56. Le Coeur de la Terre

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Nous arrivâmes rapidement en vue de la petite île, à proximité des roches de Stonehenge. Il s'agissait d'une colline dont le sommet émergeait de la surface de l'eau, surmontée d'une tour carrée. Lorsque nous tentâmes de nous poser près d'elle, une nuée d'ombres noires surgirent de sous la voûte de son toit...

Il s'agissait d'une nichée de jeunes ptérodactyles, effrayés par notre arrivée bruyante. Nous les regardâmes tournoyer autour de nous, sans remarquer l'ombre qui vint soudain occulter notre soleil couchant... L'un de ces énormes spécimens adulte agrippa notre navette, en plein vol, tentant de la déséquilibrer.

Ses serres s'enfoncèrent à travers le métal de sa carlingue, déjà endommagée par les crocs du mégalodon. Mathieu, mon Guide et moi-même tentâmes de nous retenir aux ceintures de nos sièges, que nous avions oubliées de fixer.

Un coup de bec passa à moins d'un mètre de la tête de Luc, qui faillit perdre le contrôle de son appareil ! Il remit les gaz, à pleine puissance, tout en restant à très basse altitude pour ne pas se faire repérer par les radars de la Fédération. Notre vitesse augmenta, sans pour cela arriver à faire lâcher prise à l'animal, probablement une femelle, bien décidée à défendre sa nichée... Ses ailes battaient en tout sens, venant dangereusement déséquilibrer notre appareil, et rendant sa trajectoire erratique.

Trois autres volatiles géants s'approchèrent alors de nous ; ils arrivaient de l'ouest. La lumière éblouissante du Soleil les avaient masqués jusqu'à présent. Il ne s'agissait donc pas seulement d'une, mais de deux, nichées que nous venions d'importuner !

Leurs parents devaient pêcher à cette heure propice de la fin de journée. Ils revenaient, furieux, afin de chasser les intrus que nous étions à leurs yeux. Marc prit alors la direction des opérations :

— Bleu 4, tu restes avec la navette... essaye de faire lâcher prise au ptérodactyle qui s'y accroche. Les autres, venez avec moi. On va montrer à ces chauves-souris géantes de quel bois on se chauffe !

Les trois autres chasseurs, guidés par Marc, entamèrent un virage serré, afin de faire face à leurs assaillants. Mais ces derniers étaient déjà si proches qu'il leur fut impossible d'employer leur armement, avant qu'ils n'en soient arrivés au corps à corps !

Bleu 4 ne parvenait pas non plus à libérer Luc des serres du monstre qui l'agressait. L'animal s'agrippait obstinément à sa proie, sans se soucier du deuxième oiseau de métal qui tentait de l'en dissuader. Il n'osait pas ouvrir le feu, de peur d'endommager la navette. Cette situation, qui parut initialement cocasse comparée à l'attaque sous-marine des Mégalodons, devint rapidement désespérée !

Trois êtres ailés sortirent alors, comme par magie, de la tour. Il s'agissait des trois archanges que nous avions rencontrés précédemment au Mont-Saint-Michel... Ils n'étaient armés que d'épées, mais celles-ci s'avérèrent bien plus efficaces en combat rapproché, contre ces oiseaux géants, que nos lasers, incapables d'atteindre leurs cibles !

Il ne leur fallut que quelques brefs instants pour se débarrasser des trois ptérodactyles engagés contre nos chasseurs. Celui d'entre eux qui portait une armure dorée eut même l'audace de chevaucher l'un de ces monstres pendant quelques secondes avant de lui trancher la gorge... Le corps ensanglanté de l'animal entama alors une vrille projetant son sang dans toutes les directions. Les trois archanges se dirigèrent ensuite vers la navette, qui se rapprochait dangereusement de la surface de l'eau. Leurs épées, longues et acérées, n'éprouvèrent aucune difficulté à déchiqueter leur dernier adversaire en multiples morceaux.

Nos cinq appareils, accompagnés de nos sauveurs providentiels, purent enfin se poser sur la petite île dans un magnifique décor de couché de soleil. Une dizaine de silhouettes, similaires à celles qui nous accueillirent lors de notre arrivée au Mont-Saint-Michel, sortirent de la tour ; elles portaient des habits de moines, surmontés de cagoules, ainsi qu'un flambeau qui venait éclairer leur visage.

Les rayons du soleil couchant projetaient leurs ombres sur le sol, leur donnant l'aspect de longs serpents qui s'avançaient vers nous. Nous sortîmes de nos engins, intrigués et fascinés par le spectacle auquel nous venions d'assister. Le moine qui se tenait en face de moi ôta sa capuche... Je reconnus le Maître Melkisédech qui ne pouvait s'empêcher de laisser transparaître toute la joie qu'il éprouvait de nous revoir. Il m'adressa alors la parole :

— Félicitation Jean, vous y êtes arrivés ! Soyez les bienvenus au « Cœur de la Terre »...

Nous nous retrouvâmes enfin rassemblés sur la légendaire île d'Avalon ! Mon Guide m'expliqua qu'il s'agissait d'une ancienne colline sacrée qui surmontait, jadis, les plaines verdoyantes d'une région appelée le « Somerset » ; au sud-est d'un pays appelé « l'Angleterre ».

Elle serait plus connue, dans des temps plus modernes, sous le nom du « Tor » de Glastonbury. La tour qui le surmontait était tout ce qu'il restait d'une ancienne église érigée, tout comme le Mont que nous venions de quitter, en l'honneur de l'Archange Saint-Michel. Ce héros à l'armure dorée, Chef des Milices célestes, venait à nouveau d'illustrer son courage légendaire en terrassant deux des quatre ptérodactyles qui nous avaient attaqués !

L'endroit où nous nous trouvions abritait jadis un centre druidique, ainsi qu'une communauté de prêtresses dévouée au culte de la « Grande Déesse Mère ». Il s'agissait bien évidemment de Gaïa : notre mère à tous ! Ces deux communautés se réunissaient au sommet d'Avalon, autour d'un cercle de pierres semblable à celui de Stonehenge.

Ils y tenaient des cérémonies païennes, similaires à celle à laquelle nous allions bientôt participer. Il s'agissait bien là de l'emplacement du chakra du cœur de la Terre... Depuis l'aube des temps, des hommes et des femmes s'y réunirent afin de rendre honneur à la « Mère Suprême » : cette planète qui nous avait conçus et qui continuait de nous protéger en nous abritant avec amour et sagesse.

Le « Tor » était également l'une des entrées du royaume mythique d'Agartha, celui de la « Terre Creuse » qui abritait les Maîtres Ascensionnés, ainsi que les différentes créatures qui habitaient les deux premières dimensions. Il était, pour cela, également considéré comme l'entrée du royaume des dragons et des fées ! C'était donc de là qu'étaient sortis les Archanges et les Maîtres qui vinrent à notre rencontre...

À la fin du 20e et au début du 21e siècle, lorsque l'humanité commença à retrouver sa Conscience Christique, les champs de la région furent marqués de nombreux « Crop-Circles ». Ces messages codés, émanant d'êtres des dimensions supérieures, étaient destinés à aider les humains à se libérer des forces qui les emprisonnaient... mais très peu d'entre eux comprirent leur réelle signification !

Homo Sum 3 : l'éveil de l'humanité (Episode 3 : Libération)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant