

La porte de ma chambre s'ouvre à la volée sur Zéphyr, suivit de Chris, Eylan et les deux autres. 

- Cauchemar ? Dit simplement Chris. 

- Terreur nocturne. 

- Je vais préparer un lait chaud. 

- Fais en deux, moi aussi j'ai eu une nuit agitée. 

- Je vois... Allez vous coucher les garçon, je gère. Soupire Chris. 

- On peut faire quelque chose ? Demande Eylan. 

- Rien du tout. La seule chose à faire c'est attendre que ça passe. Je répond. 

Les garçons retournent se coucher à contre-coeur et je descend dans la cuisine avec Chris et Lamiel. Je déteste les nuits où je fait des cauchemars comme ça. 

Au final, aucun de nous deux n'arrive à se rendormir jusqu'au petit matin ou Chris descend à nouveau les escalier. Il n'est même pas surprit de nous voir là, en silence, à accuser le coup. 

- Ça va aller vous deux ? Demande-t-il. 

- Ça va. Je souffle. 

- Ça pourrait être pire. Dit Lamiel d'une toute petite voix. 

La rampanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant