16. Le premier jour

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Jean et l'Amiral rejoignirent Magdala à la tombée de la nuit. Le spectacle des deux soleils d'Éden se couchant sur l'océan, derrière les coupoles, les impressionna à tel point qu'ils s'arrêtèrent quelques secondes afin de l'admirer. Jean ne put s'empêcher de rompre le silence de cet instant magique.

— Cet endroit est vraiment magnifique n'est-ce pas ?

— En effet, répondit-elle sans même le regarder, en murmurant, comme perdue au fond de ses pensées...

Il n'insista pas et décida de la laisser méditer quelques instants. Ils ne se remirent en marche qu'après quelques longues minutes... Les autres membres de l'équipage de la frégate étaient assis en face de leur tente, attendant le retour de l'Amiral. Ils se levèrent en la voyant enfin arriver au loin, accompagnée de Jean. Les deux filles s'élancèrent vers elle afin de s'assurer qu'il ne lui était rien arrivé. Elle accepta en souriant leur chaleureux accueil, tout en se dirigeant vers le Chef d'escadrille qui s'apprêtait à prendre la parole :

— Amiral ! Nous commencions à nous inquiéter. La nuit est en train de tomber...

— Ne vous en faites pas, répondit-elle. Tout s'est très bien passé. Comme vous pouvez vous en rendre compte, je suis toujours saine et sauve... Comment fut votre journée ?

— Nous avons fait le tour des installations avec l'une des Indésirables... Elle nous a demandé de nous adresser à elle en l'appelant « Marie ». Ils ont tous choisi des dénominatifs de ce genre dans le but de se distinguer les uns des autres. Je dois dire que c'est assez compliqué. Jusqu'à présent je ne me souviens que de celui-là : Marie !

— Permettez-moi alors à mon tour de vous présenter « Jean », reprit l'Amiral... Il m'a fait rencontrer son Guide dans la grotte où nous nous sommes rendus. Je dois vous avouer que ce qu'il nous a raconté fut pour le moins surprenant. Mais il se fait tard, nous devons nous adapter au rythme de nos hôtes...

— C'est exact Amiral, répondit le CO. Ils sont déjà dans leurs tentes. Nous les avons aidés à les reconstruire sous les coupoles. La tempête qui vient de s'abattre sur eux a fait d'énormes dégâts. Nous avons de la chance qu'elle se soit arrêtée avant notre arrivée... Ils nous ont dit que celui qui s'appelait Jean nous expliquerait tout ce que vous avez appris dans la grotte, cette nuit, durant la pleine lune. C'est comique ; ils appellent cette énorme planète... « Luna », je crois. Ils donnent non seulement des noms aux personnes, mais aussi à leur cité, aux planètes et aux étoiles... Nous nous sommes également aménagé une tente. Elle est un peu à l'écart des autres. Regardez, c'est la plus grande de toutes. J'ai pensé qu'il serait bon que nous restions groupés durant nos périodes de sommeil.

— Vous avez bien fait Commandant. Je vais m'y rendre de ce pas. J'ai besoin de calme pour digérer toutes les informations que nous venons de recevoir !

Ils suivirent leur Amiral dans la tente où ils avaient aménagé sept petites loges distinctes, grâce à de multiples rideaux. Elle ne prit même pas la peine de se déshabiller et s'allongea directement sur son couchage. Personne n'osa plus dire un mot, de peur de la déranger. Ils s'endormirent doucement.

Jean, quant à lui, se rendit vers sa toute nouvelle demeure devant laquelle Marie Madeleine l'attendait. Leurs quatre petits chérubins étaient déjà assoupis. Il se blottit tendrement contre elle et ne tarda pas, lui non plus, à sombrer dans un sommeil profond entre ses ailes protectrices...

****

Durant ce temps, les six membres des Forces Spéciales avaient établi leur bivouac au sommet d'une des plus des hautes collines surplombant les installations des insurgés. Trois d'entre eux montaient la garde pendant que les autres se reposaient. Un appel émanant de la frégate les sortit de leur somnolence.

— Bleus, du FXL350, quelle est votre situation ? Le Second désire que vous le contactiez en fin de journée pour nous relater en détail ce qu'il s'est passé de votre côté.

— Bien compris FXL350. Prévenez-nous quand il sera prêt à recevoir notre rapport.

— Je suis là, Bleus... Vous pouvez commencer tout de suite, répondit le Second.

— Nous sommes bien arrivés en position Commandant. Pas de blessé ni de perte. Personne n'a pu nous voir ; la navette nous a largués à très basse altitude dans l'obscurité de l'aube. L'Amiral et son groupe se sont posés à proximité des installations des Indésirables, comme prévu. Ils sont tous indemnes également. Les insurgés sont immédiatement venus à leur rencontre... Il s'est alors passé une série d'événements incroyables. Ce fut tout d'abord une femme ailée qui prit son envol juste au-dessus d'eux... suivie de quatre petits enfants, ailés eux aussi ! Nous avons ensuite vu la navette décoller avec l'Amiral, ses deux gardes du corps, ainsi qu'un des Indésirables à son bord. Cela ne nous a pas semblé trop grave, ils sont sans doute allés inspecter les environs... Mais, le pire de tout, en début d'après-midi, l'Amiral s'est éloignée du campement avec l'insurgé qui était avec elle dans la navette. Ils ont disparu dans la végétation pour réapparaître il y a, à peine, quelques minutes...

— Quoi ?! s'écria le Second faisant s'écarter son interlocuteur d'un bon mètre de son poste radio. Ils ont laissé l'Amiral disparaitre dans les bois, toute seule avec un des insurgés ! Et ils ne sont revenus que quelques heures plus tard. Vous vous moquez de moi ? Qui sait ce qui a pu lui arriver ? Êtes-vous bien certain que ce soit notre Amiral qui soit revenue et non pas quelqu'un qui se fait passer pour elle ?

— Les membres de notre équipe semblent l'avoir reconnue. Je ne crois pas...

— Je ne vous demande pas de croire, Sergent. Je veux des certitudes ! Mais je sais que vous n'y pouvez rien... Je devrais plutôt me plaindre à votre Commandant d'escadrille et à l'Amiral pour son imprudence. Excusez-moi de m'être emporté si précipitamment. Espérons qu'ils sachent ce qu'ils foutent là en bas... En ce qui vous concerne, continuez de les observer et contactez-nous dès qu'il se passera quelque chose de spécial. J'ai comme l'impression qu'ils n'ont pas encore fini de nous surprendre ! Envoyez-nous les images que vous avez prises de cette femme ailée et de ses petits chérubins... juste pour vérifier que ce ne soit pas l'atmosphère de cette satanée lune qui vous fasse divaguer.

— Bien compris Commandant, répondit la sentinelle.

Homo Sum 3 : l'éveil de l'humanité (Episode 3 : Libération)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant