Flash.

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PDV de Chryssie.

Le soir, Connie entra en même temps que Chris. Ils riaient. S'il commençait à me prendre mes amis, ma fidèle équipe que j'avais tellement bien formée ....Ca allait mal finir, toute cette histoire.

Je m’étirai comme un félin, puis fus prise d’une quinte de toux violente. Ca me faisait mal dans la poitrine. Pourtant, la fièvre avait baissé, je me sentais mieux.

-Bah alors, ma chérie, c’est qu’on est malade ? s’annonça Connie en souriant.

-C’est ça, moque toi. Je m’en souviendrais, grognai-je, en reniflant.

-T’as pas de chance, t’as raté une magnifique entrée en scène d’un nouveau. Il a sauté deux classes, t’imagine. Un intello puissance 10. Avec lunettes, bretelles, et tout.

Je m’étouffai.

-Bretelles ? Tu parle sérieusement ? Demandai-je avant de me moucher bruyamment.

-Ouais. Même ma mère ne pourrait rien faire contre une déchéance aussi avancée.

Il fallait savoir que la mère de Connie était une styliste réputée sur la côte Ouest. La demi-sœur de Connie, Giulia, avait pu être pistonnée, et perçait en tant que mannequin. Connie ne tarderait pas à la suivre.

Je me redressai sur un coude pour pouvoir lui parler, et repliai les jambes pour qu’elle puisse s’assoir sur le canapé. Elle prit le paquet de pizzas miniatures pour apéritif qui trainait sur la table basse avec un air réprobateur.

-Chérie, si tu continue, tu vas enfler comme cette bécasse de Siddhi.

-T’es encore plus médisante que moi. Sois compatissante, je suis malade.

-C’est pas une raison pour t’empiffrer de gras et de sucre en barre, Chrys ! T’as regardé le nombre calories, un peu ? C’est méga gras !

-M’en fous, je ferai du sport. Et puis tu sais très bien que je ne grossis pas.

Et c’était l’une des raisons pour lesquelles Connie enrageait. Malgré le fait qu’elle soit une très, très bonne amie, elle ne pouvait ingérer le fait que non, quoi que je m’envoie dans l’estomac, je ne grossissais (presque) pas. J’avais cette chance grâce à l’hérédité du métabolisme bénit de ma mère. Et heureusement pour moi, je n’avais reçu d’elle que sa taille de guêpe, pas sa taille qui planait depuis vingt ans à 167 centimètre.

Connie, c’était une autre histoire. Sa mère était styliste, donc. Ancienne mannequin reconvertie. Son père dirigeait plusieurs chaines de magazine de mode. Sa première demi-sœur, Morgane, arrivait à décrocher de petits rôles dans différentes séries et show télévisés,  et tenait un talk-show sur une chaine plutôt prestigieuse. Sa deuxième demi-sœur, Giulia, donc, métisse Italienne, avait des proportions de déesse. Lorsque Connie m’invitait chez elle le week-end, quand on était petite, Giulia nous maquillait et nous donnait ces anciens habits, bien qu’ils soient trop grands pour nous qui n’avions aucune forme. Elle nous faisait défiler et nous accordait des prix, nous faisait de faux contrats...une fois, le jeu se transforma en réalité : une boite cherchait deux petits modèles, et Giulia nous a présentées. Ils nous ont prises, et nous avons fait un shooting photo. Le book est encore sur mon étagère. J’avais huit ans, mais c’est resté l’un des meilleurs moments de ma vie.

Pour en revenir à Connie, il fut un moment où elle grossit. Affreusement, selon sa mère. La puberté ne l’avait pas gâtée de ce côté-là. Mais, en tant que fidèle amie, je la défendais. Quiconque la traitait de baleine, de bouboule, ou qui la bousculait dans les couloirs, pouvait avoir affaire à mes poings et à mes genoux pointus. C’était un souvenir douloureux pour elle, et un coup de fouet. Elle disparut pendant les repas, ne voulait pas manger chez les autres, rejetait les goûters que je lui proposais. Et elle réussit à maigrir. Mais ne s’arrêta pas là. A quatorze ans, elle pesait seulement 43 kilos. Elle chuta à 40 pendant un moment. Elle fut acquise à l’hôpital ; pendant six mois, on ne la vit pas à l’école. Moi qui avais mes propres problèmes, je me souviens l’avoir un peu délaissée, puis je me repris. Malheureusement, seule la famille avait le droit de visite.

Win or FallOù les histoires vivent. Découvrez maintenant