Chapitre 9

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Je frappai à une grosse porte massive en chêne dont la poignée et la serrure étaient dorées. Pas un bruit ne parvenait de l'autre côté. Je posai le panier qui commençait à peser lourd dans ma main et réitérai mon geste. Un bruit sourd retentit derrière la porte et des pas mal assurés se firent entendre. J'inspirai profondément, remis une mèche de cheveu rebelle derrière mon oreille et lissa rapidement de la main un pli de mon manteau trempé. Les gongs pivotèrent sur Malefoy, visiblement mal réveillé. Je ne pus m'empêcher de le détailler des pieds à la tête. Le bas de son pantalon, issu sans aucun doute d'un smoking très cher, tombait négligemment sur ses chaussettes, laissant entrevoir le haut de son caleçon. Aucune ceinture ne le retenant, je ne sus par quel miracle il tenait encore sur ses hanches. Sa chemise d'un beau bleu ciel était plus froissée que jamais et ressortait un peu partout de son pantalon. Sa cravate, à moitié desserrée pendait négligemment à son cou tandis que ses cheveux passablement décoiffés pointaient dans toutes les directions. Cette apparence débraillée que je ne lui soupçonnais pas me fit pouffer.

- Qu'est-ce que tu fiches ici ? Grommela t-il d'une voie rauque.

Apparemment Maëlla ne l'avait prévenu. Je m'apprêtais à lui répondre mais il ne m'en laissa pas le temps, m'assaillant d'une nouvelle question :

- Attends, il est quelle heure ?

Prise de court, je jetai un coup d'œil à ma montre avant de lui indiquée qu'il était seize heures passée. Ma réponse lui fit l'effet d'une douche froide. Il releva vivement la tête, tourna les talons et s'éloigna en courant.

- Merde, merde, merde ! L'entendis-je crier.

L'appartement autrefois si silencieux semblait être à présent le lieu de tous les boucans. Toujours sur le pas de la porte, mes chatons à mes pieds, j'observai le blondinet faire d'incessants allers-retours, cherchant successivement sa ceinture, ses chaussures et sa veste. Il s'arrêta finalement, légèrement essoufflé, regardant vivement partout autour de lui. Dans sa quête, il glissa son regard sur moi. Appuyée contre le chambranle de la porte, j'affichai un petit sourire victorieux. Il m'interrogea du regard et je lui montrai du doigt un porte document posé contre le mur. Il suivit la direction que je lui montrais et haussa un sourcil, surpris. Cependant, il n'alla pas cherche son attaché-case et fit demi-tour, sortant de mon champ de vision. Sceptique, je me redressai. Où était-il allé ? Je croyais qu'il était pressé…Lentement, je récupérai mon panier à chat et entrai dans l'appartement. Il était grand, moderne et joliment aménagé. Rien à voir avec le manoir. Je pouvais apercevoir de l'entrée un bout du salon sur ma droite qui, visiblement était une vaste pièce. Un long couloir, par lequel Malefoy s'était échappé s'étendait devant moi, menant à de nombreuses portes closes. Je refermai la porte d'entrée derrière moi et reposai mes chats sur le sol. Doucement, je m'aventurai dans le salon. Un magnifique piano à queue blanc y trônait. Je m'y approchai et laissai glisser mes doigts sur les touches noires et blanches. J'avais toujours rêvé savoir jouer de cet instrument. La mélodie qui s'en échappait était toujours belle, mélancolique et harmonieuse. Tout le contraire de ce que j'étais. Un raclement de gorge me tira de mes pensées. Je me retournai, surprise, et appuyai par mégarde sur un do particulièrement grave. La note résonna quelques secondes, seul son venant perturber le silence. Malefoy était nonchalamment appuyé contre le mur, les bras croisés sur la poitrine. Son fidèle sourire en coin sur les lèvres, il m'observait. D'un signe de tête, il m'indiqua le panier à chat. Je souris en secouant la tête.

- Une Granger est inégalable, Malefoy, le charriai-je.

- Un Malefoy non plus, répondit-il, sans se départir de son regard malicieux.

Je fronçai les sourcils. Qu'avait-il encore manigancé ? Quoi que ce fût, ce n'était en tout les cas pas bon pour moi. Je m'approchai de lui, méfiante, et remarquai un tailleur proprement posé sur un des canapés immaculés. Je lui lançai un regard suspicieux et il m'ordonna, le plus calmement du monde :

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