[79] Face à la mer.

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Mes yeux s'ouvrent sous la lueur persistante du soleil

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Mes yeux s'ouvrent sous la lueur persistante du soleil. La première chose sur laquelle se pose mon regard est cette étendue d'azur qui s'étend à l'infini. Je me sens réellement vivant lorsque mon corps frissonne sous la brise marine. Mes doigts glissent doucement sur le tissu trempé de ma combinaison rouge, avant de décoller une algue collée sur mon front.

Puis je lève le poing, victorieux. J'ai survécu. J'aperçois au loin une mouette disparaitre derrière ma poigne, avant de réapparaitre quelques secondes plus tard. Elle poursuit sa route dans le ciel, ses cris sont presque étouffés par le bruit d'un moteur en marche.

- Cap' ! Les gars ! (Un visage plein de vitalité apparait alors dans mon champ de vision.) Venez vite, je crois qu'il s'est réveillé !

Je reconnais cette langue étrangère et soupire intérieurement. Bon Levi, il est temps de passer en mode baguette. Je remarque que la paire d'yeux s'est rapidement multipliée. Trois, six, on atteint vite la dizaine de regards qui suivent chacun de mes gestes. Je réalise alors que je me trouve sur le pont d'un bateau. Je me racle la gorge, espérant que ma voix ne craque pas.

- Yo les gars, ça baigne ?

Elle a craquée ! Oh la honte !

- Ca coule pas en tout cas ! éclate de rire l'un des matelots. T'es marrant toi.

Les inconnus rient tous ensemble de mon jeu de mot, et j'avoue que ça me donne la pêche. Ils sont vêtus légèrement, avec leurs larges épaules dénudées et leurs poitrines velues sous un fin débardeur. Leur odeur mêle le parfum salé de la mer à celui de la sueur. Des matelots. Un grand brun me tend la main pour m'aider à me relever. Ses cheveux bouclés ondulent au gré du vent et son sourire est si gros qu'il me met de bonne humeur à mon tour. Il ne parait pas bien plus âgé que moi, comparé à ses compagnons.

- Bon retour parmi les vivants, souffle-t-il.

Je prends sa main mais mon regard diverge derrière lui. Mon cœur se serre à la vue de la falaise qui s'éloigne. Elle me parait déjà si lointaine, emportant avec elle tout ce que j'ai. Mais ce n'est pas elle qui s'en va, c'est moi.

Mes pensées sont tout de suite interrompues par le brouhaha ambiant. Un vieil homme s'avance dans notre direction sous un air nonchalant et l'équipage ne peut que s'écarter de son chemin. Je perds patience tellement la marche de l'énergumène est lente. Il s'avance à petits pas, sa posture penchée en avant, et les mains bien serrées autour de sa canne. A mon grand soulagement, le papy s'arrête enfin pour mieux m'examiner du regard. Il me dévisage tout en mastiquant un épi de blé. Je lui souris pour toute réponse et le vieil homme finit par cracher son épi au sol pour mieux grommeler :

- Amenez-le dans ma cabine !

Je n'ai pas le temps de demander ce que me réserve ce sort que le vieillard a déjà fait demi-tour.

- Il a l'air grincheux, le papy.

- N'y fais pas attention. Le cap' a toujours été comme ça.

Adam LaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant