Je poussai un profond soupir impatient et les cris de Blaise montèrent d'une nouvelle octave. Excédée, je serrai mon fils plus fort contre ma poitrine et pour couvrir ses sanglots de plus en plus désespérés, hurlai :
- Malefoy !
- Oui ?
Je fis brusquement volte-face. Il était là, nonchalamment adossé contre le mur, les bras croisés sur sa poitrine. Ses cheveux blonds balayant son front pâle, il esquissa un sourire en coin.
- Un problème, peut-être, mon cœur ?
A la fois soulagée de voir un peu de renfort arriver et agacée par le comportement dudit héros, je marmonnai :
- La tonalité correspond aux pleurs numéro un, mais il refuse son biberon.
Drago fronça les sourcils et s'approcha de nous. Puis après avoir écouté quelques secondes les cris stridents du bambin, il affirma, visiblement fier de lui.
- Je suis désolé mais ça, ce sont les pleurs numéro deux.
Je secouai la tête.
- La couche est propre.
Son front se plissa un peu plus.
- Les dents ?
- Trop jeune.
- Coliques ?
J'haussai les épaules.
- Trop chaud ?
Je secouai la tête et lâchai, éreintée :
- Trop chaud, trop froid, trop fatigué, j'en sais rien moi ! La seule chose qui me semble évidente, c'est que quand il est comme ça, c'est définitivement le tien !
Drago ignora soigneusement ma remarque et déclara, tout sourire :
- Alors ce sont les pleurs numéro sept.
- On en a établi que six.
Il me lança un clin d'œil et précisa :
- C'est un code entre Blaise et moi. Les pleurs numéro sept signifient « je veux mon papa ».
Sans même me laisser le temps d'assimiler la dernière réplique, il m'enleva Blaise des bras et le fit tournoyer dans les airs avant de s'avachir dans le canapé. Immédiatement, les sanglots étouffés du bébé s'arrêtèrent et un large sourire béat détendit sa bouche crispée.
J'haussai un sourcil et croisai mes bras sur ma poitrine.
- Impressionnée, hein ?
Je levai les yeux au ciel et les rejoignis sur le sofa. Je ne pus empêcher un sourire attendri d'étirer mes lèvres. Blaise était vraiment le portrait craché de Drago. Rien n'était de moi. Enfin, si. Ginny s'évertuait à me convaincre qu'il avait mes oreilles et Harry, mes pieds. Mais je restais encore sceptique sur ces derniers points. Je laissai ma tête tomber sur l'épaule de Drago qui caressa doucement mes cheveux. Blaise, appuyé contre son torse papillonnait des yeux pour échapper au sommeil qui alourdissait ses paupières. Mais il perdit rapidement la bataille et sombra en moins de quelques secondes dans le pays des rêves que je soupçonnais peuplé de girafes en caoutchouc.
- On a réussi, pas vrai ? Murmurai-je. On est enfin heureux.
- Ca a toujours été comme ça. Toi et moi contre le monde.
Je relevai un regard malicieux vers lui et il me répondit par son célèbre sourire en coin. Puis, il se leva et porta Blaise jusqu'à sa chambre. Enfin, il revint et s'arrêta dans l'entrebâillement de la porte du salon. Je l'interrogeai du regard.
- T'ai-je jamais dit à quel point tu étais belle ?
- T'ai-je jamais dit à quel point je t'aimais ?
Il s'approcha d'un pas souple et félin et emprisonna ma tête entre ses mains.
- Tu ne veux toujours pas m'épouser, hein ?
Je secouai doucement la tête.
- On n'en a pas besoin. Et puis les mariages entrainent à chaque fois des drames ! Et pour ma part, j'ai eu ma dose, ronchonnai-je.
Drago haussa un sourcil.
- Que veux-tu qu'il nous arrive de plus ?
Je fis de mine de réfléchir puis rétorquai, espiègle.
- Oh, voyons, je ne sais pas moi ! Peut-être qu'il existe quelque part dans ce monde une cousine de la grande tante d'un beau père caché avec deux têtes et huit jambes ! Et si cette brave dame décide un jour de se montrer, tu peux être sur que ce sera le jour de notre mariage.
Il poussa un grognement, visiblement convaincu et rapprocha légèrement sa tête. Instinctivement, j'effleurai ses lèvres des miennes. Mais il semblerait que cette caresse fut trop légère pour lui. Il approfondit rapidement notre baiser qui devint vite enflammé. Un frisson m'envahit tout entière et je souris contre sa bouche.
- Blaise dort ? Marmonnai-je.
- Huhum…
Alors, je passai mes bras derrière sa nuque et l'attirai vers moi. Le canapé étant trop étroit, nous roulâmes rapidement sur la moquette moelleuse. Et alors que ses mains exploraient déjà chaque recoin de mon corps, je me rendis compte d'une chose. Une chose sur laquelle j'avais eu de nombreux doutes au cours de mon existence mais dont j'étais certaine à présent. L'amour est définitivement bien plus fort que tout.
Oui. Un simple mariage avait changé ma vie. Mais pouvais-je l'en blâmer ? Après tout ce que j'avais vécu, il l'avait tout de même rendue meilleure. C'est ici que s'arrête mon histoire. Celle que j'avais promis de vous conter. Si vous lisez ces quelques mots, c'est aucun doute que vous connaissez l'issu de nos sorts. Ne soyez pas tristes. Ne soyez pas fâchés. Nous avons perdu un guerrier dans la bataille mais nous avons réussi. Aussi impossible que toute cette histoire le laissait paraître. Et même si tout semble éphémère, n'oubliez pas que certaines choses sont éternelles.
Fin
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Ephemeral
Fiksi PenggemarIl ne m'a pas fallu très longtemps pour tomber amoureuse de Drago Malefoy. Juste un macabre concours de circonstances, mené par un psychopathe qui ne souhaitait qu'une chose : me tuer. Nous tuer.