Homo Sum 3 : l'éveil de l'humanité (Episode 3 : Libération)

50. Max

Cela faisait déjà quelques heures que les trois Intouchables s'étaient endormis dans leurs suites à bord de la frégate. Les conditions d'apesanteur leur permirent de sombrer rapidement dans un sommeil profond. C'est alors qu'une voix s'immisça dans le rêve commun qu'ils étaient en train de faire...

Tout comme ce fut le cas pour l'Amiral, Jean et le professeur, leur surprise fut grande lorsqu'un individu appelé Max, leur adressa la parole. Mais le réalisme de cette rencontre avec un esprit habitant les dimensions supérieures les motiva à porter une attention toute particulière à ce que ce dernier avait à leur dire. Ils reçurent, en à peine quelques instants, la plupart des informations qui furent divulguées à Jean par son Guide.

Ils découvrirent, à leur tour, la véritable histoire de l'humanité et les incessantes luttes qui opposèrent les Forces de l'Ombre à celles de la Lumière... afin d'en acquérir le contrôle. Ils se rendirent compte qu'ils n'étaient, en fait, que de vulgaires marionnettes, manipulées par d'autres pantins, dirigés eux-mêmes par des forces occultes dont la puissance dépassait, de loin, leur entendement. Ils apprirent ensuite le triste sort qu'avait subi l'Archange Lucifer, qui était à l'origine de leur organisation !

Enfin, ils comprirent que s'ils s'alliaient à ceux qui étaient venus à leur rencontre, avec tant de bienveillance, l'humanité aurait enfin une chance d'être libérée... tout en réalisant que le prix de cette libération signifierait, pour eux, la perte de leur immortalité !

Max leur révéla que seuls les enfants de la Source jouissaient de l'immortalité véritable : celle qui baignait dans la Lumière du parcours des âmes, et non celle qui se tarissait dans le cheminement tortueux de l'Ombre... Ils comprirent que leurs corps, régulièrement ressuscités, n'abritaient plus que des âmes mourantes ; comme cela fut le cas des Gris et de tous ceux qui s'étaient définitivement détachés de la Source !

Lorsqu'il fut à court d'arguments, Max les abandonna dans les bras de Morphée, en espérant avoir réussi sa mission... essentielle au succès de leur opération.

Les trois Intouchables se réveillèrent, le lendemain matin, plus exténués que la veille. Ils se réunirent dans la suite de leur supérieur afin de s'entretenir à propos de ce qu'ils venaient d'apprendre lors de ce rêve étrange... dont ils avaient tous trois gardé un souvenir précis !

— L'Amiral nous a bien eus, s'exclama le plus petit d'entre eux. Nous sommes tombés dans son piège comme de vulgaires souris !

— Que veux-tu dire par là ? demanda le gros, moins perspicace que son collègue.

— Ça suffit, cria leur chef pour mettre un terme à leur discussion. Il est vrai que nous n'aurions jamais fait ce genre de rêve lorsque nous étions à l'intérieur d'une magnétosphère... Ce qui me porte à penser que l'Amiral a intentionnellement désactivé celle de sa frégate. Elle doit donc être de mèche avec les Indésirables, ainsi que leurs mystérieux alliés. Mais je pense qu'il nous faut accorder l'importance qu'il se doit à ce que nous venons d'apprendre, grâce à elle. Ne réagissons pas trop hâtivement. Je voudrais lui faire passer un dernier test...

Ils se rendirent, sans plus attendre, vers la cabine de l'Amiral afin de lui demander si leur navette avait enfin été réparée. N'ayant plus aucune excuse pour les retenir à bord, cette dernière les accompagna vers le hangar.

Le Chef technicien prétendit avoir fait travailler son équipe toute la nuit afin de réparer leur véhicule. Le pilote était présent à son poste, attendant ses ordres. L'Amiral ne sut vraiment à quoi s'en tenir lorsqu'elle réalisa que ses hôtes étaient bien décidés à quitter la frégate. Max n'avait peut-être pas réussi à entrer en contact avec eux... ou pire encore : peut-être n'avait-il tout simplement pas réussi à les convaincre !

Ils s'élevèrent, à bord de leur navette, sur l'ascenseur qui les menait vers le pont. Un bruit sourd accompagna la fermeture de la porte du sas. Quelques instants plus tard, l'Amiral et ses compagnons les virent s'éloigner à travers le hublot du hangar. Personne ne dit mot. Ils regardèrent en silence ce petit point lumineux qui disparaissait lentement, en même temps que leurs espoirs, vers l'entrée de l'astroport.