J'étouffai un énième bâillement tandis qu'à travers les fenêtres magiques, le soleil dégainait ses premiers rayons. Blottie dans le canapé de ma chambre, une chaude couverture sur les genoux et un café entre les mains, je luttai contre le sommeil. Il était hors de question que je me rendorme. Trop de pensées se bousculaient dans ma tête pour que je puisse rejoindre le pays si paisible des rêves. A force de caféine et d'obstination, j'avais finalement remporté cette lutte acharnée et ce fut les yeux cernés de violet que je me décidai à sortir. Doucement je tournai la poignée de la porte et passai la tête dans l'entrebâillement. Pas un bruit, pas un murmure ne troublait la quiétude du lieu. A pas de loup, je me résignai à rejoindre la bibliothèque dans l'espoir de m'occuper avec un bouquin mais un déclic derrière moi alerta tous mes sens. Je me retournai vivement, nerveuse. Cet endroit me mettait mal à l'aise. Et d'une manière presque naturelle, Zabini me faisait face. Enfin pas exactement. Dos à moi, il entretenait de fermer la porte numéroté cent quarante cinq. Figée, j'attendais qu'il se retourne. Comme dans un film où la scène serait tournée au ralentie, j'observai chacun de ses gestes, attendant qu'il me remarque et me balance une remarque acide. Une ancienne peur, froide, oubliée depuis la fin de la guerre noua mes entrailles. Discrètement je serrais ma baguette dans ma paume moite. Zabini avait été un mangemorts. Il était supposé être en phase de décomposition quelque part dans les entrailles de la terre et non en Alaska. Et d'après ce que je savais, je n'étais pas la seule à penser cela. Il se retourna enfin, les yeux encore lourds de sommeil. Il ne m'était jamais apparu plus inoffensif qu'à ce moment précis. Je relâchai la pression sur ma baguette et esquissai un léger sourire.
- Zabini, le saluai-je d'un mouvement de tête.
Une fossette apparue au creux de ses joues.
- Déjà levée ? Finalement les sangs de bourbe c'est comme les poules, ça…
Mon hilarité coupa sa réplique. Sceptique, il me détailla avec dégout.
- Allons, allons, Zabini…Sang de bourbe ? Franchement ? C'est passé de mode !
Il fronça un peu plus les sourcils mais resta muet. Je repris avec une certaine allégresse :
- Ca fait combien de temps que tu traines dans ces sous-sols ? Quatre ans ?
Je repartais dans un éclat forcé. Face à ses lèvres pincées et son mutisme évident, je me tus et raillai avec un air faussement inquiet :
- Oh je t'ai blessé ? Excuse-moi… Vraiment… Quatre ans ? C'est long…
Sa mâchoire serrée et sa rigidité me prouvèrent que j'avais trouvé son point sensible. Alors comme ça il se cachait ici ? En Alaska ? Dans un laboratoire ultra secret ? C'était de la folie ! Et il était évident que Malefoy le couvrait depuis le début. Je lâchai soudainement, sérieuse :
- J'ai vu la lumière verte toucher ta poitrine, je t'ai vu tomber. Je t'ai vu mort, Zabini. Alors par le caleçon le plus rose de Merlin, qu'est-ce que tu fiches ici ?
A son tour, il lâcha un rire sardonique, dénué de tout humour et me souffla dans un chuchotement qui me fit froid dans le dos :
- Tous mangemorts à ses petits secrets, Granger…
Et sans un regard il me doubla et sortit du sas.
Pétrifiée, je restai seule dans la salle, sa dernière réplique résonnant en moi comme un écho interminable. Mangemort. Il était un mangemort. Et Drago qui était soi disant repenti le couvrait. Se pouvait-il que je me sois jetée dans la gueule du loup ? Moi ? Hermione Granger, supposée fille intelligente ? Lord Voldemort était mort quatre ans auparavant mais il était évident qu'il n'en était pas de même pour ses alliés et peut-être avaient-ils décidé de venger la mort de leur maître. Si cette dernière hypothèse s'avérait être bonne, alors j'étais vraiment dans de beaux draps.

VOUS LISEZ
Ephemeral
Fiksi PenggemarIl ne m'a pas fallu très longtemps pour tomber amoureuse de Drago Malefoy. Juste un macabre concours de circonstances, mené par un psychopathe qui ne souhaitait qu'une chose : me tuer. Nous tuer.