Epilogue

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Le Petit Voleur

Il était une fois, dans un pays lointain, un petit garçon qui n'avait pas de cœur.
Il errait sans but et sa vie était dénuée de sens. Il se sentait si seul qu'il avait peur d'être oublié. Après tout, qui se souviendrait d'un petit garçon sans cœur ?
Il était si malheureux qu'il pleurait tous les jours près de la rivière sans eau. Un jour, une petite fée qui passait par là entendit ses sanglots.

"Petit garçon, pourquoi es-tu si triste ?" , lui demanda-t-elle.

"Je voudrais tellement avoir un cœur," lui répondit-il. "Mais ma poitrine est vide."

"Un cœur ? Mais à quoi ça te servirait ? Regarde-moi, j'ai de jolies ailes qui me permettent d'aller partout."

Le petit garçon regardait sa paire d'ailes avec intérêt. C'est vrai qu'elles étaient jolies.

"Tu veux bien me les donner ?", lui demanda-t-il.

"Je pensais que c'est un cœur que tu voulais ?"

"C'est vrai qu'un cœur ça ne sert à rien. Je préfère des ailes qui m'emmènent partout où je souhaite aller. "

"Je suis désolée, petit garçon. Mais j'aime trop mes ailes pour te les donner. Je peux cependant t'offrir mon cœur si tu le veux."

Le petit garçon était très en colère. Il ne voulait plus d'un cœur ! Alors il bondit sur la pauvre fée et la dévora d'une traite. Miam-miam, croc-croc, gloups. Le petit garçon était heureux. Les ailes qu'il avait volées poussaient à présent sur son dos. Elles étaient si belles et si grandes qu'elles pouvaient l'emporter partout. Alors il s'envola dans le ciel.

Après plusieurs jours, le petit voleur se lassa de ses ailes. Il arriva dans un village où tout le monde avait un cœur, mais personne n'avait d'ailes. Le petit voleur était si triste qu'il se mit à pleurer.

"Petit enfant, pourquoi es-tu si triste ?", lui demanda le boucher du village.

"J'ai des ailes, mais elles ne me rendent pas heureux. Je voudrais tellement avoir un cœur."

Le boucher était un homme grand et fort. Mais il était comme le petit voleur. Il n'avait pas de cœur.

"Monsieur le boucher, où est votre cœur ?", l'interrogea le petit voleur.

"Je l'ai échangé il y a longtemps contre une grande force."

"C'est vrai que vous avez l'air très fort. Moi aussi je veux être fort."

"Je pensais que c'est un cœur que tu voulais ?"

"C'est vrai qu'un cœur ça ne sert à rien. Je préfère avoir une grande force."

"Je peux partager avec toi ma grande force, mais en échange tu devras aller à la guerre à ma place."

Le petit voleur accepta la requête du boucher. Quand il revint enfin de la guerre, il était devenu le petit soldat taché de sang.

"Voilà, je suis allé à la guerre à votre place. Je veux être fort maintenant."

"Tu es déjà fort," lui répondit le boucher, "puisque tu es allé à la guerre et en es revenu. Mais je peux te donner un cœur, puisque je suis boucher."

Le petit garçon était très en colère. Il ne voulait plus d'un cœur ! Alors il bondit sur le boucher et le dévora d'une traite. Miam-miam, croc-croc, gloups. Le petit voleur était heureux. Il se sentait fort et puissant.

Après plusieurs jours, le petit soldat se lassa de sa force. Alors il s'envola dans le ciel avec ses ailes. Il arriva dans le dernier village où tout le monde avait un cœur, mais personne n'était fort. Le petit voleur était si triste qu'il se mit à pleurer.

"Pourquoi es-tu si triste ?" , lui demanda un grand garçon.

"J'ai des ailes et je suis fort, mais ça ne me rend pas heureux. Je voudrais tellement avoir un cœur," lui répondit-il. "Qu'est-ce qui te rend heureux, toi ?"

Le garçon était ravi qu'il lui pose la question.

"J'aime beaucoup mon nom, il me rend très heureux."

"Et quel est ton nom ?"

"Je m'appelle Adam. C'est un si joli nom, n'est-ce-pas ?"

C'est vrai qu'il avait un très joli nom. Le petit voleur l'enviait beaucoup, lui qui n'en avait pas.

"Tu as un nom si fabuleux. Je le veux ! Donne-moi ton nom."

"Je ne peux pas te donner mon nom." lui répondit le garçon. "Je pensais que c'est un cœur que tu voulais ?"

Le petit garçon était très en colère. Il ne voulait plus d'un cœur ! Alors il bondit sur le grand garçon et le dévora d'une traite. Miam-miam, croc-croc, gloups. Le petit voleur était heureux. Il s'appelait Adam à présent. Quel nom merveilleux. Le petit voleur aimait vivre la vie d'Adam, dans sa jolie maison avec sa gentille maman.

Mais après plusieurs jours, le petit voleur se lassa de son nom. La maman réalisa que le petit garçon n'était pas Adam.

"Tu as pris la place de mon fils ! Tu es un monstre !"

Alors le petit voleur s'envola dans le ciel. Il était si triste. Il ne voulait pas être un monstre ! Il retourna alors auprès de la rivière sans eau et y pleura pendant des jours. Le petit voleur pleurait si fort qu'il inonda la rivière. Les flots dévalèrent la berge et s'abattirent sur les villages. Le pays était en train de périr.

Le petit garçon se sentait si faible. Il avait des ailes, une grande force et un nom, mais il ne pouvait pas arrêter la rivière. Alors il recracha toutes les personnes qu'il avait avalées, renonçant à toutes ces choses qu'il leur avait volées.

"Je suis désolé. J'ai noyé le pays dans mon chagrin.", leur dit-il. "Vous avez le droit de me punir."

"Qu'as-tu de précieux ?", lui demandèrent-ils.

"Je n'ai rien, si ce n'est ma liberté."

"Alors nous te prendrons ton corps, et tu ne pourras plus jamais parcourir le pays que tu as détruit."

Le petit voleur accepta. Son corps avait disparu, mais son esprit s'élança dans les eaux qui saccageaient encore le pays. Il réussit ainsi à posséder les flots. Le petit garçon libéra le pays et se jeta dans le nid de la rivière sans eau pour la remplir. Ainsi, le petit voleur était devenu l'esprit de la rivière.

Le sacrifice du petit garçon avait sauvé le pays. Mais personne ne voulait lui porter compagnie. Le petit garçon se sentait si seul, si éloigné du reste du monde.
Un jour, la petite fée lui rendit visite.

"Pourquoi es-tu si triste ?"

"Je me sens si seul à présent. J'ai peur d'être oublié."

La petite fée se baigna dans les bras de la rivière pour l'enlacer.

"Je serais à tes côtés pour toujours," lui dit-elle. "Et tu ne te sentiras plus jamais seul. Ne sois plus triste. Je resterai dans tes bras, et mon cœur sera le tiens."

Le petit garçon était si bouleversé. Il avait tout perdu mais il ne s'était jamais senti aussi vivant. Il ne lui manquait plus qu'une chose pour qu'il se sente enfin complet. Un nom rien que pour lui.

Levi. C'était un si joli nom que personne ne pourrait jamais l'oublier.

FIN

Adam LaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant