Quand les mots s'effacent

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Après avoir croisé Raphaël hier soir, je n'ai pas osé ressortir de chez moi pour voir s'il m'avait mis un mot dans ma boite aux lettres. Il n'a pas toqué à ma porte, ni même collé de petit post-it décoré d'une de ses jolies fleures. Dans le fond je me suis senti un peu déçu, j'aurais voulu continuer à lui parler par petits papiers. Ça ne m'aurait pas dérangé de devoir descendre au rez-de-chaussée plusieurs fois dans la soirée pour pouvoir discuter avec lui, loin de là. De toute manière je n'ai pas grand chose à faire chez moi... Je m'ennuie, je suis seul et je n'ai rien envie de faire. J'ai d'ailleurs passé toute ma journée à ne rien faire. J'ai essayé d'étudier un peu mais en réalité j'angoisse. Plus les jours passent, plus les heures s'écoulent, plus je sens cette angoisse monter en moi et me taquiner machiavéliquement. Toutes les pensées malsaines et torturées de mon esprit s'amusent à m'embêter. Chaque seconde devient alors un calvaire pur. Tourmenté par le stress des études, des examens que je dois rattraper, par l'obtention de mon diplôme et par ce manque de vie sociale qui m'achèvent petit à petit.

Je regarde l'heure, il est bientôt 18 heures. J'attends impatiemment cette heure précise depuis que j'ai ouvert les yeux ce matin. J'ai vraiment l'impression que Raphaël va chercher son courrier tous les jours à la même heure et celle-ci se trouve être 18H00 alors je n'attends qu'une seule chose, pouvoir aller lui parler. Même si ça n'est que pour lui adresser quelques mots idiots et maladroits, je serais heureux. Ça me permettrait de sourire ne serait-ce que pendant quelques minutes dans cette journée infernale. J'ai l'impression que mes études me brisent petit à petit, c'est comme si j'avais perdu le gout de vivre. Aller en cours ne m'aide pas non plus, lorsque je suis à la fac je me retrouve seul, dans mon coin à regarder d'un œil envieux tous ces groupes qui se sont formés et qui semble si soudés. Et moi, je suis coincé dans mon mutisme à passer mon temps à les envier de manière malsaine. J'aimerais aller vers eux mais quelqu'un me contredit en moi. Dans un premier temps une sensation de gêne et d'embarras me tient en otage, je ne me sens pas légitime et j'ai peur d'être une nuisance. Et d'un autre côté c'est comme si au fond de moi je n'en avais pas envie. Je ne saurais comment décrire cette sensation de vide qui me traverse et me fait souffrir. Ce creux tout particulier est là, dans mon cerveaux et à chaque fois qu'une idée pour m'occuper ou changer ma vie me traverse, elle est rapidement inhibée pour laisser place au néant.

Comme si j'avais perdu le gout de vivre.

Alors, savoir qu'il est bientôt 18h me maintient en vie. Je sais qu'au plus profond de mon être je trépigne déjà d'impatience. Je me lève donc de mon lit et me dirige d'un pas joyeux vers ma porte d'entée. Je préfère partir un peu en avance, ce serait gênant de croiser Raphaël dans le couloir, j'ai peur de ne rien trouver à lui dire et qu'il se lasse. Je le comprendrais après tout, je suis loin d'être une personne intéressante. Je suis même parfaitement insipide, fade. Je secoue la tête pour chasser ces pensées parasites et m'empresse de sortir de moi pour aller jusqu'à ma boite aux lettres.

Comme toujours, je sais que je n'aurais pas de courrier. Mais ça n'est rien. Avant, cela m'aurait rendu triste mais désormais j'ai trouvé quelque chose de plus fascinant quand je viens ici : la présence de mon charmant voisin. J'ouvre ma boite aux lettres et remarque alors une lettre. Je détaille cette dernière, n'osant pas la toucher, j'attends. Le cœur battant de plus en plus vite et ce creux de stress me nouant la gorge de plus en plus fort.

- Salut.

Alors que je suis cachée par la porte de ma boite aux lettres, je manque presque de cacher ma tête dans cette dernière, je sais que je souris déjà comme un idiot. Mes lippes sont tirées dans un parfait sourire qui remonte jusqu'à mes tempes. Je m'éclaircis un peu la voix et passe mes mains sur mes joues brûlantes.

Lune de sang [BoyxBoy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant