Les facettes.

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Quelques minutes plus tard, je me repris. J’ouvris la porte la gorge nouée, soudainement anxieuse. Après ce qui venait de se passer, ce n’était pas comme si je pouvais venir à table comme si de rien était. Je décidai de passer dans ma chambre, pour aller dans ma petite salle de bain. Je m’observai dans le miroir. Ce que j’y vis me fit soupirer.

Mon mascara avait complètement coulé sous l’assaut de mes larmes, laissant des trainées noirâtres sur ma joue. Mes yeux bruns étaient brillants, presque fiévreux. Mon nez était rougi. J’avais vraiment une mine affreuse. Je fis couler l’eau du robinet, en recueillis au creux de mes mains, et m’en aspergeai le visage. Je me frottai les yeux, les joues, le nez, pour enlever toutes traces de maquillage, ou toutes preuves de mes pleurs. Les yeux encore fermés, je tendis la main pour prendre ma serviette, que je savais être sur le rebord de la douche. Je me séchais énergiquement le visage, pris une longue inspiration, et sortis de la salle de bain après avoir refais ma queue de cheval qui pendait lamentablement auparavant. Alors que je descendais les escaliers pour aller à la rencontre de Chris et de sa mère, mon portable vibra furieusement dans la poche de mon short. Je le sortis précipitamment en m’excusant, évitant ainsi le regard de Chris. L’écran affichait un « maman » clignotant, sur une photo de cette dernière, souriante.

-Désolée, c’est ma mère...je reviens, mais ne m’attendez pas, dis-je en m’exilant sur la terrasse.

Dehors, l’air était toujours aussi froid, bien qu’il fût bientôt une heure de l’après-midi. Le brouillard était moins dense, cependant ; on remarquait sans peine la silhouette des arbres du jardin, et les remous de la bâche couvrant la piscine.

Je me hâtais de décrocher.

-Maman ? Soufflai-je, essayant de prendre un air détaché, et non pas impatient comme c’était le cas. 

-Oui chérie, c’est moi. J’ai mis le haut parleur, ton père est là, me répondit-elle à l’autre bout du fil, et à l’autre bout du monde.

Bien que la présence de mon père ne me gêne pas, j’aurai préféré un tête à tête avec ma mère.  Ces moments d’intimité me manquaient plus que tout.

-Oh...salut Papa, hasardai-je.

-Comment ça va, là-bas ? demanda-t-il.

-Beh, euh, bien, plutôt bien, oui.

Si l’on oubliait juste le fait que vous admettiez  qu’un garçon étranger dorme sous le même toit que moi et m’ai embrassé il y a à peine cinq bonnes minutes, tout allait bien. 

-Chris se sent bien ?

- Oh oui, très bien ! M’exclamai-je avec un peu trop d’enthousiasme. Je m’empressai d’ajouter : Sa mère vient d’arriver. On allait manger, là...

-Oh, on ne va pas te déranger plus longtemps alors, annonça ma mère.

Parce que maintenant ils dérangeaient quand ils m’appelaient ? Il y avait un problème...

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