Un proverbe dit qu'il y a des jours avec et des jours sans et les jours sans, il faut faire avec. Je supposais que ma journée faisait partie de ces derniers. Je ne m'étais pas encore levée que l'envie de rester sous ma couette me rongeait jusqu'au fond des entrailles. Cette envie poignante qui agissait telle une main invisible sur mon corps tout entier, malgré ma volonté. Vaincue, je rabattais la couverture moelleuse sur ma tête et poussait un soupir de bien-être. Et puis, comme quatre vingt dix neuf pour cent du temps, son visage m'apparut. Encore plus réel que s'il avait été face à moi. Une boule remonta le long de ma gorge avant que je ne puisse faire disparaitre cette vision tantôt cauchemardesque, tantôt attirante. Je fermai les paupières si fort que de nombreux points noirs m'aveuglèrent lorsque que les rouvris. J'avais encore rêvé de lui. Nous étions cette fois tous les deux face à l'autel main dans la main et le visage rayonnant lorsque le moment fatidique de prononcé l'illustre oui était arrivé. Il avait éclaté d'un affreux rire démoniaque et s'était retourné pour embrasser une fille assise au premier rang.
Ron me hantait. Toujours, partout, chaque seconde de chaque minute. Que pouvais-je faire face à cette passion dévorante ? Comment diable pouvais-je lutter contre cette attraction dépassant toutes les règles de la physique ? J'avais essayé de l'oublier, de ne plus penser à lui, de vivre ma vie sans lui. Mais cet amour, bien trop dur à porter pour ma seule personne, revenait à chaque fois toujours plus fort, toujours plus destructeur, comme s'il avait été nourri par ce repos superflu. Ne serais-je donc jamais en paix ? Continuerai-je d'imaginer sa voix me murmurant des mots doux au creux de l'oreille encore longtemps ? Combien de fois devrai-je encore me réveiller en sursaut, croyant que par le miracle le plus incroyable ses mains m'avaient effleurée ? Il m'arrivait même parfois de sentir l'effluve si particulier de son parfum qui m'avait autrefois si bien tourné la tête. Marchai-je donc lentement vers la folie ? Cet amour, ravageant chaque parcelle de mon corps, était-il réellement en train de m'anéantir ? Tout cela n'avait aucun sens ! Ils étaient beaucoup à se séparer chaque jour et peu en mourraient ! Pourquoi serais-je donc cette exception ? Tant d'autre l'avait fait avant moi, il n'y avait aucune raison pour que je n'y arrive pas. Et pourtant...Je devais me rendre à l'évidence. Sans aucune aide, je ne m'en sortirais pas indemne.
Et puis tout n'était pas de ma faute. A peine née qu'on me faisait déjà croire qu'un certain prince charmant arriverait sur son cheval blanc pour me sauver. Une naïveté surdéveloppée par-dessus ces âneries et me voila, à moitié rongée par le chagrin et un amour bien trop lourd à porter. J'étais bien plus près du pire que du meilleur et j'avais un doute quant à un éventuel retour en arrière.
Ce n'était pas normal. Quelque chose manquait ou était en trop. Cet amour était si malsain et si unique. Il était différent. C'était impossible qu'il puisse en être autrement. Ron et moi n'avions pas formé qu'un couple, il y avait autre chose, je le sentais. Je n'y avais jamais fait attention auparavant, mais maintenant que j'y pensais, je n'avais plus jamais été moi-même. Mon cœur avait cessé de battre uniquement pour me maintenir en vie. J'entendais presque le double battement qui cognait mes côtes. Un pour lui, un pour moi. Il était donc en moi, à l'intérieurde mon être. Je frissonnai à cette pensée et, parfaitement réveillée à présent, me levai. J'enfilai rapidement quelques vêtements qui me passaient sous la main et me dirigeai vers la bibliothèque. Je devais en avoir le cœur net.
Bien que les trois quart de la bibliothèque recelaient de livres sur les potions, j'avais tout de même trouvé un vieux grimoire traitant des phénomènes étranges. Je tournai mollement les pages, sans grande convictions Je ne savais même pas ce que je cherchais. Une maladie ? Un fait ? Une potion ? J'étais ridicule, mais cette horrible impression de ne pas vivre pour moi-même m'encouragea à poursuivre mes recherches. Je sentais qu'au plus profond de mon être quelque chose ne tournait pas rond, et j'étais déterminée à mettre la main dessus.

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Ephemeral
FanfictionIl ne m'a pas fallu très longtemps pour tomber amoureuse de Drago Malefoy. Juste un macabre concours de circonstances, mené par un psychopathe qui ne souhaitait qu'une chose : me tuer. Nous tuer.