Chapitre 15

269 36 7
                                        

Des cicatrices jonchaient le haut des cuisses de Calixte. Damon ne supportait pas de voir cela. Il se demandait quel mystère pouvait se cachait derrière. La seule explication plausible pour lui était qu'elles avaient été faites par Jake.

- C'est encore Jake? Demanda t-il en caressant les cicatrices.

Ce geste qui semblait anodin à Damon, réveilla les sens de Calixte. Ses poils se herissaient de peur et d'envie.

- Non ce n'est pas lui, répondit elle à voix basse.

Damon se redressa, la prit dans ses bras et alla s'assoir. Il la mit à sur ses jambes.

- Damon, ce..n'est pas correct, fit elle allusion à leur position.

Le regard noir de Damon resta figé dans le sien.

- Elles vont plus haut ?

- Non, répondit encore Calixte le visage rouge de honte les mains serrant son vêtement.

- Calixte, commença t-il la voix lourde de douleur et de colère. Je t'en prie réponds à mes questions.

Calixte ne comprenait pas Damon. Elle n'était pourtant que son associé mais il la traitait autrement. Il la touchait autrement. Cela dérouta Calixte qui dominait toujours ses émotions face à lui. Là elle perdit toute maîtrise. Elle acquiesça à la demande de Damon ne sachant pas où cela allait la mener.

- Tu te mutile ?

- Au passée, fit elle promptement. Je ne le fais plus.

Un soupir de tristesse quitta sa bouche, asséchée par l'angoisse.

- Pourquoi t'infligeais tu cela?

Elle haussa les épaules. Qu'est-ce qui pouvait bien expliquer le fait que l'on se fasse du mal à soit même.

- A cause de qui?

- Pourquoi veux tu connaitre mon histoire? Elle n'est pas mieux que d'autres.

- Juste parce que je tiens à toi.

Calixte émit un petit rire nerveux. C'est ce que lui disait aussi Jake.

- Si je te prouve que je tiens à toi, tu me feras confiance?

- Je ne sais pas.

- Tu es une tête de mule toi, tu mérites la fessée.

Sa plaisanterie eût pour effet de détendre l'atmosphère. Le sourire triste qu'elle affichait lui brisa le cœur. Il y a temps de cœur blessé au monde. Tous n'ont pas la chance d'être épauler, d'être entendu. Alors il voulait au moins être le réconfort de cette femme. Et peut-être qu'elle serait le sien en retour.

- J'ai quitté l'armée à cause d'une blessure psychologique.

Alors c'est ainsi qu'il voulait avoir sa confiance, en lui ouvrant son cœur, pour lui dévoiler sa blessure.

- C'était il y a dix ans de cela. Nous étions aller combattre les insurgés en Irak. Il y avait du sang partout. Du sang des innocents surtout. Pendant ces temps d'incohérence totale, tout semblait permis. Le meurtre, le pillage, le kidnapping mais aussi..le viol.

Calixte choquée, se couvrit la bouche de ses mains. Elle supportait mal son récit mais le laissa tout de même continuer. Elle ne voulait pas l'arrêter.

- Plutard, nous avons trouvés refuge dans un petit village de quelques personnes. Mes hommes étaient à bout. Moi aussi, je n'en pouvais plus, mais nous tenions bon. Un jour alors que je revenais d'une mission de reconnaissance, j'ai entendu des cris étouffés. Le pire c'est que les autres étaient là, sans bouger. Je suis entré dans la case d'où provenait les bruits.

Il s'arrêta pour rire amèrement.

- Nicolas, mon ami en ce temps là, était entrain de violer une petite fille de seize ans.. J'étais tellement fou de rage que j'ai voulu lui tirer dessus. Je me suis repris et lui ai demandé de se rhabiller. Il l'a fait. Mais après, il m'a frappé en traitre. On s'est battu devant la petite fille et puis il a sorti son arme. J'ai dévié le coup de feu en attrapant sa main mais..la balle a été tirer sur elle.

Une larme solitaire roula sur la joue de Calixte.

- Damon, souffla t-elle.

Chacun avait des blessures qui cisallaient profondément leur chair. Mais là, elle avait oublié les siennes pour se concentrer sur Damon.

- Désolé de t'imposer ça.

En plus il s'excusait, alors qu'ellle était touché qu'il partage sa blessure avec elle.

- Mais non..t'excuse pas.

Elle posa ses mains sur ses joues ombragées par sa barbe.

- Tu es toujours en contact avec lui? Demanda t-elle prudemment.

Son regard se rembrumit. Il hésita à lui dire la vérité mais décida de lui faire confiance.

- Je l'ai criblé de balle ce jour-là. J'ai vidé mon chargeur sur lui et il en est mort. Depuis, je n'arrive plus à tenir une arme.

Calixte se leva et lui tourna le dos. Une envie de vomir lui saisit la gorge. Elle s'appuya sur la table, la main sur la bouche.

- Calixte je..

Elle le stoppa en levant la main. Elle sortit de là sans fixer son regard. Damon la regarda partir les cheveux flottant au grès de sa course. Le cœur serré il rejoignit sa chambre.

Au petit matin, Calixte fût conduite dans la salle à manger. Un délicieux petit déjeuner l'attendait. Elle mangea toute seule car Damon ne lui tint pas compagnie. Bien décidée à le voir, elle le chercha dans ce grand manoir. La voix grave de l'homme raisonna fortement dans un couloir. Elle se repéra à la voix et se retrouva devant deux immenses portes en bois entre-ouvertes. Damon discutait avec trois hommes semblant être à son service. Audacieuse, elle poussa la porte, attirant l'attention de Damon. Il lui porta une brieve attention avant de la reporter sur ses hommes.
Une fois fini, il leur ordonna en russe de sortir.

Seuls dans cette grande pièce ressemblant à un appartement, la tension était palpable. Calixte se rendit compte que c'était sa chambre. Elle avança vers lui d'un pas craintif.

- Bonjour, le salua t-elle pour briser la glace.

- Bonjour, répondit il en la scrutant les mains dans les poches.

Elle tendit la main vers lui pour atteindre son épaule mais il se recula. Calixte ramena sa main tremblante contre son cœur.

- Pour hier..

- Hier vous avez réagi comme tout le monde réagi, coupa t-il. Même mes camardes ont réagis de la même façon.

Damon la vouvoyait, elle comprit alors qu'elle lui avait fait de la peine. Il s'assit sur un des canapés de son salon et lui demanda de sortir.

- Non je ne sortirai pas.

Damon tourna brusquement la tête dans sa direction.

- Je ne sortirai pas sans t'avoir dit que je suis désolée de m'être enfuie. C'était stupide de ma part. Et...

- Et? S'enquit il.

- J'accepte d'être ton amie.

Damon crut qu'elle se fichait de lui jusqu'à ce qu'elle vienne s'assoir sur ses genoux en agrippant son cou.

- Vu qu'on est ami qu'est ce qu'on fait aujourd'hui ? On n'a pas de travail non?

Calixte décida de lui faire une place dans sa vie. Elle voulait se sentir avec lui comme elle se sentait avec Ellie. Elle avait donc décidé d'être elle-même avec lui. Damon se leva en l'emportant dans son mouvement.

- Je te fais découvrir la ville ? Proposa t-il en la tenant dans ses bras.

L'assistanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant