« — À la suite de la guerre du Golfe et de la disparition de l'URSS, les États-Unis entendent instaurer un « nouvel ordre mondial » fondé sur la coopération et le respect du... »L'Histoire ? Honnêtement, le genre de cours pendant lequel la seule chose qui pouvait m'intéresser, c'était de deviner à quoi pouvaient bien rêver le tiers d'élèves affalés sur leur table. En trois mots ? « Ennuyeux-à-mourir ».
J'exagère ? Non, on n'exagère pas quand on a un prof barbant avec une calvitie à trente ans plus marquée que celle d'un homme de soixante-dix ans. M. Petersonn était le genre de prof qui faisait son cours pour faire son cours. Le genre de prof qui le faisait pour pouvoir s'échapper aussi vite que ses élèves de treizième année* quand la fin de l'heure sonnait. Le genre de prof qui faisait son cours pour l'oseille quoi. Bref, je pense que vous m'avez comprise.
Il nous restait encore trente minutes d'Histoire. M. Petersonn, lui, jetait un oeil à sa montre toutes les minutes depuis le début, comme si elles allaient miraculeusement se transformer en heures.
Vous vous demandez sûrement comment je pouvais bien passer le temps ? Je n'allais tout de même pas écouter un mot de son cours. Il faudrait déjà que je puisse en comprendre un seul... Eh bien, c'est là que je vous présente Stanislas, de préférence, Stan. Non, sérieusement, ne vous avisez jamais de l'appeler de cette manière. C'était bien lui, à côté de moi, non pas le binoclard qui suivait le cours, de l'autre côté.
— Stannn, chuchotai-je.
Il marmonna des mots imperceptibles. Somnolant, la tête dans les bras et complètement avachi sur la table. Son imposante carrure venait prendre place sur l'entièreté de son espace libre. Tellement, que la moitié de ses affaires avaient fini au sol. Ma première tentative de le réveiller n'avait pas fonctionné.
Une véritable marmotte
Je décidai donc de lui lancer mon stylo sur la tête.
— Réveille-toi du-con. Et, euh, essuie le coin de ta bouche, dis-je sur un ton dégoûté.
À ma grande surprise, il se réveilla en sursaut.
— L'URSS et les... marmonnait-il. Euh... Quoi ?!
Son intervention, qui était perceptible depuis l'autre bout de la classe, ne manqua pas d'interpeller le prof qui se retourna, afin d'affronter Stan du regard.
— Oui, Monsieur Las ? On se réveille de la sieste ?
Ah oui ! Monsieur Las, vous avez bien entendu, Stanislas Las ; prénom, nom, exact. Seules les personnes qui avaient rencontré ses dégénérés de parents pouvaient comprendre pourquoi cette humiliation.
C'était le genre de bourges avec un vocabulaire du XIXe siècle, ouais le genre qui logeait dans un manoir aussi grand que le lycée avec une fortune aussi grande que leur orgueil. Enfin, Dieu merci, Stan n'avait pas hérité de ce dernier point.
– Euh, je... Je ne dormais pas, Monsi... bredouilla-t-il avant de se redresser. J'ai cru entendre que vous m'aviez interrogé, Monsieur.
M. Petersonn retourna à son occupation, désespéré de l'attitude de Stan, tout en le regardant du coin de l'œil. Ce regard si prévisible de sa part et auquel il avait recours en pensant donner un coup de pression à l'élève à qui il l'adressait. Mais ça ne rendait la situation que plus malaisante. Je ris discrètement, ce que Stan remarqua.
– Va te faire écraser, grommela-t-il.
– Charmant. Tu baves, essuie le coin de ta bouche, lui dis-je en visant le coin de la mienne.
VOUS LISEZ
BITING REVELATION
Paranormal« À présent, tu m'appartiens, que tu le veuilles ou non. Si tu meurs, je meurs et si je meurs, tu meurs. » Voici à quoi se résumait sa vie. Elle était vouée à la finir près de lui. Enfin, seulement si une fin était envisageable... En effet, il n'a...