Lune de sang [BoyxBoy]

Un danger pour soi-même

Les secondes défilent et je me perds petit à petit dans son monde. Ce dernier semble jonché de poésie et d'amour mais malgré tout, j'ai peur de tomber dedans. C'est comme si, si je me laissais faire je n'avais aucune chance d'en ressortir plus tard. Je ne méfie jamais des gens et c'est un de mes plus grands défauts. On m'a souvent dit que j'ai un trop grand cœur et que je vis dans le monde des bisounours. Je n'arrive pas à faire attention à autrui, je ne parviens pas à me dire que des personnes sur cette planète ont un mauvais fond. Je fonce tête baissée, m'offrant corps et âme à ceux qui semble me porter un peu d'attention. Je me projette probablement trop d'ailleurs, ne serait-ce qu'un bisous, qu'un contact, tout ça me fait m'imaginer des choses. J'ai l'impression que si quelqu'un entre dans mon univers, c'est pour toujours et alors je me livre, je ne cherche pas à dresser des barrières et je laisse simplement la pureté de mon amour m'envahir et envelopper celui que j'aime. Car oui, je tombe vite amoureux ou du moins j'en ai l'impression. Quand je repense à lui, je me demande si c'était sincèrement de l'amour... Peut-être que ça n'était qu'une illusion ? Peut-être qu'en réalité j'avais la sensation que ça en été alors que je me berçais de mirages amers.

Comment ce serait avec Raphaël ? Je devrais me méfier pour mon bien être mais je n'y parviens pas. Je veux juste plonger dans son monde. J'observe mon charmant voisin et finis par revenir à la réalité et à fixer le bout de papier sur lequel nous communiquons. Il m'a vraiment dit que je le rendais fou ? J'écris, un petit sourire pendu aux lèvres :
" Tu veux peut-être faire une séance de psy avec moi ?"

Raphaël lit mon petit mot et ricane doucement. J'ajoute :
" Au moins je ne serais pas le seul à être diagnostiqué fou."

- Sauf que si je fais une consultation avec une psy, elle ne pourra pas me diagnostiquer comme tel.
- Pourquoi donc ?
- Parce que tu ne seras pas dans la même pièce que moi, elle ne verra pas la manière dont je te regarde en permanence.

Sa déclaration me fait rougir profondément. Mes yeux s'arrondissent tels des billes et je finis par regarder ailleurs, n'arrivant plus à soutenir son regard intense. Pourquoi il a dit ça ? Il fait battre mon cœur si vite, c'est pas normal du tout ! Une chaleur significative commence à remonter le long de mon être. Je me pince les lèvres pour masquer le sourire qui me gagne petit à petit. Il parvient à me faire oublier tous mes tourments et c'est si agréable. Je ne pense plus aux poids de mes actions ou de mes mots. Le passé et le futur semblent lointain. Seul le présent à ses côtés compte et me fait me sentir vivant et moi-même. Je gribouille sur la feuille : 
" Je ne vois pas pourquoi tu passerais ton temps à me regarder..."

Il mange un nouveau chocolat et hausse simplement les épaules. Je pourrais jurer qu'il est en train de rougir, ce qui me fait fondre de l'intérieur. Je souris doucement comprenant alors qu'il n'ose pas parler de cette possible attirance entre nous. Je pense que dans le fond nous n'avons pas besoin de mettre des mots dessus. Elle est là, nous tient en haleine et nous pousse l'un vers l'autre à l'infini. C'est indescriptible en réalité. Et pourtant je n'arrive pas à y croire, il est tellement plus beau, plus drôle, plus charmant, plus attentionné... Il y a tellement d'adjectifs mélioratifs que je pourrais utiliser pour le décrire que je manque de vocabulaire. Raphaël se saisit du stylo et répond par l'écriture :
" Pour la même raison qui te pousse à m'observer lorsqu'on est tous les deux ?"

Me sentant pris au dépourvu parce qu'il a dit je m'empresse de rétorquer :

- Je vois pas de quoi tu parles !

Sauf que ma réponse était bien trop précipitée et hésitante. Ma voix tremblante résonne encore dans mes oreilles. Mais quel idiot je suis ! Comment il a pu remarquer que je le regarder autant ? C'est si évident que ça ? Je me sens réellement bête maintenant... En même temps comment je pourrais me retenir ? Il m'attire par delà le raisonnable...