~9~ Aveu libérateur

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Assis sur mon lit, je mordille ma lèvre inférieure avec angoisse tout en fixant mon IPhone posé devant moi, son écran ouvert sur la liste de mes contacts. Pourquoi est-ce si difficile d'appuyer sur le nom de mon meilleur ami? C'est normal que je me confie à lui, surtout si j'ai un petit ami...

Dans un grognement, ma tête va se loger sous mon oreiller. Dire à Jean que je suis en couple avec un garçon, ça semble être une étape infranchissable. Que va-t-il penser? Est-il ouvert d'esprit ou deviendra-t-il mal à l'aise d'être proche d'une personne homosexuelle? Si ça se trouve, ça va gâcher notre amitié... Je n'étais même pas certain de préférer les garçons avant que Floch m'embrasse, mais ses lèvres chaudes ont chassé tous mes doutes. Il est tout ce que je désire.

Le dire à ma mère et à ma mamie sera aussi une étape ardue. Souvent, elles me demandent si j'ai une fille en vue et ça les a toujours déçues de voir que ça ne m'intéresse pas. Savoir que leur fils unique sort avec son collègue de travail masculin, ça risque de les fâcher et de les rendre tristes. Ça m'angoisse. Et si elles m'aimaient moins? J'ai toujours été leur petit garçon parfait. Elles sont si fières de moi...

Une grosse boule se crée dans ma gorge. En acceptant de sortir avec Floch, je n'ai pas réfléchi à toutes ces épreuves qui s'annoncent. Elles semblent si difficiles à franchir, si terrifiantes. Je n'ai pas envie d'être différent. Pas envie d'être ce garçon que les gens reconnaissent seulement comme le « gay » de la classe.

Avec un petit cri de colère, j'agrippe mon oreiller que je lance de toutes mes forces vers la porte d'entrée. Des larmes coulent sur mes joues à cause de la panique, mais je me fige lorsque j'entends grogner.

-Pourquoi tu m'attaques dès que j'entre dans la chambre? s'étonne Jean, tu préfères que je parte? J'avais amené des petits beignets.

Il montre en souriant la boite rouge qu'il tient, fier de lui. Qu'est-ce qu'il fait chez moi un samedi soir? Réalisant l'état lamentable dans lequel je me trouve, je m'empresse de me cacher sous les draps épais de mon lit. Il faut que je sèche mes larmes pour ne pas attiser sa curiosité. Avec un peu de chance, Jean n'a pas remarqué que je pleure.

-Qu'est-ce que tu fais ici? soufflai-je d'une voix brisée en restant caché.

-Il n'y a personne au chalet ce soir et je m'ennuyais. Ça ne va pas? Pourquoi tu te caches?

Jean essaie doucement de tirer sur les draps pour libérer mon visage, mais je les tiens fort. C'est le pire moment pour me rendre visite.

-Marco... Tu veux bien me regarder?

-Hum... non... Laisse-moi cinq minutes.

-OK. Cinq minutes.

Mon ami s'allonge à côté de moi en silence, prêt à patienter le temps qu'il faut. Il est gentil de ne pas insister. Suis-je capable de lui dire? C'est probablement le moment opportun pour me confier alors que je suis caché dans un cocon, tel un saucisson. Jean est trop gentil pour me jeter de sa vie à cause de ma sexualité. Je dois avoir confiance.

D'une voix faible, je me lance :

-Je suis en couple. Depuis aujourd'hui.

-HEIN ?! s'exclame Jean, mais c'est génial! Comment elle s'appelle et surtout, pourquoi tu ne m'en as pas parlé avant?

Son poids s'écrase sur mon corps pour montrer sa bonne humeur, ce qui me stresse encore plus. L'air commence à se faire rare dans ma cachette, mais mes larmes sont encore trop abondantes pour que j'en sorte. Puis-je vraiment continuer cette discussion? Jean attend patiemment que je lui raconte tout, mais c'est si difficile... Floch serait beaucoup à l'aise que moi.

Histoire d'équipe: Maux de cœur d'un geek indécisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant