BITING REVELATION

𝟑𝟏

***

— Merde !

Bien évidemment, je m'entêtais à essayer de me rendre un minimum jolie avant mon retour au lycée, mais je suis toujours aussi nulle pour me faire ce foutu trait d'eye-liner censé être one fleek. Je contemplais mon pâle visage, que j'avais tant bien que mal essayé de bronzer, devant le miroir de la salle de bain. Le trait d'eye-liner que j'avais raté pour la 6e fois était cette fois beaucoup trop long.

On a dit un cat eyes, Emy. Pas une piste d'atterrissage.

Je pris pour la énième fois un coton, mais je constatai avec agacement qu'il ne restait qu'un fond de démaquillant.

— Fais chier ! rouspétai-je.

Je vidai le fond de démaquillant sur mon coton, mais avant de le frotter contre mon œil quelqu'un ouvrit la porte de la salle de bain. Il s'agissait de Valérie, en pyjama, qui avait les cheveux en bataille. Elle se frotta les yeux et bailla pendant un instant avant de river son regard fatigué dans le mien.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? me demanda-t-elle.

Je tournai mon visage afin qu'elle puisse constater les dégâts, et elle se mit à pouffer de rire.

— Sérieux ? se moqua-t-elle. Donne-moi ça.

Elle prit le coton de démaquillant que j'avais dans la main puis s'empara de mon menton pour diriger mon visage vers le sien. Elle était beaucoup plus grande que moi ce qui m'obligeait à lever la tête, puis elle passa délicatement le coton sur mon œil afin d'effacer la catastrophe.

— Combien de fois tu as recommencé ? me demanda-t-elle en constatant les nombreux dépôts de feutre sur mon visage.

— Euh... Six ? Sept ?

Un sourire dessina ses lèvres et elle rit discrètement.

— Laisse-moi faire, dit-elle en s'emparant de l'eye-liner. Je suis une pro. Ferme l'œil.

Je m'exécutai et il ne me restait plus qu'un œil d'ouvert. Je contemplais de celui-ci le visage de Valérie qui avait le regard concentré sur son trait. Son teint qui était habituellement rosé était maintenant pâle et de légers cernes prenaient place en dessous de ses yeux noisette. C'était la première fois que je voyais Valérie de si près et, en plus de ça, démaquillée, elle qui avait l'habitude de venir au lycée sur son 31. Je me rappelai d'ailleurs de ses parfaits traits d'eye-liner qu'elle avait l'habitude d'avoir, d'où son expérience.

Elle retira le feutre afin de s'attaquer au deuxième œil qu'elle m'ordonna également de fermer.

— Comment va Kate ? me demanda-t-elle d'un air triste.

Gênée par cette question, je ne sus quoi répondre étant donné qu'elle était loin d'être une personne dont je voulais me soucier.

— Je sais que tu la détestes... Enfin, que vous vous détestez. Tu dois d'ailleurs me détester aussi... Enfin... Je... Bref. Avec la mort d'Eva, puis ma disparition... Je m'inquiète pour elle, tu comprends ?

En effet, je comprenais. Il m'était d'ailleurs arrivé de m'inquiéter pour son état, bien que cela ne l'empêchait pas d'être horrible envers moi.

— Je pense qu'elle essaie de s'en sortir, constatai-je. Cameron s'occupe bien d'elle.

— Je n'en doute pas, sourit-elle. Tu sais que Cameron a le béguin pour toi depuis la 6e ?

Mes yeux s'écarquillèrent face à cette révélation, moi qui pensais qu'il n'avait remarqué mon existence que depuis cette colle.