𝟏𝟕

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Cela faisait près de quinze minutes que nous roulions. Nous étions dans la voiture de Stan, la musique à fond, comme lors de nos nombreux trajets à bord de sa berline. Stan roulait à toute vitesse pendant que nous nous remuions comme à notre habitude sur « Smells Like Teen Spirit » de Nirvana. Nous étions en route pour Possilpark. Le pauvre quartier de Glasgow, dans lequel nous avions vécu, ma mère et moi.

Stan baissa la musique.

— Ça y est ! On y est !

Il se gara dans la rue de l'ancien immeuble où jadis, je résidais. Nous sortîmes de la voiture. La rue était déserte, les vieux bâtiments qui la longeaient étaient d'une couleur rouille endommagée par les nombreuses averses. Je pouvais remarquer la poussière qui encombrait certaines fenêtres composant ces édifices dépenaillés. Je reconnaissais le moindre détail de cette rue dans laquelle j'avais grandi.

Les rues étaient désertes et sans vie. Pas un bruit, le silence régnait faisant place à une ambiance morne qui donnait l'impression que personne n'habitait ce quartiers défavorisé. Malgré le temps ensoleillé, j'avais la chair de poule.

Après avoir pénétré dans le vieil immeuble que j'avais habité, nous montâmes les marches grinçantes en quête du cinquième étage. Je reconnaissais parfaitement l'odeur âcre que dégageaient ces escaliers.

Une fois devant la porte de l'appartement qui occupait le cinquième étage, un sentiment nostalgique vint m'envahir. À un tel point qu'il me fut impossible de parvenir à insérer la clé dans la serrure sans tressaillir. C'est alors que Stan intervint. À la vue de ma réaction, il me prit la clé afin d'ouvrir par lui-même la vieille porte de bois grinçante.

Aucun de nous n'entra.

Stan mit alors une main sur mon épaule avant de poser sur moi un regard compatissant.

— Tu es sûre que ça va aller ? Ça fait...

— Dix ans, continuai-je.

Je ne savais pas réellement si je voulais entrer dans cette demeure. À vrai dire, je n'arrivais pas à bouger un orteil. J'étais paralysée sur le pas de la porte, sans savoir si je devais le franchir, et laisser ressurgir tant de souvenirs. La porte était ouverte devant mes yeux, et Stan n'attendait que mon approbation.

Mais il le fallait, il me fallait des réponses. Je ne pouvais pas encore une fois tout ignorer. Je ne savais en réalité rien de ma propre existence. De ce qu'était ma mère ainsi que ce qui lui était arrivé.

Je me redressai avant de prendre une grande inspiration. Le menton relevé, le regard empli de détermination, je pénétrai sans hésiter dans le vieil appartement. Ce qui arracha un sourire fier à Stan. Il m'emboîta le pas et ferma la porte derrière lui.

Je me trouvais à présent dans le salon. Soudainement, je fus prise de sanglots à la vue qui m'entourait. C'est alors que Stan me prit dans ses bras.

Après la mort de ma mère, mon oncle avait décidé de racheter sa demeure et de la laisser dans son état. Il ne voulait rien changer. Mais c'était bien trop dur à supporter. Tout était exactement comme à l'époque où j'y vivais. Mis à part la poussière qui recouvrait chacun des meubles de l'environnement. Tout y était. Le vieux canapé de cuir blanc endommagé par la poussière et l'humidité. La petite et vieille télévision qui ne convenait qu'à nos moyens. La table de bois abîmée qui nous servait à manger, malgré sa mauvaise qualité et la façon dont elle ne cessait de basculer. La cuisine n'était pas très grande, et l'appartement ne contenait qu'une seule petite chambre que ma mère m'avait laissée occuper. Ce qui l'obligeait à coucher sur le canapé inconfortable du vieux salon.

Je sanglotais toujours, dans les bras de Stan. Beaucoup de souvenirs ne cessaient de me revenir en tête, ils étaient tous aussi douloureux les uns que les autres. Mon ami me prit alors la tête entre ses mains, ce geste que je ne connaissais que trop bien.

BITING REVELATIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant