67. Ultime saut

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Nous nous empressâmes de descendre dans le hangar de maintenance, avant que notre vaisseau n'effectue un ultime saut qui nous fit adopter une orbite basse à l'intérieur de l'ancienne magnétosphère terrestre. Notre faible altitude nous permit, à nouveau, de voir notre planète d'un peu plus près.

Nous sortîmes de nos appareils et nous dirigeâmes vers le grand hublot pour y admirer le spectacle offert par l'Océan Mondial, parsemé çà et là de quelques petits continents.

On ne pouvait se douter, en le voyant ainsi, qu'il abritait ces gigantesques monstres marins que nous venions d'affronter. Il en allait de même pour les plaines et les forêts que nous survolions... qui aurait pu deviner d'ici qu'elles étaient infestées de ces terribles dinosaures que les Anunnaki y avaient réimplantés ?

Le Soleil disparut lentement, derrière la courbure de l'horizon, dévoilant cette fine couche d'atmosphère qui nous protégeait du vide et des radiations de l'espace. L'obscurité tomba rapidement et j'eus l'impression, pendant un bref instant, de pouvoir distinguer le Firmament de Lumière... entourant la Terre.

Cette planète paraissait si belle, si paisible. J'étais désormais certain qu'elle nous montrerait la voie à suivre afin d'atteindre les états de conscience supérieurs vers lesquels elle espérait nous emporter !

L'Amiral vint admirer ce magnifique spectacle à mes côtés. Elle me prit la main... pour la toute première fois. Cette sensation d'osmose corporelle et mentale qui nous unit alors nous transporta, en pensées, vers la Source... Nous n'y formions plus qu'une seule âme, comme à l'origine de notre création !

Elle m'annonça la bonne nouvelle :

Nous venons de recevoir un appel du Conseil Suprême. Nos trois Indésirables semblent avoir réussi à convaincre leurs collègues de s'allier à notre cause. La destruction de la base lunaire des Anunnaki nous a mis hors de portée de leurs représailles... pour l'instant du moins. Et lorsque le Firmament de Lumière sera complètement activé, ce sera à notre flottille, avec le support de celle du Commandant Ashtar, que reviendra la tâche de repousser leurs assauts éventuels !

— Je suis certain que les Forces de la Lumière arriveront à nous protéger Amiral, rétorquais-je. N'oubliez pas que nous venons d'entamer un nouvel « Âge d'Or »... nous devrions être à l'abri des assauts de l'Ombre pendant au moins 13 000 ans. J'espère que ce délai nous permettra finalement d'atteindre cette fameuse « Conscience Christique » !

Le professeur vint nous rejoindre. Il avait le teint blême et était tout ébouriffé. Après un bref instant de silence, ce dernier, n'en pouvant apparemment plus, prit la parole :

— Allez-vous enfin m'expliquer, Amiral ? Comment avez-vous fait pour nous ramener, tous, ici... en une seule pièce ?

— C'est grâce à vous, professeur. J'ai longuement réfléchi aux explications que vous nous avez données, de façon si didactique, avant notre retour vers la Fédération. Et je crois avoir finalement compris ce que vous nous avez expliqué à propos du voyage dans l'espace-temps... à l'aide de cette fameuse bobine de film.

— Ah bon... auriez-vous l'amabilité de venir éclairer mon esprit, de simple mortel, à ce sujet ? repris-je. Je comprendrai peut-être finalement ce qu'il vient de se passer !

— Certainement Jean, répondit-elle. Je te dois bien ça : la situation initiale de l'opération Dragon Blanc fut désastreuse... à tel point que nous vîmes nos trois escadrilles se faire décimer en à peine quelques minutes. Et... je sais que tu vas avoir du mal à me croire, mais nous vous avons également vus périr, toi et tes compagnons, sur nos écrans de contrôle... lors de votre premier retour !

— Premier retour ? Mais nous ne sommes revenus qu'une seule fois... avons-nous commis une erreur lors de la programmation de notre saut ?

— Pas du tout, Jean. C'est nous qui vous avons vu arriver à deux reprises, car j'ai décidé de nous faire effectuer un deuxième bond... dans le passé ! C'était la seule façon de sortir du bourbier dans lequel je vous avais entraînés. Comme je viens de te le dire : non seulement tes compagnons et toi-même, mais également la totalité des pilotes que nous avions éjectés furent exterminés par les soucoupes ennemies... ce fut un véritable carnage !

— Ce que j'ai vu arriver, à maintes reprises, durant mon rêve d'enfant était donc bien réel, réalisais-je. Il ne s'agissait pas de simples hallucinations ! J'ai bien trouvé la mort, dans l'espace, entouré de débris de chasseurs et d'autres cadavres... Et c'est donc pour ça qu'il y avait une deuxième frégate en face de la vôtre.

— ... et c'est pour cela que l'Amiral en a fait sortir les escadrilles qui furent décimées durant le combat initial, reprit le professeur qui commençait à comprendre le raisonnement de sa brillante supérieure.

— ... et qu'elle les embarqua, de même que mon équipe, dans la deuxième frégate avant d'exécuter son dernier saut vers notre position actuelle, continuai-je avec enthousiasme. Et que la première frégate disparut à l'endroit et à l'instant précis de votre bond dans le passé, faisant croire aux Anunnaki qu'elle venait de s'écraser !

— C'est bien ça, conclut le professeur, arborant enfin un sourire radieux ! Il faut comprendre qu'il n'y aura jamais qu'une seule bobine de film... rien ne se crée et rien ne se perd dans l'espace-temps. L'Amiral a coupé la bobine à l'instant de son saut dans le passé, pour la ramener quelques minutes, à peine, en arrière. Ce fut durant ces quelques minutes que deux frégates occupèrent le même espace-temps... Elle savait que la première d'entre elles allait disparaître de notre réalité à l'instant, et à l'endroit, où elle lui avait fait exécuter son petit voyage dans le passé...

— ...là où les deux bobines ne redevinrent plus qu'une ! reprit l'Amiral pour mettre fin à cette, bien trop longue, conversation.

Homo Sum 3 : l'éveil de l'humanité (Episode 3 : Libération)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant