~26~ L'amour après l'amitié

423 54 22
                                    

J'entre dans mon appartement en claquant la porte sur mon passage, sans me soucier de savoir s'il y a quelqu'un. Mon cœur est douloureux, tout comme chaque larme qui dévale sur mes joues, laissant sur leur passage la sensation d'un puissant acide. Après avoir retiré mes souliers, je cours jusqu'à ma chambre et je me laisse tomber à plat ventre sur mon lit douillet. Pourquoi Jean me fait-il ça?

Ma tristesse se transforme lentement en colère, en forte rage contre Jean. Comment peut-il ainsi m'embrasser avant de changer brutalement de comportement? Il m'a fait miroiter une potentielle relation, donc il doit assumer ses actes et ne pas me faire culpabiliser. S'il est réellement mon meilleur ami, c'est à lui de se faire pardonner et non l'inverse. De quoi peut-il m'accuser de toute façon? D'être homosexuel et d'être amoureux de lui? Son comportement actuel est égoïste. Je n'aurais jamais cru ce garçon capable de me faire souffrir à ce point, car il ne pense qu'à son petit nombril.

Avec irritation, j'agrippe mon téléphone d'une main tremblante, puis je compose son numéro. Comme les fois précédentes, je tombe sur son répondeur. Une grimace se dessine sur mes lèvres alors que je serre le poing.

-Jean, je n'aurais jamais pensé que tu serais un connard au point de m'embrasser puis de couper les ponts avec moi par la suite, crachai-je, si t'as des couilles, assume tes actes et trouve le courage de m'affronter. T'es à ce point dégouté par moi? Très bien, mais au moins, dis-le-moi clairement au lieu de faire ta poule mouillée!

Sur ce, je raccroche avec brutalité avant de me figer. Qu'ai-je fait? Mon cœur se tord d'inquiétude, puis je compose à nouveau son numéro. Je ne veux pas qu'il me déteste et qu'il croie que ce sentiment de haine est réciproque.

-Jean, je suis désolé pour le précédent message... Je ne le pensais pas vraiment. C'est la colère qui a parlé. Si tu ne veux pas reparler de ce qui s'est passé, je comprends, mais je ne veux pas perdre ton amitié. Tu comptes beaucoup pour moi.

J'éteins mon téléphone dans un soupir, me laissant tomber le visage contre mon oreiller afin de m'en servir comme support moral. Pourquoi la vie est-elle si souvent affligeante? J'entends la porte de ma chambre s'ouvrir, mais je ne fais pas l'effort de tourner la tête. Chacun de mes mouvements est plus pénible que le précédent. Quelqu'un s'assoit à mes côtés, déposant une main apaisante sur mon dos.

-Tu veux me raconter pourquoi tu es si triste? s'enquiert la voix rassurante de ma mamie.

Sans hésiter, je quitte mon oreiller pour me blottir dans ses bras réconfortants. Sa main vient tendrement jouer dans mes cheveux alors que je verse toutes les larmes de mon corps. Cette femme est toujours là lorsque j'en ai besoin, peu importe les épreuves que je vis. À la mort de Floch, elle a pris soin de moi plus que ma propre mère.

-C'est Jean, soufflai-je, il ne veut plus me parler... j'ai beau l'appeler, il ne répond plus.

-Jean? Tu es certain qu'il fait exprès? Ce jeune homme semble beaucoup tenir à toi. S'est-il passé quelque chose?

-J-Je sais, mais je crois vraiment qu'il ne veut plus de moi. Il... Il m'a embrassé et je crois que ça l'a dégouté.

-Oh.

Ma mamie essuie délicatement les larmes qui couvrent mon visage, cherchant la bonne réponse à m'offrir. Ses petits yeux marron viennent croiser les miens, puis elle reprend avec douceur :

-Tu sais, peut-être qu'il est lui-même surprit par son geste? Ce n'est pas tout le monde qui a autant de facilité que toi à assumer sa sexualité. Laisse un peu de temps à Jean, le temps qu'il puisse se comprendre lui-même, puis je suis sûr qu'il reviendra. T'ignorer n'est certainement pas la solution la plus mature, mais si c'est ce dont il a besoin, il est préférable de le laisser faire un moment. Tu ne penses pas?

Histoire d'équipe: Maux de cœur d'un geek indécisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant