Alexyan Wolff
Ma nouvelle psy écrit quelques mots sur son carnet à la con alors qu'on se regarde dans le blanc des yeux depuis vingt minutes. Elle joue avec son stylo et je serre les dents. J'ai envie de lui faire avaler, tellement le bruit qu'elle fait me crispe. Je serre et desserre mes poings pour garder mon sang froid. Je sais qu'elle veut juste que je parle, mais je n'y arrive pas. Je n'en peux plus de voir des psychologues. Ca fait cinq ans que j'enchaine les rendez-vous. Un par semaine avant. Trois par semaines depuis quelques semaines.
Psy - Tu ne me diras rien, n'est-ce pas ?
Je la fixe sans bouger. Sans lui répondre. Je suis l'un des mecs les plus doués au monde pour le roi du silence, je crois. J'ai développé des compétences pour rester silencieux qui m'impressionnent moi même. Quand je suis avec Lewis ou mes amis et que mon état de santé mentale est bon : je peux parler des heures sans m'arrêter. En revanche, si je suis en phase dépressive, comme ils le disent tous, je peux rester silencieux durant des heures. Des jours, même.
Psy - On a une heure. Tu ne veux pas qu'on la mette à profit ?
Toujours aucune réponse, aucun mouvement, aucun son de ma part. Elle est jeune. Je suis probablement l'un de ses premiers patients. Je sais que mon comportement la fait stresser. Mais je sais aussi que je n'arriverais ni à parler, ni à bouger. Je n'en ai aucune envie. Elle glisse une mèche de ses cheveux derrière son oreille pour reprendre contenance. Elle finit par poser stylo et carnet et je pose mon regard dessus, mes yeux captant quelques mots. Comportement amorphe ; Manque d'envie ; aucun effort ; séance inutile ? ; aucune réaction. Je ne comprends pas tout ce qu'elle a écrit, certains mots trop brouillons pour que je les déchiffre, mais je comprends l'essentiel. Je l'inquiète. Je lui fais peur. Je la fixe depuis vingt minutes sans rien dire, sans bouger, en ne clignant des yeux que quand c'est nécessaire. Elle me pose à nouveau des questions mais je ne réponds pas. Je m'en cogne de lui répondre. Je m'en cogne de voir un psy. Quand elle écrit quelques nouveaux mots sur son carnet, j'arrive à les reconnaitre.
Traitement plus puissant ?
H-P ?
Ma mâchoire se contracte quand mes yeux se fixent sur les deux lettres. Je suis majeur sous tutelle. C'est eux qui décideront. Mes parents. Mon connard de père et ma mère. Mon coeur se serre alors que j'imagine déjà la réaction du gros con qui m'a élevé. Il dira à ma mère qu'il l'avait prévenu, qu'il aurait fallu le faire depuis longtemps. Que les traitements ne serviront à rien. De son côté, ma mère fera tout pour l'empêcher de signer les papiers. Je savais que j'aurais du mettre Chloé en tant que décisionnaire quand j'étais en état mental suffisant pour choisir moi-même. Maintenant, je vais devoir être soigner pour choisir à nouveau. Elle se lève et je ferme les yeux quand j'entends la porte se fermer quand elle sort. Je mords ma lèvre et inspire profondément.
Chloé Wolff
Quelques minutes plus tard
La voiture de mes parents se garent et je me redresse du muret sur lequel j'étais appuyée. Mick se redresse aussi et passe son bras autour de ma taille alors que mon père se tourne vers ma mère en nous apercevant.
Toto - Qu'est-ce qu'ils font là ?
Susie - Je veux juste m'assurer qu'on prenne la bonne décision.
Toto - La décision est toute vue !
Chloé - Ca, c'est ce qu'on va voir. Vous êtes deux décisionnaires. Donc tu ne pourras pas signer si Maman refuse.
Il roule des yeux et entre dans le cabinet. Je suis de près. Lewis est déjà à l'accueil, comme je l'avais prévu. À nouveau, mon père roule des yeux. J'aimerais bien le voir essayer de signer les papiers alors qu'il sera seul contre quatre. Mick se crispe à mes côtés quand la nouvelle psy de mon frère s'approche de nous. Et je comprends instantanément pour quoi. Sa soeur est la psy de mon frère. Et si ça le crispe, en fait, ça va nous aider.
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✔️ High School [ Formula 1 ]
FanfictionDans une classe de vingt-six élèves : qu'est-ce qui peut mal se passer ? Qu'est-ce qui peut déraper ? Quel problème peut-il y avoir ?