Chapitre 2

1.2K 75 7
                                    

Le son strident du réveil me tire brutalement du sommeil. Je l'éteins d'un geste mécanique, tentant de me réveiller lentement, en me laissant quelques instants avant de me lever. La salle de bain m'accueille, froide et lumineuse, alors que je me lave et me prépare, me traînant presque d'un geste à l'autre. En me regardant dans la miroir, je suis frappé par mes yeux rouges et gonflés, comme deux blessures ouvertes. Un serrement de cœur me traverse : aujourd'hui, je ne peux pas la croiser. Je n'y survivrais pas. Quant à cet abruti qui prétend être son amant... La colère me monte à la gorge, à en étouffer.

Je ferme la porte de la maison, en verrouillant soigneusement derrière moi, avant de partir en direction de la fac. Mais, tout au long du trajet, une sensation étrange m'envahit, cette même impression d'être observée, suivie, exactement comme hier. C'est déroutant. À chaque fois que je me retourne, je ne vois pourtant personne. Des hallucinations, sûrement. Rien d'autre.

Enfin arrivé à la fac, je me dirige vers la salle de danse, mon premier cours du jour. Heureusement que Lisa a choisi l'architecture, au moins je ne la croiserai pas en cours. Le cours lui-même s'étire en longueur, chaque minute se faisant interminable. Le professeur nous montre des enchaînements d'une simplicité désarmante, au point qu'un enfant de dix ans serait capable de les exécuter sans peine.

La matinée se déroule sans accroc, et bientôt la pause déjeuner arrive. Je décide de quitter le campus pour aller manger dans un fast-food, juste à côté. Je récupère ma commande et m'installe à une table pour deux, prêt à me poser et savourer quelques instants de calme. Mais à peine mes yeux se posent sur le plateau, un vacarme assourdissant envahit le restaurant. Un groupe bruyant entre, riant, discutant à voix haute, comme si l'endroit leur appartenait.

Je lève les yeux par réflexe et, tout à coup, mon cœur se serre. Là, devant moi, elle est là. Avec lui. Lui... Je me lève d'un coup, mon plateau abandonné sur la table, et, sans réfléchir, je m'avance vers eux, un seul but en tête : le frapper. Mais, à quelques mètres seulement, une voix dans ma tête me cloue sur place. Ma conscience m'arrête nette, me rappelant que cette réaction ne m'appartient plus.

Je recule, le regarde fuyant, la colère bouillonnant dans mes entrailles. Je quitte précipitamment le restaurant, le poids de l'air lourd dans ma poitrine. Je n'ai pas la force de retourner en cours aujourd'hui. Je rentre directement chez moi. Oui, je sais que je vais en payer le prix, des réprimandes, des remarques acides

« Je peux savoir ce que tu fous ici ?! C'est toi qui paye l'université ?! »

Comme je m'y attendais, elle me donne un coup de poing dans les côtes et au visage ainsi que beaucoup d'autres, mais je me laisse faire. Je n'ai plus la force de rien, ni de me défendre, ni de ressentir la moindre douleur. Je sens mon t-shirt être soulevé et je me prépare à ressentir une brûlure sur le dos, sauf que rien ne se passe. Je relève alors légèrement la tête dans sa direction et, à la place, mon regard croise celui d'un homme dans la quarantaine environ.

« Q-qui êtes vo... »

Je n'ai pas le temps finir ma phrase. Les coups, trop nombreux, trop violents, m'achèvent. L'obscurité m'envahit, et je m'évanouis.

Quand je reprends connaissance, je flotte dans un entre-deux. Des flashs, des bribes de souvenirs que je ne reconnais pas, se bousculent dans ma tête. Ils ne sont pas à moi, et tout reste flou, insaisissable. Je ne parviens pas à saisir ce qui se passe autour de moi.

Puis, lentement, la réalité m'envahit à nouveau. Je suis allongé, mon corps lourd de douleur. Un mal de tête lancinant me transperce, mes muscles sont tendus, mes courbatures me font souffrir à chaque mouvement. J'ouvre les yeux avec peine, la lumière du jour me brûlant la rétine. Et là, je le vois de nouveau. Cet homme. 

Les âmes soeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant