[72] C'est le grand débarquement.

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J'en ai enfin fini avec mon trentième tableau

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J'en ai enfin fini avec mon trentième tableau. Mais au lieu de me réjouir je me laisse tomber en arrière dans un lourd grognement. Mes nerfs agités me plongent dans un épais soupir.

- Plus que vingt, fais-je. Et il n'est que 15 heures de l'après-midi ! Youhou !

Pépito est cinglé, complétement timbré. S'il les veut, il sait qu'il aura ses cinquante tableaux. Il m'a déjà dans la paume de sa main. Même si je dois sacrifier mes dernières 24 heures à L.A. et me tenir isolé de mes proches pour combler ses caprices. Je n'ai pas le choix, mon avenir dépendra de lui.

Je brosse des mèches rebelles en arrière pour libérer ma vue. Je n'ai même pas eu le temps de petit déjeuner avec la bande. Je n'ai même pas eu le temps de déjeuner tout court ! Je lève les bras pour observer mes doigts colorés tout engourdis.

- Plus que vingt tableaux, répété-je. Quelle joie !

Je me redresse difficilement en me prenant le visage dans les mains. Mon souffle est agité quand j'en viens aux faits. Je n'aurais jamais fini à temps ! Mais je n'ai pas le choix, je dois y arriver. Pépito refusera de m'aider si je ne tiens pas ma part du marché. Si je veux m'envoler vers la liberté je vais devoir redoubler d'efforts. Cinquante tableaux. Je frappe le sol de mon poing et une vive douleur me prend aussitôt. C'est ridicule, la frustration ne résoudra rien.

Mon regard balaie la pièce et mes yeux se posent sur le portrait de Gaby et mini Gane. Je me lève pour contempler mon œuvre de plus près. Leurs yeux figés rencontrent les miens dans une délicatesse qui fait trembler mon cœur.

- Regarde-toi, lui adressé-je la parole, tu es plus belle que toutes les œuvres d'un musée d'art. Jamais je ne laisserai Pépito te faire du mal.

Je n'ose pas aventurer mes doigts tâchés sur le tableau. A la place, je les pose sur mes hanches et laisse mes yeux épouser les courbes des deux visages de peinture. Mon cœur soupire. Gaby avait raison. Je n'ai pas intérêt à toucher à cet avenir.

La tête lourde, je me détourne pour me remettre au travail. Mais je perd toute motivation quand je rencontre les vingt toiles vierges qui n'attendent que moi. J'ai envie de vomir ! Merci Pépito, maintenant je déteste l'art.

Je place une nouvelle toile sur le chevalet avant d'attrape un crayon et d'en mordiller le bout. Mon esprit est en pleine réflexion. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir dessiner ? J'avoue qu'après une trentaine de tableaux tous différents et uniques, je suis maintenant à court d'idées . Vingt tableaux. Vingt nouvelles idées. Je soupire en abandonnant le crayon au sol pour m'emparer de plusieurs tubes de peintures. Je serre les dents et la commissure de mes lèvres se relève. Pourquoi je me prend la tête, en fait ? Personne n'achètera ces tableaux. Ce qu'ils veulent c'est la drogue qu'ils dissimulent.

J'inspire un bon coup, l'esprit plus tranquille. Ce coup de folie, j'en prend toute la responsabilité. Je vide trois tubes de peinture sur la toile dans une logique inexistante. je prend ensuite un peu de distance pour avoir une vue plus globale. Soyons rudimentaire, mon cher Levi. Je récupère mon pinceau et me craque la nuque en inspirant un bon coup. Puis, je me met à donner des coups de pinceau aléatoires. Bien sûr, le résultat est absolument ennuyeux, si pas fade. Dans une tentative de relever un peu tout ça, je tartine mes paumes de main avec de la peinture blanche. Lorsque mon esprit réalise ce que je suis en train de faire, je me met à ricaner comme un enfant. Le processus va être ridiculement fun, mais le résultat affreux. Bon bah, il ne reste plus qu'à fermer les yeux.

Adam LaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant