Une starlette bien compliquée...

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PDV de Chris :

J’avais très bien compris ce qu’elle essayait de faire. Depuis le début de la journée. Elle m’ignorait, ou me lançait des piques -sans mettre mon frère en question, bien qu’elle sache que c’était le moyen pour me faire partir-, et , pendant le cours de sport, elle marchait presque lorsqu’elle me donna le relais. Je n’allais certainement pas la laisser gagner à ce petit jeu. Même si cela me coûta un poumon.

Notre « équipe » arriva première. Au regard furibond qu’elle me lança, je sus que j’avais gagné. Fier de moi, entouré de Bart, qui m’avait paru sympa dès le début de la journée, et d’autres -en particulier, des filles-, je triomphais de sa tête qu’elle tenait à garder impassible. La grande brune à côté d’elle me lançait le même regard, et la petite squelettique à sa droite me jetait des coups d’œil furtifs, pour revenir à Chryssie.

La fin de l’après midi se passa plus calmement. De fait, je n’étais plus dans les mêmes cours que Chryssie, ce qui me facilita la tâche.

Lorsque la sonnerie retentit, je sortis après avoir noté les exercices à faire (j’essayais toujours d’être un bon élève au début d’année, puis me contentais d’être moyen), et croisais la miss Rosser dans le couloir. J’hésitais à l’interpeler. On habitait...d’accord, je « squattais » sa maison. Mais ça ne faisait pas de nous des amis, et elle voulait me le faire savoir. Elle était toujours accompagnée de la grande brune, de la hippie et d’une autre fille plus effacée, avec des petits yeux noisettes, que j'avais déjà vue. J’appris plus tard par Bart qu’il s’agissait de Connie, Abbey et Eva. Chryssie tenait le bras à un gars au physique de quarterback, qui allait tout à fait dans le cliché américain à qui tout réussit. Sans doute son petit ami. Et, je ne sus pas pourquoi sur l’instant, mais j’eus un imperceptible petit pincement de cœur.

Elle croisa mon regard, pour  me signifier que cela ne servait à rien que je vienne perturber son petit monde. Très bien, j’aimais faire le contraire de ce que l’on me disait. Mon frère m’appelle souvent l’emmerdeur. Mais mon frère n’est plus qu’une starlette éphémère, qui fait de ma vie un cabanon instable.

J’allais donc vers elle, et me plantai juste devant sa bande.

-Chrys, on rentre ensemble ?

Elle siffla entre ses dents, et plissa les yeux, l’air de dire « qu’est-ce que tu fous ici », puis se détacha du grand blond pour me fixer de haut en bas.

-D’abord, tu ne m’appelle pas comme ça. Ensuite, tu peux très bien rentrer tout seul, tu connais le chemin, non ? me lança-t-elle.

-Je suis venu à pied, j’espérais que tu pourrais me ramener.

-Tu es venu à pied ? Et bien, tu peux très bien rentrer à pied.

Et sur ce, elle me contourna et sortit avec son groupe d’amies. Seul le blond resta planté devant moi.

-Tu ne la suis pas, demandais-je, d’une voix lassée.

-Écoutes, mec, tu diras à Chrys que je t’ai dit de ne pas t’approcher d’elle, ou quelque chose qu’elle se plaira à entendre. En attendant, ma voiture est garée pas loin, si je peux t’arranger.

-Oh...merci, mec, c’est cool.

- Appelle-moi Ben, comme tout le monde.

-Pigé. Moi c’est...

-Chris. T’inquiète, Chryssie nous a prévenu. T’as pas l’air aussi chiant qu’elle le dit.

-Mais je ne suis pas chiant.

Il me donna un tape dans le dos, et nous descendîmes et marchâmes jusqu’à sa voiture. Une décapotable rouge chromée. On était dans un lycée public pour gosse de riches, ou bien ?...

Je montais sur le siège passager en calant mon sac contre mes jambes, et attendis qu’il démarre. Je croisais les doigts pour qu’il ne s’agisse pas d’un coup monté par Chrys, mais que Ben était un gars sincère.

-Pourquoi Chrys est aussi médisante à mon égard ? Lui demandais-je.

-Tu sais, man, Chrys n’est pas vraiment comme ça. Je ne devrais pas te le dire, mais elle a détruit trop de gens pour se soulager, et t’as l’air d’un mec bien.

Je le regardais sans comprendre. Ainsi, Chryssie n’était pas une garce manipulatrice, sans cœur, et fille à papa ? Tenez donc, on peut toujours apprendre...

-C’est comme ça depuis l’école primaire. Même depuis la maternelle, depuis Eva et Abbey. Je ne la connais que depuis neuf ans, et ce n'est que maintenant que j'arrive à la cerner.
Ses parents n'ont jamais été là. Même pendant ses anniversaires, qui étaient énormes, ils partaient après le gâteau. Il n'y avait que Rosia, qui était déjà au service de la famille, qui restait avec nous. On voyait bien que Chrys souriait en façade, mais elle ne s'est jamais plainte ouvertement. Jusqu'il y a trois ans. Elle voulait organiser un campement d'une semaine dans la forêt où on a  fait le bizutage. Et bizarrement, ses parents ne voulaient pas. Alors elle a fait une fugue. Même nous, on l'avait senti, mais les parents de Chrys, ils ont rien vu venir, et tu sais quoi, mon gars?

Je secouais la tête. Même si j'avais une petite idée.

-Beh rien, ils ont rien fait. Ils se sont dit qu'elle allait revenir. Alors, forcement, elle est revenue, au bout d'une semaine. Elle est allé chez le psy de l'école, puis c'était fini. Elle est devenue cassante, elle agressait ceux qui ne la considérait pas comme reine de l'école, ce qui ne l'enviait pas, ceux qui la prenait de haut. Elle les a tous écrasés, du jour au lendemain. Sauf nous. Nous, on est resté ses potes, parce qu'on l'avait presque toujours été, que nous, on était toujours là si elle avait besoin. Elle nous le rendait. Elle voulait tout nous payer, qu'on dorme tous chez elle, elle nous a emmené dans des endroits que l'on ne pouvait pas s'offrir. Elle aimait bien jouer à ça. Et on est rentré au lycée. Elle s'est calmée avec tout le monde, et a fait d'une pierre deux coups. Tout le monde s'est mis à l'aimer, à part les profs. Elle se sentait mieux. Elle nous disait que, plus ses parents étaient loin, mieux elle se sentait bien. On savait bien que ce n'était pas vrai, mais tu vois, man, on est que des ados. Ses parents s'en foutent. Je critique pas, ils font un super boulot pour ton frère, pour toi, tout ça. Mais si au moins ils s'interessaient un peu à elle, je pense que ça lui ferait du bien.

Il tourna la tête, et me lança.

-Voilà. Je pouvais pas faire un détaillé de sa vie, mais c'est le minimum que tu dois savoir. La brime pas, mais ne la prends pas en pitié non plus. Elle est forte, mais elle a besoin de soutien. C'est ce qu'on pense tous.

On était arrivé. La moto de Chryssie siègait dans l'allée.

-Merci, mec. C'était cool de m'avoir dit tout ça, lui dis-je en sortant de la voiture.

-Ouais. A dem', mon gars. Si t'as besoin de quelqu'un pour t'amener, je peux passer te prendre.

-Ok.

J'enregistrais son numéro de téléphone, puis je me dirigeai vers la maison. Je vis les rideaux de la chambre de Chrys se refermer. Elle devait jubiler. Ou pas. C'était tout de même son meilleur ami qui m'avait ramené. Deux points pour moi. Zero pour elle.

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Au fait, j'ai enfin trouvé le "character" de Moon, c'est elle sur la photo ! C'était comme vous vous la représentiez, ou bien?... Je voulais la faire en Emo, et pas en gotique, en fait (oui, c'ets PAS pareil...)

Win or FallOù les histoires vivent. Découvrez maintenant