𝟓

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— OH MON D...

Une main vint brutalement se plaquer contre mes lèvres, m'empêchant de poursuivre. Seule la taille de cette dernière me fit comprendre qu'il s'agissait de celle d'un homme.

Paralysée par la peur, je n'avais aucune idée de ce que je devais faire. Mon pouls palpitait à toute vitesse, si fort qu'il martelait contre mes tempes, couvrant pratiquement le cri que je venais de pousser.

Ma vision se brouillait, mais en baissant les yeux vers la main de mon ravisseur, je parvins à y distinguer une marque, ce qui attira mon attention. Une marque en forme de croissant de lune.

Je savais que je l'avais déjà vue quelque part. Mais je n'avais pas l'esprit assez clair pour me souvenir de quoi que ce soit. La peur m'empêchait de réfléchir. Je fermais alors les yeux pour tenter de me concentrer.

D'un coup, une douleur m'envahit le dos. Trop terrifiée pour pouvoir ouvrir les yeux, je sentais une main qui me serrait la hanche et une autre, mon poignet, ma bouche était donc à présent découverte. Je voulus crier, mais je m'en sentais incapable. En ouvrant les paupières, j'eus le souffle coupé.

— LIAM !? criai-je, interloquée.

Je me rappelai alors de sa tache de naissance. Il m'avait plaquée contre une vitrine de la rue, ce qui était la cause de ma douleur dans le dos. Il me serrait si fort le poignet, que j'en avais atrocement mal. Mon rythme cardiaque s'accéléra de plus belle, et mon coeur me martelait la poitrine.

Je pouvais lire dans son regard de jade, de la haine.

Son visage était si près du mien que je pouvais parfaitement distinguer l'iris de ses yeux, et ce, malgré le manque de lumière.

« Ce mec est complètement dégénéré ! »

Il me faisait peur. L'intimidation que je ressentais en sa présence, n'était plus que terreur. Mais c'était surtout l'incompréhensibilité de la situation qui me terrifiait.

Sa force était surprenante. Il n'avait aucune pitié et ne prêtait pas attention au fait qu'il me faisait mal.

— Qu'est-ce que tu fais !? Mais lâche-moi, espèce d'aliéné ! continuai-je, en tentant vainement de me débattre.

Son corps était si près du mien qu'il pouvait certainement sentir mon coeur battre contre son torse.

— Sorcière ! beugla-t-il.

Je continuai de me débattre, mais sa force était surhumaine.

— Je sais ce que tu es ! ajouta-t-il.

Quelque chose ne tournait pas rond chez ce garçon. C'était à présent clair. J'essayais tout de même en vain de me défaire de ses sales pattes, mais je ne pouvais rien contre son grand gabarit.

— Mais qu'est-ce que tu racontes ! T'es complètement détraq...

Une sensation chaude qui vint effleurer mon cou me coupa. À présent, son visage n'était plus en face du mien. C'était sa respiration qui était à l'origine de la chaleur qui l'envahissait. Suite à ça, je poussais un hoquet de dégoût.

— À l'aide ! hurlai-je.

De la seule main libre qu'il me restait, je parvins à attraper mon téléphone qui se trouvait dans la poche arrière de mon jean. Après quelques clics, j'entendis un son répétitif signe que j'avais réussi à appeler quelqu'un. Mais qui, je n'en avais aucune idée.

D'un coup, je fus projetée à terre. La chute avait laissé mon téléphone s'échapper de mes mains tremblantes. Il était debout, devant moi, tandis que je me trouvais à ses pieds, accroupie contre le sol humide de la rue plongée dans les ténèbres. Il me regardait de haut, d'un air méprisant.

« Je le déteste » pensai-je si fort.

C'est alors qu'un sentiment de honte m'envahit, venant ralentir les battements intenses de mon cœur.

« Je vais rester à ses pieds comme une pauvre fille ? »

Après avoir pris une grande inspiration, je me relevai d'un pas maladroit afin de faire face à l'abominable garçon qui se tenait devant moi. À ce moment-là, c'était moi qui envahissais son espace vital.

— Écoute-moi bien espèce de... De crétin ! Je ne sais pas qui tu es, ni ce que tu veux, mais je n'ai pas peur de toi.

C'était un mensonge. Ce garçon me terrifiait. Je ne savais pas ce qu'il me voulait, mais ce que je savais, c'est qu'il était dangereux.

En un instant, le silence fut brisé par la sonnerie de mon téléphone que je reconnus. Il se trouvait à quelques mètres de nous, au sol. Mais je ne tournai pas la tête vers celui-ci, contrairement à Liam.

Je l'entendis prendre une grande inspiration. Il me fixa, puis...

« Impossible »

Je clignai des yeux plusieurs fois et secouai la tête à toute allure, effrayée, en espérant que ce n'était qu'un mauvais rêve ou bien une hallucination. Mais, non.

Liam avait disparu. Sous mes yeux. J'avais vu son corps se dissiper dans l'obscurité, comme si cette dernière l'avait aspiré.

« Non je... J'ai rêvé ! »

La douleur de mon poignet me fit comprendre que non. Mon téléphone sonnait toujours et c'est d'un pas rapide que j'allai le récupérer pour répondre à Alex.

— ALLO ! cria-t-elle au téléphone. Qu'est-ce qu'il se passe ? Emy, tu nous fais peur ! Dis quelque chose !

Mais j'étais incapable de prononcer ne serait-ce qu'un mot. Rien ne sortait. Je laissais tomber le bras qui tenait mon téléphone le long de mon corps.

— Allo ? ALLO ! insista-t-elle.

Le regard vide et la voix enrouée, je balbutiai :

—  Ce garçon n'est pas comme les autres.

BITING REVELATIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant