Chapitre 10

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Excitée. J'étais totalement excitée. Les voyages me mettaient toujours dans cet état euphorique, même si je partais avec Malefoy. C'était plus fort que moi. C'est donc en me précipitant un peu trop rapidement vers mon placard que je me cognai le gros orteil sur un des pieds de ma table. La douleur se répandit rapidement dans toute la jambe, créant de minuscules fourmillements insupportables. Je me mordis la lèvre inférieure quand je sentis mes yeux me picoter puis s'embuer. Je m'assis sur mon lit, constatant par la même occasion le champ de bataille qu'était devenu mon studio. De nombreux vêtements en tout genre recouvraient le sol, empêchant quiconque d'en deviner la couleur initiale. Ce n'était pas dans mes habitudes, mais il s'avérait que j'avais un problème, et pas des moindres : Malefoy avait omis de me préciser notre destination. Etais-je donc supposée prendre des robes, shorts et tee-shirt ou des gros pulls en laine, surmontée d'une écharpe et d'un bonnet ? Désemparée par cet obscur dilemme, je m'allongeai sur mon matelas. La douleur s'atténuait peu à peu, emportant avec elle ma béatitude. Le silence envahit la pièce accusant mon souffle précipité de troubler la tranquillité des lieux. Les bras mollement collés à mon corps, je fixais passivement mon plafond immaculé. Malefoy n'allait pas tarder et ma valise n'était toujours pas prête. Peu importait, il attendrait. Cependant, quand la sonnette retentit, je me levai d'un bond, le cœur sur le point d'exploser. Je me précipitai sur la porte, l'ouvrit sans même regarder mon interlocuteur et repartit en courant vers mon placard en lançant à Malefoy :

- Je n'ai pas fini ma valise, mais fais comme chez toi ! J'arrive dans cinq minutes !

Seul le silence me répondit mais je ne m'en préoccupais pas trop occupée à lancer tous les vêtements qui me passaient sous la main dans ma grosse malle. Alors que je jetais négligemment la robe que j'avais mise au mariage, un murmure tiède me caressa l'oreille :

- Tu pars quelque part ?

Je sursautai et me retournai vivement. Il se tenait là, face à moi, dans mon appartement, dans la pièce qui me servait de chambre et seulement à quelque centimètre de mon être. Une cascade de frisson me traversa, agitant mon corps de légers spasmes. Mon cœur battait à une vitesse beaucoup trop élevée pour être normale et une envie, dont je ne connaissais la provenance, me poussait à le prendre de mes bras. Mais je ne le fis pas. Parce que son regard profond me clouait sur place, m'empêchant d'exécuter le moindre mouvement. Je le détestais. Lui et sa foutue emprise qu'il avait sur moi. De quel droit s'était-il approprié mon cœur ? Dans quelle mesure m'avait-il privé de ma liberté d'aimer ? Il m'avait détruite, réduite à une moins que rien et il suffisait qu'il se pointe, avec ses stupides cheveux roux et ses yeux bleus pour que je perde toute conception rationnelle.

Je déglutis difficilement et décollai péniblement ma langue de mon palais.

- Ron ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

Il s'approcha un peu plus de moi. J'aurais voulu reculer. J'aurais voulu lui hurler de partir. J'aurais voulu le pousser le plus loin possible. Mais j'en étais incapable.

- Je suis venu voir comment allait ta main.

Au moment même où il prononça ces paroles, il glissa ses doigts entre les miens et souleva nos mains entrelacées à hauteur de ses yeux. Trop faible pour protester, je me laissai faire, telle une poupée de chiffon. Sa paume calleuse semblait être faite sur mesure pour ma main, rendant la situation d'autant plus difficile. Je détournai les yeux, trop frêle pour en supporter d'avantage. De sa main libre, il attrapa doucement mon menton et plongea ses yeux dans les miens. Le souffle court et les larmes aux yeux, c'est à ce moment précis que je me rendis compte que non seulement j'étais irrévocablement amoureuse de lui, mais qu'en plus j'aurais pu faire n'importe quoi pour lui. Voler, tuer, mettre ma vie en danger, sauter d'un pont, le suivre au bout du monde. Tout était possible. Il suffisait qu'il me le demande.

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