Chapitre 23 - Une jeune oiselle pleine de vie

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J'arrivai chez moi, et comme à mon intuition, je trouvai la fameuse lettre sur mon bureau. Ne pouvant plus attendre, je décachetai le sceau "Joie ; 7". Mais avant de la lire, souhaitant varier un peu le plaisirs, je commençai par la fiole habituelle. Celui-ci était d'un jaune quelque peu doré, comme le pistil d'une pâquerette. Sa texture rappelait celle d'un beurre pour le corps et différait grandement des liquides précédents. Je l'ouvris et approchai mes narines pour en humer le parfum. Cela sentait la crème au citron des tartelettes meringuées. Simple et raffiné.

Je débutai alors ma lecture :

Joie

C'est le parfum du pain frais à la boulangerie, le chant des oiseaux au printemps, le silence des flocons de neige qui virevoltent, la mélodie des vagues qui s'échouent sur la plage. Ce sont les rires des enfants dans les parcs, les yeux qui pétillent, les caresses des rayons du soleil au réveil, les sourires qui illuminent les visages, les nuits étoilées, les journées de pluie devant la télé, le parfum du gazon fraîchement tondu, la brise du bord de mer, les rêves, l'insouciance, la liberté, l'envie, les plaisanteries, le plaisir, l'amour.

La joie ne se définit pas, elle se vit. Elle nous attrape, nous enrobe, nous embaume, nous contamine, nous submerge, nous dépasse. Et elle est contagieuse. Très contagieuse. Elle se partage, se multiplie, se transmet, elle panse, répare, allège, détend, soulage, elle aide, réjouit, donne une raison de vivre.

La joie, c'est tout ça, et plus encore. C'est surnaturel. Ca ne s'explique pas. Ce sont toutes ces petites choses du quotidien qui font battre nos cœurs, qui nous font sourire, qui nous rendent heureux, qui nous font dire « voilà une belle journée qui commence ». Il y a de la joie, de l'espoir et de la beauté dans tellement de détails insignifiants qui nous entourent à chaque pas de plus dans ce monde.

J'ai toujours apprécié faire rire mon prochain. Conquérir un sourire franc me rend joyeux. J'aime passer du temps dans la nature, flâner au gré du chant des grives, lire un bon bouquin, admirer les nuages... Tout comme j'aime passer du temps avec des amis, boire un verre, aller au cinéma ou ce genre de choses. Mais ce qui me rend vraiment joyeux, d'une joie euphorique et sincère, qui se lit sur mon visage, c'est bien d'aider autrui par l'humour, faire rire la galerie (comme on dit), et voir le bonheur se peindre sur les visages.

La joie permet de s'accrocher dans la difficulté. Elle nous aide à remonter la pente dans l'épreuve. C'est une force, un rocher, une lueur dans le tunnel, un regain d'espoir pour continuer à avancer.

C'était mon pilier lorsque j'eus pris la décision d'accomplir la mission de la fameuse lettre, celle-là même qui me permettrait de rejoindre les miens, d'être à nouveau accepté et digne de confiance. Ce jour-là, ma mission tomba littéralement du ciel. A peine m'étais-je résolu que je dus ramasser, soigner et raccompagner une jeune oiselle tombée du nid.

J'étais bien décidé à lui venir en aide. Après avoir pansé ses blessures physiques, je compris que son cœur devait être bien lourd pour s'être retrouvé dans une telle situation. Lui insuffler quelque peu la joie de vivre pourrait peut-être l'aider? Je ne comptais pour le moins pas l'abandonner. Mais ce que je n'attendais pas, c'était que cette jeune oiselle bouleversât ma propre vie...

Je fus émerveillée par cette lettre. De toutes celles que j'avais reçues jusqu'ici, c'était ma préférée. Une aura magique et authentique s'en dégageait. Taylor s'était vraiment dépassé cette fois ! Désireuse de l'en informer, j'allumai mon ordinateur et rédigeai un mail qui se voulait encourageant :

Cher Taylor*,

Wahou ! Votre dernière lettre m'a littéralement conquise tout entière. Il en émane tant d'émotions ! Cela me donne envie de sortir et de capturer avec chacun de mes sens tous les petits plaisirs que la vie nous offre chaque jour :)

Les longues listes descriptives sont d'un style particulier qui ne saurait être du goût de chacun, mais pour ma part, cela me transporte dans cet univers tout particulier qu'est le vôtre. Et cela, je le dois également à toute la partie personnelle que vous ajoutez en comparaison aux précédentes lettres.

Vous m'aviez dit que ces lettres parlaient de vous, eh bien je suis ravie d'en apprendre un peu plus sur l'auteur insaisissable que vous êtes. Il faut dire que vos écrits ont trouvé le chemin jusqu'à ma chambre d'une façon assez inattendue et fort étrange...

De plus, on a également accès à la suite de l'intrigue débutée tout au début. C'est excitant ! J'en déduis que la « jeune oiselle » est une métaphore et pourrait représenter une jeune femme ? Vous dites dans votre première lettre que la mission requise consiste à aider « une personne en détresse »... A moins que les animaux comptent aussi ?

Cette question était peut-être stupide, mais l'on m'avait souvent répété qu'il n'y avait pas de question bête... (on me l'a peut-être trop répété).

Vous avez affirmé que le contenu de l'histoire qui se mêle aux réflexions philosophiques correspond à votre vécu... Mais je suppose qu'il y a tout de même une part romancée ?

J'espère ne pas vous importuner avec un mail aussi long... Bien à vous,

Sakura Valsky

*PS : J'espère que cette appellation vous convient.

Je me relus rapidement puis envoyai mon mail, tout de même un peu mal à l'aise d'écrire à un parfait inconnu sur son texte. Pourtant, je le faisais bien sur Wattpad, alors pourquoi cela me dérangeait ? Il n'y avait pas de raison.

C'était l'un des points qui me plaisait sur cette application d'ailleurs, elle permettait d'échanger avec les auteurs, de les encourager, leur faire des suggestions, éventuellement de signaler les petites coquilles...

Une histoire est d'autant plus intéressante qu'elle est vivante, on peut poser des questions en cas d'incompréhension ou de doute, il y a aussi cette position magique de l'auteur qui sait ce qui va se passer et du lecteur qui imagine la suite, c'est génial de pouvoir en discuter !

Après ce moment d'égarement, je décidai d'aller cuisiner et continuai ma journée avec à l'esprit le rendez-vous basket bien plus que la lettre Joie.

Une fois l'heure fatidique du tête à tête arrivée, je respirai profondément pour tenter de mettre mes idées au clair. Fermant les yeux, un parfum d'amandes, semblable à celui sur la plage, s'approcha de mes narines et m'enveloppa d'une douceur apaisante. Quand j'ouvris les yeux, j'aperçus Matthew me saluer de loin, et toute once de stress m'avait quittée. Seule l'envie de m'amuser accaparait toute mon attention.

Je passai une bonne heure à jouer avec mon acolyte, ou plutôt mon jeune professeur musclé et basané et, mine de rien, à m'améliorer un tant soit peu. Je marquai même un panier qui me valut les applaudissements de Matthew et un éclat de rire franc et grave face à ma « danse de la joie », qui faisait fortement penser à celle de Lou dans la BD du même nom. Ce fût le sourire aux lèvres et le visage empourpré que je regagnai ma maison.

Le parfum de l'arc-en-cielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant