Chapitre 12

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Flashback

Du sang. Sur mon tee-shirt, du sang. Sur mes mains, du sang. Sur mon visage, du sang. Tout est entièrement recouvert de sang et aucun mot ne franchit le barrage de mes lèvres depuis le début de la semaine. Le monde est vraiment devenu un calvaire ; des monstres affamés de chairs fraîches déambulent dans les rues et les gens meurent. La pelle à la main, je creuse un trou pour y mettre un corps. Son corps. Aucune larmes ne se versent depuis plusieurs mois déjà et encore à cet instant, rien ne vient. Mon cœur tambourine dans ma poitrine alors que je fais glisser le drap recouvrant le corps dans le trou d'un mètre de profondeur à peu près. Je rebouche le trou lentement comme pour assimiler puis jette la pelle plus loin avant de prendre une planche de bois pour y inscrire le nom de la personne dans le trou. Une fois cela fait, je la plante dans l'herbe encore verte malgré la chaleur suffocante du début de cet été.

Je retourne à l'intérieur de ma maison en refermant correctement la porte du garage qui mène à mon jardin. Je passe la porte du garage menant à la maison en la refermant elle aussi correctement. J'avance dans le couloir tâché d'une traînée de sang et remonte jusqu'à la chambre de mes parents. Je regarde le lit puis l'oreiller maculé de sang depuis une journée. Je pars de nouveau dans le couloir et me glisse contre un mur près de la porte de ma chambre me retrouvant assise sur le carrelage de mon chez-moi. Je prends la tête dans mes mains et regarde dans le vide. Le temps passe sans que je ne bouge d'un fil, c'est comme-ci la moitié de mon espoir est partit en même temps que l'apparition du sang sur les tissus et le sol.

Pourtant, malgré tout ce qui s'est passé, une petite lueur d'espoir persiste et c'est cette minuscule lueur qui m'aide à me lever. C'est cette minuscule lueur qui me pousse à prendre un sac à dos, à le remplir de conserves et de médicaments ainsi qu'un change de vêtement. C'est cette minuscule lueur d'espoir qui me fait pousser la porte d'entrée et la porte du grillage protégeant l'entrée de ma maison, de la maison Anderson. C'est cette minuscule lueur d'espoir qui me fait fermer ses deux portes à clés, les passer dans un fil et les mettre autour de mon cou. C'est cette minuscule lueur d'espoir qui me fait me retourner vers la rue et avancer vers un destin incertain. C'est cette minuscule lueur d'espoir qui me fait rester en vie. À quelques kilomètres de Chicago, je vois les dégâts que les avions de chasse ont fait en lâchant des bombes sur la ville, la réduisant en cendres et en miettes. Je cours et m'approche d'une colline qui donnait autrefois une magnifique vue. Aujourd'hui, tout ce que je vois de Chicago, ce sont des immeubles détruits, des tâches sur le sol en contrebas que je perçois comme des cadavres ambulants bel et bien mort. Je repars dans le sens inverse et continue ma route, la minuscule étincelle d'espoir persistant dans mon âme meurtrie.

Fin du flashback

Assise à la table de la maison Greene, je fais à manger pour Carl qui doit reprendre des forces. Je lui fais une soupe que je lui apporte avec beaucoup de mal. Je m'assoie sur le fauteuil et le laisse manger tranquillement en repensant à ce fameux jour sur la colline. Je me souviens des images et des bruits sourds que les bombes ont fait en tombant sur le sol de la ville de Chicago, ville voisine de la ville où jadis j'habitais. J'ai rapidement compris que je ne pourrais jamais avoir confiance dans les institutions militaires ou même politiques en particulier quand je vois qu'ils n'ont pas pris la peine de faire évacuer les quelques survivants. Je pars me promener malgré les interdictions d'Hershel, il faut que je bouge ou je risque de m'emporter contre tout le monde. Je m'avance vers les écuries tout en regardant autour de moi pour essayer d'être la plus discrète possible.

Je vois le soleil chauffer le monde, Glenn et Lori se disputer, Rick et Shane revenir après avoir inspecté leur zone. Arrivée à destination, je m'assoie sur une botte de paille devant le box d'un cheval. Quand je venais ici autrefois, je l'appelais Alone. Un nom très distinct car il ne s'approchait de personne et restait seul dans la prairie quand Maggie et sa famille les laissaient sortir. Je n'ai jamais compris son besoin de s'éloigner des autres mais à cet instant, je le comprends. S'éloigner, c'est ne pas s'attacher et donc ne pas souffrir. Même pour les animaux, c'est évident. Je m'approche de lui et tends ma main vers sa tête. Il s'approche et ma main entre en contact avec son pelage blanc comme neige. J'ouvre le box et lui place sa celle ainsi que son filet. Je mets mon pieds dans l'étrier et grimpe après une dizaine de tentatives ratées. Je passe ma jambe droite et la laisse pendre dans le vide encore incapable de plier mon genou. Je m'empare du mors et fais avancer Alone dans les herbes hautes quand soudain, j'entends Maggie me hurler dessus suivit très vite de Lori, Shane, Rick et même Glenn.

The Walking Dead : an extinct worldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant